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- Real Madrid-Manchester City (3-1)
Rodrygo, le réaliste de Madrid
Détonateur de la nouvelle remontée au score du Real Madrid contre Manchester City, Rodrygo a semé la zizanie dans l’esprit de ses adversaires pour faire basculer la rencontre dans la prolongation. Joker de luxe du Real, le Brésilien prouve à 21 ans qu’il mérite sa place dans un club habitué à soulever les montagnes en Europe.
Dans 58 minutes pour vivre, Bruce Willis joue le rôle de l’agent John McLane, un policier muté à Los Angeles, mais revenu à New-York en attendant que l’avion de sa femme puisse atterrir à l’aéroport international de Washington-Dulles, histoire de passer les fêtes dans la famille de sa bien-aimée. Hélas pour le policier, tout part en vrille, et McLane doit faire usage de ses muscles et de sa tête pour mettre à terre une équipe de mercenaires armée jusqu’aux dents. À Madrid, Rodrygo Silva de Goes, dit Rodrygo, n’avait à la base que 28 minutes pour vivre en entrant à la 68e minute de jeu. Cela faisait exactement 30 de moins que l’agent McLane, alors le Brésilien s’est chargé de remettre les pendules à l’heure en deux minutes, le temps d’inscrire un doublé décisif pour basculer dans la prolongation et obtenir… 30 minutes supplémentaires pour terminer le travail avec ses équipiers. Die Hard, c’était donc le destin de Manchester City dans la capitale espagnole.
Le facteur X
Ce mercredi soir au Santiago-Bernabéu, le Real a longtemps semblé dans l’attente de voir son adversaire craquer psychologiquement sous la pression de l’enjeu. Mais plus les minutes se sont égrenées, plus Carlo Ancelotti a senti le vent tourner. Alors ? Alors Don Carlo a sorti son premier atout de la manchette de son costard. Pas assez influent dans l’entrejeu, Toni Kroos a logiquement cédé sa place à Rodrygo pour permettre à Federico Valverde de retrouver une place au milieu, laissant ainsi le Brésilien amener sa présence dans la zone de vérité. Si cela ne s’est pas ressenti dans un premier temps avec l’ouverture du score mancunienne cinq minutes après son entrée en jeu, Rodrygo a servi de bras droit à Karim Benzema pour égaliser devant un Ederson à la traîne (90e, 1-0), puis il a utilisé ses 174 centimètres pour profiter du centre parfait de Dani Carvajal (et de la légère déviation de Marco Asensio) afin d’envoyer le ballon dans la cage adverse pour la deuxième fois en moins de deux minutes (90e+1, 2-0).
Incroyable, invraisemblable, impensable, surréaliste… Mais tellement Real Madrid. Pour ce nouveau scénario à couper le souffle, il fallait bien désigner un héros. Et si Benzema a inscrit le but décisif pour qualifier le Real en finale au cours de la prolongation, Rodrygo a clairement joué le rôle du facteur X dans cette rencontre au scénario fantastique. À l’entrée de la deuxième période, Vinicius Junior aurait pu endosser ce rôle, mais sa reprise sur le centre de Carvajal (46e) n’a pas eu la même efficacité que celle de son acolyte auriverde dans les arrêts de jeu. Au Brésil, Rodrygo ne bénéficie pas de la même étiquette de star que Vinicius, mais sa capacité à inscrire des buts décisifs dans les moments les plus cruciaux commence à se ressentir depuis Madrid. Lors du match retour contre Chelsea (2-3), l’ailier avait déjà envoyé le centre extérieur de Luka Modrić dans les filets d’Edouard Mendy pour sortir les Blancos d’une mauvaise passe et offrir une première prolongation aux siens dans cette campagne de Ligue des champions 2021-2022. Le week-end dernier contre l’Espanyol (4-0), Rodrygo s’est également illustré à l’aide d’un doublé pour inscrire les deux premiers buts d’un Real prêt à célébrer son trente-cinquième titre de champion d’Espagne dans son histoire. Finalement, Rodrygo symbolise à merveille l’ADN de ce Real Madrid. Une synthèse où le football n’est plus une question de jouer, mais tout simplement de triompher. Et de vivre, bien sûr.
Par Antoine Donnarieix