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Roma-Juventus, comme on se retrouve…
Un peu plus de deux semaines après la confrontation directe en championnat, la Roma et la Juventus se retrouvent en quarts de finale de la Coupe d’Italie. Devant leur public, les Romains auront à cœur de venger le violent 3-0 encaissé au Juventus Stadium.
Les duels à distance, c’est bien. Les duels directs sur un rectangle vert, c’est mieux. Depuis le début de la saison, la Roma et la Juventus se livrent à une lutte sans merci et se rendent coup pour coup. Quand l’une gagne 4-0, l’autre répond avec un 4-1. Quand l’une gagne 3-0, l’autre répond avec un 4-2. Et puis, à un moment donné, les deux équipes se sont retrouvées face à face. Là, il n’y a pas eu photo. La Juventus a imposé sa loi, Conte a donné une leçon tactique à Rudi Garcia, et le champion d’Italie s’est largement imposé, 3-0. Alors qu’à la mi-octobre, la Roma comptait cinq points de plus que la Juve, aujourd’hui, ce sont les Bianconeri qui caracolent en tête avec huit longueurs d’avance. Au fond d’eux, les Giallorossi n’ont pas encore abandonné l’idée d’aller disputer le titre (même si, concrètement, ce sera compliqué), ils savent qu’ils ont aujourd’hui l’occasion de prendre leur revanche. De fait, ce soir, le stadio Olimpico accueillera le quart de finale de Coupe d’Italie entre les deux leaders du championnat. Un match à élimination directe, devant plus de 50 000 tifosi qui n’attendent qu’une seule chose : que leur équipe envoie bouler la Juve, et prouve ainsi que le 3-0 du Juventus Stadium n’était qu’une erreur de parcours.
Meilleure moyenne en Europe
Ironie du sort, la saison dernière, le parcours des deux équipes en Coupe d’Italie s’est justement arrêté au stadio Olimpico. La Juventus a été éliminée en demi-finale par la Lazio, au terme d’un match retour fou, remporté 2-1 par les Biancocelesti grâce à un but de Floccari à la 93e minute (alors que Vidal avait égalisé à la 91e). La Roma, pour sa part, avait atteint la finale, mais s’est inclinée dans ce même stadio Olimpico face à la Lazio, lors de ce désormais célèbre 26 mai 2013. Une date importante, puisqu’elle marque, quelque part, le point de départ de la Roma de Rudi Garcia. Ce jour-là, les potes de Francesco Totti touchent le fond au terme de deux saisons très décevantes. C’est le début de la reconstruction. Pendant plusieurs mois, les joueurs encaissent les critiques de tifosi furieux. « On a vraiment mangé de la merde pendant trois mois » , avouera même Federico Balzaretti, fin septembre, après avoir remporté le premier derby romain de la saison.
Le grand artisan de ce renouveau, c’est évidemment Rudi Garcia. Le coach a su redonner de la confiance à une équipe qui n’en avait plus. La Roma a ainsi enchaîné dix victoires consécutives lors des dix premières journées de championnat, un exploit jamais réalisé dans l’histoire du football italien. Aujourd’hui, le bilan de la Roma, malgré un léger ralentissement entre novembre et décembre, demeure exceptionnel : 47 points en 20 journées, soit une moyenne de 2,35 points par match. Avec une telle moyenne, la Roma serait leader en Angleterre (Arsenal vante une moyenne de 2,31 points par match) et co-leader en France (le PSG tourne aussi à 2,35). Oui, mais. Car il y a un mais. La Roma n’a vraiment pas de bol. Entre 2005 et 2010, elle aurait pu remporter au mois deux ou trois Scudetti avec Spalletti et Ranieri sur le banc. Manque de pot, il y avait l’Inter, qui faisait toujours un peu mieux, et qui a empêché la Louve d’aller décrocher un titre de champion qui manque désormais depuis 2001. Cette année, même rengaine. La Juventus est inarrêtable, avec ses 55 points glanés en 20 journées (2,75 points par match !) et ses douze victoires consécutives en Serie A, série en cours. C’est simple : aucune autre équipe en Europe ne vante une meilleure moyenne de points. Impressionnant.
Chef-d’œuvre tactique
Il est donc temps d’en découdre à nouveau. Le 5 janvier dernier, les deux équipes se sont affrontées au Juventus Stadium. La Roma y arrivait avec cinq points de retard et de grandes ambitions. Pendant un bon quart d’heure en début de match, elle a donné l’impression de dominer son adversaire. Sauf que l’on s’est vite rendu compte qu’en réalité, il s’agissait d’une stratégie de Conte. Le coach turinois a laissé jouer la Louve, pour mieux l’endormir et la frapper. Un vrai jeu du chat et de la souris qui a permis à la Vieille Dame de mener 1-0 à la pause. En deuxième mi-temps, changement de stratégie. Conte surprend à nouveau son adversaire en lui mettant un énorme pressing d’entrée de jeu. Cela paye : la Roma perd pied, encaisse un deuxième, puis un troisième but et termine même à neuf suite aux expulsions de De Rossi et Castán. Le lendemain, la presse italienne loue le « chef-d’œuvre tactique de Conte » . Rudi Garcia a eu deux semaines pour y réfléchir. Le destin lui offre une revanche immédiate, qui plus est au stadio Olimpico, où la Roma est invaincue cette saison.
Et autant dire que la Coupe d’Italie est une compétition qui tient à cœur aux deux formations. De fait, elles sont toutes deux à la recherche de leur dixième titre. La Juve est bloquée à neuf depuis la saison 1994-95 (un vrai tabou), tandis que la Roma a remporté sa neuvième Coupe d’Italie en 2008, et pensait bien s’offrir son « étoile d’argent » (les Romains ont décrété qu’ils mettraient une étoile d’argent sur leur maillot une fois la dixième coupe remportée) en battant la Lazio en mai dernier. L’histoire en a voulu autrement, et la Roma se trouve encore à courir après son étoile. Pour aller la décrocher, il faudra donc passer sur le corps de la Juve qui, elle aussi, a à cœur de briller dans une compétition qui la fuit littéralement depuis 1995 (trois finales perdues depuis : en 2002 contre Parme, en 2004 contre la Lazio et en 2012 contre Naples). Tiens, d’ailleurs, les deux dernières finales, celles de 2004 et 2012, ont un point commun. Elles ont toutes les deux été perdues au stadio Olimpico de Rome. Et si les tifosi giallorossi y voyaient là un signe ?
Par Eric Maggiori