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Roma, année zéro
Après quatre saisons de Luciano Spalletti, la Roma reconstruit une nouvelle équipe sur des nouvelles bases. Au cœur de ce projet, un homme, Claudio Ranieri, chamboule les habitudes. Et obtient déjà des résultats.
Quand Luciano Spalletti a démissionné le 30 août après deux défaites, on a d’abord été un peu triste. L’homme semblait avoir fait ses preuves, n’avait de cesse de clamer son amour pour la Roma, et surtout, avait un projet un peu dingue : jouer en 4-2-4, allier fougue et panache, pratiquer un football champagne 2.0. On tutoyait là l’idéal, où la folie. Tout est ensuite allé très vite : deux défaites, donc, une contre le Genoa, l’autre contre la Juventus à domicile, la séparation par consentement mutuel et la désagréable impression d’être passé à côté d’un truc aussi rare que précieux.
Puis, lorsque Claudio Ranieri a été appelé pour le remplacer dès le 2 septembre 2009, on a d’abord été un peu déçu. À peine a-t-il vu un micro se tendre sous son nez qu’il a mis les points sur les i : « Avec moi, vous pouvez oublier le beau jeu » . Le message était clair, la Roma allait effacer d’un coup d’un seul quatre saisons un peu folles durant lesquelles elle avait fait le spectacle parfois au détriment de l’efficacité. Ranieri partait donc à la recherche du réalisme perdu. Certes, l’homme a un petit bagage, et de l’expérience (il a, entre autres, fait des miracles à Florence, glané quelques coupes avec Valence, tutoyé les sommets avec Chelsea). Ardue semblait néanmoins la tâche pour un homme qui apparaît comme l’anti-Spalletti.
Son premier constat est simple : « Les gars ont envie de tourner la page » . Alors Ranieri va faire table rase du passé et recommencer de zéro, ou presque. Contrairement à son prédécesseur, Ranieri ne sourit pas, n’hésite pas à engueuler ses protégés qui prennent le melon, et diminue les séances physiques interminables de l’ami Luciano lors des entraînements au profit des exercices avec ballon.
Les débuts sont délicats : quelques victoires, beaucoup de matchs nuls, une ou deux claques et une 14ème place à la douzième journée. Après ? Après c’est bien simple : on a vu des choses dont on pensait qu’elles n’arriveraient jamais plus. Comme un symbole de cette renaissance, Francesco Totti a marqué des buts, et des beaux, n’a pas rechigné à claquer de temps à autre un triplé, a de nouveau sucé son pouce en regardant les supporters, la Roma a retrouvé de l’équilibre entre les lignes et de l’agressivité sur le terrain, est allée taper chez elle la Juventus qui avait viré Claudio la saison dernière, occupe une troisième place aujourd’hui, à deux points du deuxième et vient de se qualifier pour les demi-finales de la Coupe d’Italie.
L’histoire est belle et, à bien y repenser, apparaît on ne peut plus évidente. Ranieri le Romain, originaire du populaire quartier du Testaccio, le long du Tibre, en face du Trastevere, formé à la Roma en 1973 et qui y revient près de quarante ans plus tard en sauveur. Simple comme bonjour. Et puisqu’un entraîneur, ce sont encore ses joueurs qui en parlent le mieux, allez demander à Francesco Totti ce qu’il pense de l’homme : « Ranieri ? C’est un grand technicien, un homme qui se fait comprendre dans le vestiaire. Il est charismatique, il a les idées claires. Et nous parlons la même langue, le romain. En cela, il me rappelle Mazzone. Un Mazzone techniquement plus évolué, moderne » .
Claudio, lui, n’a que faire des compliments. Bon, il a tout de même savouré sa victoire à Turin et en a profité pour ne pas serrer la main de Ferrara qui l’avait remplacé. Mais dans l’ombre de Trigoria, le centre d’entraînement de la vieille Louve, Claudio Ranieri prépare déjà sa prochaine rencontre contre Sienne. Il est d’accord avec son capitaine lorsque celui-ci affirme que « cette Roma ressemble à celle qui avait remporté le Scudetto » , invite néanmoins ses troupes à garder les pieds sur terre et a déjà averti : « Nous sommes encore en course pour la Coupe d’Italie et sur tous les terrains, ma Roma va continuer à courir, courir encore et encore » .
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