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Roma/Napoli, le Sud au pouvoir
Ce soir, la Roma et le Napoli s’affrontent au Stadio Olimpico, en match avancé de la huitième journée de Serie A. C’est simple : c’est le leader invaincu qui reçoit son dauphin, tout aussi invaincu. Oui, on peut appeler ça un « big match ».
Ils auraient été bien peu à parier, lors du tirage au sort du calendrier de Serie A, que ce Roma-Napoli de la huitième journée allait valoir le trône d’Italie. Le Napoli, d’accord, on s’y attendait un peu. Mais la Roma… Et pourtant, c’est bien l’équipe de Rudi Garcia qui fait la course en tête, avec un parcours ahurissant : sept matchs, sept victoires, 20 buts marqués, un seul encaissé. Un sans faute, un perfect. La dernière victoire en date, un retentissant 3-0 claqué à San Siro face à l’Inter, a fait comprendre à tous que cette Roma-là n’était pas seulement un effet de mode. Totti et ses potes sont déterminés, semblent avoir trouvé une ligne directrice où tout le monde va dans la même direction et, comme souvent quand ce genre de situation fonctionne, tout va dans le bon sens pour eux. C’est donc en leader que la Roma va recevoir le Napoli, ce soir. Un Napoli qui n’est pas loin du sans faute non plus. Le bilan affiché est de six victoires et un nul, concédé à domicile contre Sassuolo, le dernier du classement. Un petit faux pas, rapidement corrigé après la gueulante passée par Benítez. Benítez contre Rudi Garcia : un choc inédit entre deux entraîneurs étrangers, qui se paient le luxe de dominer l’Italie.
Fantaisie, spectacle et maturité
Déjà, une précision. Ce match aurait dû avoir lieu demain, samedi. Oui, mais ce week-end, dans la capitale italienne, est organisée une grande manifestation. Le préfet de la ville a donc jugé « incompatible » cet événement et le match entre Romains et Napolitains. Le président partenopeo, Aurelio De Laurentiis, avait proposé de jouer le match à minuit, ou bien d’inverser le terrain, et donc de jouer à Naples. Ni l’une ni l’autre de ces propositions n’a convaincu, et la Lega Calcio a finalement opté pour un match le vendredi soir. Peu importe : vendredi ou samedi, le stade devrait faire le plein. Il faut dire qu’un Roma-Napoli avec les deux équipes en tête du classement, on n’avait pas vu ça depuis les années 80, et les épopées de Maradona, Falcao, Careca et Pruzzo. Cette fois-ci, nous sommes en 2013, et les protagonistes se nomment Totti, Higuaín, De Rossi et Hamšík. Pas dégueu non plus.
Qu’attendre, donc, de ce big matchdu Stadio olimpico ? Beaucoup de choses. Déjà, ce sont les deux équipes qui ont le plus enthousiasmé les foules qui s’affrontent ce soir. La Juve est actuellement à égalité avec le Napoli, mais les prestations des Bianconeri ont été bien moins convaincantes que celles des Partenopei. Le Napoli de Benítez est une bien belle attraction, une véritable version 2.0 du Naples de Mazzarri. L’équipe a gardé cette gnaque et cette rage de vaincre vue pendant trois ans avec l’actuel coach de l’Inter, mais a gagné en fantaisie, en spectacle et en maturité avec l’arrivée du technicien espagnol. Le départ de Cavani, joueur clef de l’effectif de Mazzarri, a permis à des joueurs comme Higuaín, Callejón ou Mertens de débarquer en Italie. Et avec eux, le San Paolo se régale. Cette année, vraiment, Naples semble armé pour aller disputer le titre à la Juve, et cette conviction se ressent dans les propos des principaux intéressés, tous bien conscients de leur potentiel. « Si nous gagnons contre la Roma, nous démontrerons notre force, mais nous serons encore loin d’avoir gagné le Scudetto. En revanche, si nous ne réalisons pas une bonne performance, nous continuerons à travailler. Dans tous les cas, la Roma et le Napoli en haut du classement est un bien pour le football italien » , a assuré un Rafa sûr de lui.
Et Rudi, sûr de lui aussi ? Oui, et il y a de quoi, vu ce que réalise son équipe depuis le début de la saison. « Nous jouons toujours pour gagner, peu importe l’adversaire. Mon idée fixe, c’est la victoire. Continuer notre belle série serait important, et nous donnerait surtout un moral d’acier pour la suite » , a-t-il assuré. Moral d’acier contre moral d’acier. De quoi battre le fer tant qu’il est chaud.
« Il y a des champions partout »
Surtout, Rudi Garcia, depuis qu’il est arrivé à Rome, semble avoir trouvé la bonne recette. Il fallait reconstruire après deux saisons d’errance, et l’ancien technicien du LOSC a immédiatement trouvé la méthode adéquate, en créant une union autour des joueurs, et en les faisant se sentir importants. C’est ainsi que sa Roma a gagné le premier derby romain de la saison, puis a enchaîné avec ce 3-0 sur la pelouse d’une Inter jusque-là invaincue. Son équipe tourne à plein régime, avec un Totti monstrueux (à tel point que Prandelli se demande s’il ne va pas falloir le ramener au Brésil), un Gervinho régénéré et décisif, un Florenzi en pleine maturité, un Strootman qui s’est adapté en deux temps trois mouvements au championnat d’Italie, un De Rossi enfin redevenu De Rossi et un Benatia géant en défense. Même Balzaretti, très décevant depuis son arrivée à Rome, a repris du poil (de moustache) de la bête. C’est d’ailleurs la seule ombre au tableau de Rudi Garcia : exclu bêtement en fin de match contre l’Inter, Balzaretti sera suspendu ce soir. Il devrait être remplacé par Torosodis. Pour le reste, il pourra compter sur son équipe type, avec le fameux trio sans avant-centre Florenzi-Totti-Gervinho en attaque, dix buts à eux trois depuis le début de la saison.
De quoi faire trembler l’arrière-garde napolitaine, qui n’a pas toujours affiché une grande sérénité cette saison. Certes, c’est un peu dur de dire cela lorsque l’on parle de la deuxième meilleure défense de Serie A (derrière la Roma), qui n’a encaissé que quatre pions en sept journées. Mais Benítez, lui-même, en est conscient : sa charnière centrale Albiol-Britos, ou Albiol-Cannavaro, n’est pas une assurance tout risque. On l’avait vu face au Chievo (deux buts de Paloschi qui s’était promené dans la défense), un peu face à Sassuolo (le but de Zaza, notamment) et beaucoup face à Arsenal, avec ce début de match où l’arrière-garde avait pris l’eau. Ce soir, donc, vigilance maximale pour contenir les assauts romains. Benítez pourra compter sur le retour de Maggio, mais ne sait pas encore si Albiol et Higuaín seront disponibles. Pas franchement de quoi rassurer l’entraîneur adverse : « Naples a été construit pour le Scudetto et pour lutter en Ligue des champions. Ils ont quasiment deux équipes de très haut niveau. Si Higuaín n’est pas là, il y a Pandev. Si Insigne ne joue pas, c’est Mertens. Il y a des champions partout. Le but, c’est de ne pas regarder le blason de l’adversaire, mais plutôt nous concentrer sur notre jeu. » Le jeu, le blason, les champions : tout cela sera ce soir sur la pelouse du Stadio olimpico. Devant des tifosi qui attendaient un tel rendez-vous depuis bien longtemps. Et sous les yeux, peut-être, d’un certain Diego Maradona. Un invité à la hauteur de l’événement.
Par Eric Maggiori