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Rolland Courbis : « Dans le mot culture, il y a cul aussi »
Rolland Courbis connaît bien son Olympique Marseille. Joueur puis entraîneur, celui qui a presque mené l'OM au titre en 1999 a forcément son mot à dire sur la nouvelle saison des Olympiens. Mais pas que...
Vous avez pris des vacances cet été ?Non pas tellement car entre l’équipe de l’USM Alger que j’entraîne et mon boulot à RMC, j’ai plutôt eu la tête sous l’eau mais sans le masque et le tuba.
Quel est votre meilleur souvenir associé à l’OM ? Déjà en tant que joueur, l’OM c’est le club qui m’a permis de faire mon premier match en pro à 18 ans et demi. À cet âge-là c’est merveilleux, tu as l’impression de marcher sur l’eau . Le Vélodrome à 18 piges ce n’est pas rien quand même. Après il y a aussi eu la victoire 5 à 4 contre Montpellier quand j’étais entraîneur; on a déjà vu des équipes remonter des écarts de deux ou trois buts mais quatre jamais ! Cette saison là je me suis dit, c’est sûr on va être champions, c’est impossible autrement, c’est un signe. Bon, après je me suis trompé mais bon, sur le moment, c’était dingue quoi.
Votre pire souvenir ? Le point qui nous a manqué pour gagner le titre à la 38e journée en 1999. On avait déjà perdu la finale de la Coupe de l’UEFA en en prenant trois contre Parme. Mais là le titre qui nous échappe à la dernière minute, c’était vraiment dur. Surtout que le scénario du match PSG-Bordeaux, bon voilà, on va dire qu’il est pas tout clair quand même.
Qu’est-ce que vous pensez des matchs de préparation ?Je suis contre les matchs de préparation, je préfère arbitrer moi-même des matchs entre mes joueurs ; après, avec les sponsors et tout le bordel tu es obligé de les faire. Moi je préférais qu’on fasse des matchs de 3 fois 45 minutes , pouvoir faire rentrer et sortir les joueurs qu’on veut et ne jamais jouer les matchs à dix contre onze. Si tu as un mec expulsé, pouvoir faire rentrer un autre joueur, quoi. Si on me dit que les matchs de préparation c’est ça alors je suis pour. Moi les matchs de préparation j’appelle ça les matchs à blessure, ça n’a d’amical que le nom. En plus tu termines souvent les matchs en faisant rentrer des mecs qui sont loin d’être titulaires ou alors des jeunes. Donc tu prends deux buts dans les 30 dernières minutes et tu vois les commentaires le lendemain dans les journaux où on te tombe dessus alors que le match pendant une heure avec ton équipe type tu l’as gagné 2-1. Tous ces petits trucs là font que je n’ai jamais été fan des matchs de préparation.
Un stage commando comme à Valenciennes ça peut être utile?Ouais, pourquoi pas , je suis pour l’originalité .Mais bon, si VA prend un mauvais départ on va dire que c’est à cause du stage commando, qu’ils se sont pris pour des commandos Koh-Lanta donc bon … Et si ils prennent un bon départ on va dire qu’il faut faire un stage commando pour réussir. Quand j’entends qu’on prépare une équipe pour qu’elle soit en forme en septembre ou en octobre, j’ai l’impression qu’on entraîne un coureur de 5000m ou un cycliste. Putain ,non, on parle de 11 bonshommes qu’on additionne sur un terrain avec un ballon. Les résultats on peut les obtenir avec une équipe à 50 pour cent de ses capacités physiques.
Que pensez-vous du recrutement de l’OM entre Benjamin Mendy, Imbula , Khlifa et Payet ?Des recrues intéressantes car Payet après avoir été un peu irrégulier dans ses performances, je pense que c’est le moment pour lui d’aller à Marseille. Imbula, il a toutes les qualités pour s’imposer et devenir un joueur énorme. Khlifa de ce que j’ai vu de lui l’année dernière, c’est fort, il plante quand même 13 buts dont un du milieu de terrain-là . Le jeune Mendy, il arrive sur la pointe des pieds mais à un poste d’arrière latéral où il bénéficiera sans doute de temps de jeu. Le gros problème pour les recrues, c’est de savoir si les mecs vont s’imposer. Quand tu es joueur d’Évian-Thonon et que tu signes à Marseille, tu continues à être footballeur mais tu changes de métier. Le temps d’adaptation et de l’indulgence à Marseille ça dure 8 jours.
Quelle serait pour vous une saison réussie ?Confirmer la saison dernière ce qui ne sera pas évident. Paris sera nettement au-dessus mais Monaco je les mets dans le même sac que l’OM . Il faut pas oublier que y a eu 13 victoires 1 à 0 ou avec 1 but d’écart. On dit que c’est la culture de la gagne. Bon, moi je dis que y a des saisons où tu es plus en moins en réussite. La réussite, on l’a parfois une saison mais deux rarement.
Quels sont les joueurs que vous surveillerez avec le plus d’attention ?Les joueurs performants dans chaque ligne, Mandanda, N’Koulou, des garçons comme Valbuena et Gignac. Je dégage ces 4 là quand même.
Vous trouvez des similitudes dans la façon d’entraîner de Baup et la votre ?On a été au coude à coude tous les deux quand il entraînait Bordeaux et il disposait d’un quatuor offensif Benarbia-Micoud-Wiltord-Laslandes et moi j’avais Ravanelli-Pires-Dugarry-Maurice à Marseille avec Camara comme joker. On avait le même schéma de jeu et ils ont terminé un point devant nous. J’aimerais que toutes les équipes aient 500 millions de budget, c’est de la fiction et c’est con mais il y aurait quand même un dernier. Tu te rends compte un dernier avec 500 millions de budget ? C’est ça qui est fou avec le football. C’est ça la beauté du football.
Marseille, ville capitale de la culture ça vous inspire quoi ? De la culture de quoi ? De la gagne ? Hé, dans le mot culture il y a cul aussi. Non je ne dérape pas pornographiquement, je déconne hein. Que Marseille soit capitale de la culture en 2013, le numéro des Bouches du Rhône c’est génial aussi, c’est une très bonne chose. Je vois quand même que quand j’y vais, il y a beaucoup d’améliorations. Je pense par exemple au quartier de la Joliette, à de nombreux aménagements, à la place Thiars, au tramway…
Sinon C’est vrai que pour pouvoir jouer à l’Olympiakos vous avez inventé un arrière-grand père grec ?Oui, à l’époque il fallait être grec pour pouvoir jouer dans le championnat grec. Ce sont les gars du club qui voulaient me faire signer à tout prix ; ils m’ont conseillé de faire comme les Sud-Américains qui s’inventaient des ancêtres grecs. Je me suis dit, je suis pas plus con qu’un Sud-Américain, moi. D’ailleurs c’était rigolo car il y avait un milieu de terrain uruguayen qui s’appelait Vieira et qui avait le même arrière-grand-père que moi dans la même région. Du coup les mecs s’amusaient à se dire « Putain, ils se connaissent bien, ils ont joué au billes ensembles et ils draguaient les mêmes nanas ! Ils se trouvent les yeux fermés ! »
Emmanuel Aumonier