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Roger Guerreiro : « La Pologne méritait mieux »

Propos recueillis par Grégory Sokol
Roger Guerreiro : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>La Pologne méritait mieux<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

En manque d’un meneur de jeu à l’approche de l’Euro 2008, la Pologne naturalise un Brésilien exprimant alors son talent au Legia Varsovie. Roger Guerreiro deviendra quelques semaines plus tard le premier joueur polonais de l’histoire à marquer lors d’une phase finale de championnat d’Europe des nations. On est allé prendre de ses nouvelles, et Roger a aussi fait le point sur le parcours de sa Pologne lors de cet Euro 2016.

Roger, plutôt satisfait du parcours de la Pologne durant cet Euro ? C’est historique. Ils ont très bien joué, enfin passé les poules et ont été éliminés en quarts de finale sans perdre un seul match pendant la compétition. Les Polonais doivent être très fiers de cette équipe. Je connais la plupart des joueurs sélectionnés et je ne suis pas surpris par cette réussite. C’est une génération talentueuse. Je suis particulièrement content des performances de joueurs un peu moins connus comme Fabiański, Pazdan et Jędrzejczyk.

Il paraît légitime d’émettre un regret sur la tendance à abandonner le jeu en cours de match. À quoi est-ce dû selon vous ? Peut-être qu’ils ne croient pas assez en leur potentiel et tout spécialement après avoir ouvert le score. Je crois par exemple que la Pologne aurait pu plus imposer son jeu et battre le Portugal sans aller aux penaltys. La Pologne méritait mieux dans ce match, mais c’est le football. Ce n’est pas toujours le meilleur qui l’emporte. Ça a été la tendance pendant cet Euro. Beaucoup d’équipes étaient bien organisées défensivement pour faire déjouer l’adversaire au détriment du jeu offensif. De nombreuses rencontres se sont soldées par un match nul, une prolongation ou des tirs au but.
Est-ce que le fait que Błaszczykowski et Lewandowski ne s’apprécient pas énormément a une influence sur la vie du groupe du fait de leur influence ?Je ne le savais même pas ! Même si j’ai joué avec les deux en sélection, je pensais jusque-là qu’ils étaient plutôt amis, étant donné qu’ils ont joué ensemble à Dortmund. Peu importent les relations en dehors du terrain, les inimitiés doivent être mises de côté au moment d’honorer le maillot de la sélection.

Comprenez-vous les critiques essuyées par Lewandowski quant à son rendement devant le but ?En fait, il a continuellement attiré l’attention des défenseurs et, par conséquent, a offert plus d’espace et de liberté à Milik. Mais je ne suis pas d’accord avec ceux disant que Lewandowski ne marquait pas du fait de la qualité des passes des joueurs à ses côtés. J’ai aussi été critiqué pour ça à mon époque, même ici au Brésil (Rires).

Sur mon compte Twitter, tu peux voir que j’ai écrit que je suis né au Brésil, mais que mon cœur est polonais.

Comment se retrouve-t-on à jouer en équipe nationale de Pologne quand on naît à São Paulo ?Mon entraîneur au Legia, Jan Urban, m’a demandé fin 2007 si je voulais jouer l’Euro. Puis c’est Leo Beenhakker, le sélectionneur, qui m’a ensuite contacté pour me rencontrer et discuter de tout ça. J’ai dit oui, car je pensais que c’était bien pour moi et pour l’équipe de Pologne. J’ai reçu la nationalité polonaise peut-être trois ou quatre mois après cet accord pour pouvoir jouer l’Euro 2008, alors que je n’ai aucun lien de parenté de près ou de loin avec la Pologne. Beenhakker me voulait dans son équipe, ça faisait deux ans que j’étais au Legia et ça s’est fait.
Certains joueurs naturalisés n’ont pas toujours été les bienvenus que ce soit auprès de certains fans et même de membres de la Fédération. Comment s’est passée votre intégration, notamment au niveau de la langue ?Beenhakker est allé voir des cadres comme Bak, Krzynówek ou Smolarek pour leur demander leur avis sur ma venue en équipe nationale. Leur réponse était simple : « S’il vient pour aider l’équipe, c’est très bien. S’il vient dans un but individuel, non. » Je ne parlais pas beaucoup polonais, je ne comprenais que quelques mots et c’est à la suite de ma naturalisation que j’ai eu envie de maîtriser et parler encore plus cette langue. Comme ça fait longtemps, je la comprends et la lis beaucoup mieux que je ne la parle désormais. Mais en ce temps-là, je me débrouillais bien et donnais même parfois des interviews en polonais. En tout cas, les joueurs étaient très sympas avec moi. Par exemple, juste avant l’Euro en 2008 lors de la préparation en Allemagne, les joueurs ont organisé une petite fête pour mon anniversaire. Pour Obraniak aussi, ça s’est bien passé, et je m’entendais d’ailleurs très bien avec lui. Je n’ai qu’un regret, c’est le match de 2009 en Irlande du Nord (défaite de la Pologne 3-2, ndlr). Jusque-là, nous étions bien classés pour nous qualifier, mais cette défaite a été un tournant. Ça aurait été un rêve de jouer une Coupe du monde pour la Pologne.
Vous resterez à jamais le premier joueur à marquer pour la Pologne en phase finale de l’Euro, en 2008. Que retenez-vous de ce tournoi ?Ce but a été un moment très spécial pour moi. Pas seulement pour le but en lui-même, mais aussi parce que j’avais perdu mon père 6 mois auparavant jour pour jour. À titre personnel, je pense avoir joué trois bons matchs. Enfin deux et demi, puisque je ne joue qu’une mi-temps face à l’Allemagne. Mais dans l’ensemble, il y a beaucoup de déception, parce que le football est avant tout un sport d’équipe et que nous ne nous sommes pas qualifiés pour le tour suivant, alors que nous avions une très bonne équipe.
Avouez, maintenant que vous avez joué avec la Reprezentacja, vous ne la regardez plus, si ?
(Rires) Si ! D’ailleurs, sur mon compte Twitter, tu peux voir que j’ai écrit que je suis né au Brésil, mais que mon cœur est polonais. En revanche, j’ai plus de difficultés pour suivre les matchs du Legia !

J’ai perdu beaucoup d’argent à l’AEK et j’essaie toujours de le récupérer avec l’aide de mon avocat. En fait, ils me doivent toujours plus d’un million d’euros.

Que connaissiez-vous de la Pologne avant de signer au Legia Varsovie ?Je ne connaissais pratiquement rien de ce pays et je ne savais donc pas trop où je mettais les pieds lorsque j’ai reçu l’offre du Legia. Mais ils ont su dès le départ être très professionnels en m’envoyant les billets d’avion pour venir afin de mieux connaître le club. Ça m’a beaucoup rassuré et, lorsque j’ai vu qu’il y avait une bonne équipe et que ses infrastructures étaient de meilleure qualité que beaucoup de grands clubs au Brésil, j’ai décidé d’accepter le challenge.

N’avez-vous cependant pas pensé à quitter le club un an après votre arrivée, après les incidents de Vilnius où le match a été arrêté à la mi-temps et qui a vu le Legia être suspendu de Coupe d’Europe ? Si, mais encore plus quand je jouais en Grèce à l’AEK. Mais je ne pense pas que le club doive être puni de la sorte. Il ne peut pas contrôler absolument tous ses fans, si on peut appeler ces individus comme tels. Mais j’ai quand même adoré la Pologne. J’y ai joué mon meilleur football, ainsi qu’à Flamengo. En fait, la seule chose que je n’aime pas, c’est le froid ! Quant aux fans en Pologne, même d’autres que ceux du Legia étaient sympas avec moi et me demandaient des photos.

L’aventure à l’AEK Athènes s’est mal terminée. Que s’est-il passé ?Il y a eu énormément de problèmes financiers au club, surtout sur la fin avec la descente. J’ai perdu beaucoup d’argent là-bas et j’essaie toujours de le récupérer avec l’aide de mon avocat. En fait, ils me doivent toujours plus d’un million d’euros. Les fans sont incroyablement fanatiques et passionnés, jouer les derbys d’Athènes est exceptionnel, mais, si j’avais su tout ce par quoi j’allais passer en Grèce, je ne serais pas parti de Pologne. Mais je préfère prendre ça pour une leçon et en tirer des enseignements.
Quelle est votre situation actuelle ? Je viens de terminer mon contrat avec Vila Nova, un club brésilien de division régionale. Nous avons deux championnats, le régional et le national. Le régional terminé, je suis libre de m’engager où je veux et j’essaie de trouver un nouveau club. Mon rêve serait de porter un jour à nouveau le maillot du Legia Varsovie.

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