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Rolland Courbis, putscheur professionnel
Arrivé le 21 février dernier pour aider Fabien Mercadal à sauver Caen de la relégation, Rolland Courbis s'est auto-proclamé entraîneur en chef ce vendredi en conférence de presse. Avant d'être remis à sa place par les dirigeants du club normand. Un bordel qui n'aide pas vraiment la lanterne rouge de Ligue 1 dans sa mission commando, qui débute par un déplacement dangereux à Monaco.
La science semblait avoir démontré que le stress n’était pas à l’origine des cheveux blancs, comme on a coutume de le dire en France. Pourtant, en voyant débarquer Fabien Mercadal en conférence de presse d’avant-match contre Monaco, les journalistes n’ont pas reconnu l’entraîneur du Stade Malherbe de Caen. En quinze jours de trêve internationale, ce dernier a visiblement perdu sa touffe noire au profit de quelques cheveux gris sur le caillou et a même rétréci de quelques centimètres.
Un petit coup de lingette sur les lunettes plus tard, et les journalistes se rendent alors compte qu’il ne s’agit pas de Fabien Mercadal. Devant eux, Rolland Courbis, qui explique sa présence : « On s’était mis d’accord avec Fabien sur le fait que je puisse venir devant la presse à la suite de la trêve internationale. » Première nouvelle. Présent en Normandie pour aider l’ancien entraîneur du Paris FC à sauver le club, Rolland Courbis confesse que les rôles ont changé durant la trêve : « À la question« Qui décide entre Fabien et moi ? », jusqu’à la trêve, c’étaient tous les deux. Huit fois sur dix, on était d’accord. Et si on a un désaccord sur un cas, il faut qu’il y en ait un qui décide. Et celui qui décide, c’est moi jusqu’à la 38e journée. Si jusqu’à aujourd’hui, j’avais 90% des responsabilités, là, j’en ai 100%. » Ça a le mérite d’être clair.
Joue-la comme Rolland
Visiblement pas au courant de ce changement de rôle en interne, le Stade Malherbe de Caen s’est permis de rectifier les propos de Rolland Courbis dans un communiqué balancé quelques heures après la conférence de presse de l’ancien coach de Montpellier. Un communiqué dans lequel le club normand rappelle que « Fabien Mercadal est l’entraîneur numéro un de l’équipe professionnelle » et que « la position de Rolland Courbis est similaire à celle confiée à son arrivée mi-février : assister et aider Fabien Mercadal.(…)Fabien Mercadal et Rolland Courbis forment un duo et prendront les décisions ensemble jusqu’à la fin de saison comme ça a été le cas depuis un mois et demi. » De son côté, l’ancien entraîneur de l’AC Ajaccio a profité d’un passage sur RMC pour tenter un rétropédalage : « On prend toutes les décisions en accord avec le staff, et ils me font gagner beaucoup de temps dans ma mission. C’était une erreur de ma part de vouloir donner des précisions, alors que j’ai les mêmes fonctions que depuis mon arrivée. »
Des propos qui ont du mal à convaincre, tant les supporters de Caen attendaient depuis le 21 février 2019 et l’arrivée de Rolland Courbis le jour où il allait prendre la place de Fabien Mercadal. Comme si cette situation paraissait inévitable. D’autant plus depuis la trêve internationale, et l’annonce du natif de Marseille qu’il allait réduire ses activités de consultant sur RMC. Il faut dire que Coach Courbis n’en est pas à son coup d’essai, puisque son dernier passage sur un banc de Ligue 1, au Stade rennais en 2016, était déjà le fruit d’une situation similaire. Nommé conseiller du président René Ruello, Rolland Courbis avait finalement pris la place de Philippe Montanier huit jours plus tard. Pourtant, l’entraîneur de 65 ans avait affirmé sur RMC au moment de sa nomination à Caen que la situation était totalement différente : « Des personnes font des comparaisons avec ce qui s’est passé à Rennes avec Philippe Montanier. À Rennes, Montanier n’a jamais accepté que je puisse venir l’aider. Quand je suis allé à Rennes, j’y suis allé comme conseiller du président, et je devais remplacer Montanier en fin de saison. » La finalité reste pourtant identique.
L’effet Rolland Courbis se fait encore attendre
À Caen, Fabien Mercadal s’était, lui, montré plutôt heureux de voir débarquer Rolland Courbis même s’il n’a pas vraiment eu le choix. Du moins, c’était sa position officielle devant les caméras : « L’expérience en Ligue 1, ça ne s’achète pas ! Je suis un jeune entraîneur qui respecte l’expérience. Je pense que Rolland Courbis a plusieurs cordes à son arc. Je suis personnellement très heureux qu’il soit là, ça peut être une force supplémentaire. » Résultat, depuis le 21 février, pas une décision de Fabien Mercadal n’est prise sans le consentement de l’ancien coach de Montpellier présent dans son dos. Tel un examinateur qui surveille si son élève fait les bons choix, avant de lui glisser à l’oreille la solution. Une situation un peu cocasse, qui ne fonctionne visiblement pas : depuis l’arrivée de Rolland Courbis, Caen reste sur un match nul et quatre défaites (dont une en Coupe de France face à Lyon, et un violent 5-0 face à Saint-Étienne à domicile).
Pire, le Stade Malherbe de Caen est passé de la 19e place à deux points du 17e avec quatre points d’avance sur Guingamp à la dernière place avec neuf points de retard sur le 17e. La faute aux choix de Rolland Courbis ? Peut-être. Ce n’est en tout cas pas l’avis du principal intéressé, qui a visiblement décidé de prendre les choses en main en s’installant calife à la place du calife. Une situation cruelle pour Fabien Mercadal, qui pourra au moins rejeter la faute sur Rolland Courbis en cas de relégation. Et ainsi s’éviter des soucis supplémentaires, et les cheveux blancs qui vont avec.
Par Steven Oliveira