Bonjour Édouard, tu viens de battre Ivo Karlović au bout d’un match accroché (4/6, 7/6(1), 7/6 (5)), ça doit être réjouissant après une saison tronquée par les blessures ? (L’entretien s’est déroulé mardi après-midi, ndlr)
Oui, c’est sûr, ça fait plaisir ! C’est une bonne surprise, étant donné que je n’ai pas fait une bonne saison en simple. Comme je suis redescendu très bas au classement (35e mondial en février 2014, 149e au 2 novembre 2015), j’ai dû passer par les qualifications. C’est déjà ma quatrième victoire à Paris. Jusque-là, j’ai joué sur les courts annexes, donc je n’ai pas encore goûté au court central remis à neuf. J’espère le découvrir face à Tomáš Berdych, mais il y a encore toutes les têtes de série en jeu, donc on verra la programmation… (Finalement, les organisateurs ont choisi de placer la rencontre sur le premier court annexe, ndlr)
Il y a aussi le double. L’année dernière, tu as remporté Roland-Garros aux côtés de Julien Benneteau, cette année, tu joues principalement avec le Canadien Daniel Nestor. Vous avez gagné tous les deux le Masters 1000 de Cincinnati, et il y a le Masters de fin d’année – qui réunit les meilleures paires du monde – en ligne de mire…
Il y a encore un espoir, mais ça ne va pas être facile de se qualifier. Il faut gagner le tournoi de Paris-Bercy et espérer que certains concurrents s’arrêtent avant les demi-finales. Pour l’année prochaine ? J’essaierai de jouer encore à fond à la fois le simple et le double.
Venons-en au foot. Tu es supporter du FC Nantes, c’est parce que tu as grandi dans la région, à La Baule ?
Oui, exactement. Dans ma famille, on n’est pas très foot, donc on ne m’a pas transmis le témoin. En fait, à onze, douze ans, j’ai fait un an de sport études à la Jonelière. J’en garde des super souvenirs, puisque ça coïncidait avec la grande équipe de Coco Suaudeau et le titre de champion de France 1995. Je me souviens que depuis la salle de classe, on voyait les joueurs s’entraîner. On remarquait un jeune gardien qui réalisait de beaux arrêts. On se disait : « Il est pas mauvais celui-là. » Ce jeune gardien en question, c’était Mickaël Landreau (qui a débuté en Ligue 1 ensuite le 2 octobre 1996 contre le Sporting Bastia à l’âge de 17 ans et demi, ndlr) !
Il y a un joueur qui t’a particulièrement marqué chez les Canaris de Coco ?
Je dirais la triplette d’attaque Reynald Pedros – Patrice Loko – Nicolas Ouédec qui mettait les buts. Ils m’ont plus marqué que Christian Karembeu ou Claude Makelele par exemple, même si ces derniers ont réalisé une grande carrière par la suite. D’une manière générale, j’étais peut-être trop jeune. J’ai plus en tête le titre de 2001 avec Raynald Denoueix.
Tu te souviens de ton premier match à La Beaujoire ?
Le premier, pas spécialement. À 18, 20 ans, j’y allais pas mal. J’étais en virages – mais en face de la Brigade Loire. Je me souviens surtout de la victoire des Canaris contre la Lazio (1-0) en Ligue des champions, j’y étais avec un ami. C’est Pierre-Yves André qui marque de l’épaule ! Ces dernières années, j’essaye d’y aller deux, trois fois par an quand je reviens en France. Je connais le directeur général du club, Franck Kita, donc ça aide pour avoir des places. Du coup, j’y vais en latérales.
T’es quel genre de supporter ?
Avant, je venais au stade avec le maillot et l’écharpe, maintenant je suis plus « standard » . J’encourage, mais je ne crie pas, je m’emballe seulement sur les buts. Mon premier maillot, c’est celui du titre de 2001. Je dois en avoir cinq, six, le dernier on me l’a offert, il est floqué Lorik Cana.
Est-ce que le dilemme foot/tennis s’est posé étant plus jeune ?
Non, j’étais à fond dans le tennis et j’ai toujours considéré le foot comme un plaisir. Ça n’empêche pas qu’à la Jonelière, on faisait trois quarts d’heure de foot pour s’échauffer. On adorait jouer au foot.
Et sur le circuit ATP (masculin) ou WTA (féminin), vous touchez souvent le ballon ?
On fait souvent des tennis-ballon. À ce petit jeu-là, je dois avouer que Mickaël Llodra et
Benoît Paire se débrouillent bien. Si je devais en choisir un moins bon ? J’espère qu’il ne lira pas l’article, mais je dirais Gilles Simon, c’est pas un super technicien au tennis-ballon. Mais tout le monde est très passionné par le foot. Il y a beaucoup de Parisiens et de Marseillais. Dimanche dernier, j’ai regardé le match FC Nantes – OM (0-1) avec Sébastien Grosjean. Forcément, à l’issue de la défaite, il m’a bien chambré ! En revanche, sur le circuit, je suis le seul Nantais. Avant, il y avait
Nicolas Mahut, mais depuis qu’il est parti habiter à Paris, il est pour le PSG. D’ailleurs, il est angevin à la base, donc comme le SCO d’Angers est remonté en Ligue 1 en été, il suit aussi Angers.
Toi, tu suis tous les matchs du FC Nantes ?
Oui, j’essaye de regarder tous les matchs à la télé, en streaming sur mon ordinateur, ou en live texte. Quand je suis en Australie, je regarde le résultat au réveil. Je ne me suis pas encore levé en pleine nuit pour regarder un match de Ligue 1 (rires), mais peut-être qu’un jour si c’est une finale ou un gros match, pourquoi pas… Je fais aussi en sorte de caler mes entraînements en fonction des matchs du FC Nantes pour ne rien rater.
Comment tu perçois l’équipe actuelle dirigée par Michel Der Zakarian ?
Au mercato estival, il y a eu de gros chamboulements dans l’effectif. Du coup, j’ai encore un peu de mal à m’identifier aux nouveaux joueurs. Cette saison, au vu de certaines victoires, je me disais que l’on pouvait finir dans les six ou sept premiers. Mais finalement, c’est difficile de se projeter. Une ou deux défaites et on peut vite tomber dans la deuxième partie de tableau. Que l’on joue bien ou moins bien, je suis complaisant de ce côté-là. En tant que joueur, je sais que l’on n’arrive pas toujours à déployer le jeu qu’on a envie de mettre en place.
La Beaujoire est l’une des plus chaudes ambiances de Ligue 1, sur le circuit ATP, qui sont les supporters qui poussent le plus les joueurs ?
Plus qu’en France, je dirais en Australie où, au début de saison, il y a vraiment de belles ambiances.
Il y a quelques années, l’Argentin Guillermo Coria avait toujours un maillot de River Plate dans son sac quand il entrait sur le court. Toi est-ce que t’as aussi un maillot porte-bonheur ou une petite manie de ce genre ?
Effectivement, j’ai toujours mon porte-clefs FC Nantes avec moi. Pour l’anecdote, l’an passé, avec Julien Benneteau, on a remporté Roland-Garros en jouant avec des maillots jaunes. Les gens nous appelaient le « Canari power » , c’était sympa.
En janvier dernier, tu as eu l’occasion de donner le coup d’envoi du match FC Nantes – LOSC, un bon souvenir ?
Oui, c’était la première fois. J’étais comme un gamin en fait. Venir au milieu de la pelouse de La Beaujoire, c’est un grand kiff !
Pour terminer, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour l’année prochaine ?
Être épargné par les blessures, ce serait pas mal !
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