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Rodgers-Mourinho : l’amitié dissonante
Ce jeudi, pour le compte des demi-finales de Ligue Europa Conférence, Brendan Rodgers et José Mourinho battront le fer pour la neuvième fois depuis leur rencontre à Chelsea, il y a dix-huit ans de ça. Si une relation amicale s’est bâtie au fil des années et des confrontations, les différences de styles se sont marquées avec le temps.
Il existe des destins qui sont amenés à se croiser, encore et encore. Depuis leur rencontre en 2004, José Mourinho et Brendan Rodgers, ont battu le fer quelques fois dans différentes compétitions et à la tête de plusieurs clubs. Huit fois au total, durant lesquelles le Special One a su prendre un avantage que cette double confrontation ne pourra faire basculer : cinq victoires pour le Portugais, deux matchs nuls contre un seul match gagné pour le Nord-Irlandais. À la veille du neuvième match entre les deux, un intrigant Leicester-Roma, Mourinho savait déjà ce qui l’attendrait au King Power Stadium : « Pour arriver en finale, nous devons battre une équipe très forte, avec un excellent entraîneur,[…] un garçon avec des capacités et un avenir devant lui. » Comme pour adouber une nouvelle fois Rodgers, celui qu’il a aidé à mettre le pied à l’étrier dix-huit ans auparavant.
En 2004, c’est bien Mourinho qui proposait au jeune Brendan, 31 ans à l’époque, de quitter l’académie de Reading pour lui confier les équipes jeunes de Chelsea, avant d’être promu deux ans plus tard auprès de la réserve des Blues. Pas étonnant qu’après ces « faveurs » , l’ex-coach des Reds voue également un profond respect à celui qu’il affrontera ce jeudi pour une place en finale. « Tout a été dit sur José durant toutes ces années, mais pour moi il est vraiment spécial. C’est l’un des meilleurs de notre génération », complimentait l’ancien entraîneur des Reds en conférence de presse d’avant-match.
L’élève s’est écarté du maître
De son mentor, Brendan Rodgers a surtout retenu la faculté à créer et manager un groupe : « J’ai pu le voir durant mes années de jeune entraîneur, José sait fédérer derrière lui ». Une qualité qui fait de lui « le facteur X », que l’on pourrait tant redouter en phase finale d’une compétition. Avec leur passé commun, nul doute que les deux hommes ont su apprendre le logiciel de l’autre. Pourtant, ils sont assez loin de partager la même vision du jeu. Là où Mourinho se veut comme l’un des entraîneurs les plus pragmatiques que le foot a pu connaître, Brendan Rodgers prône un jeu de possession, basé sur l’offensive d’inspiration barcelonaise. Au point que Swansea soit surnommé « Swancelona » lors de la saison 2010-2011 à l’issue de laquelle le club gallois sera promu pour la première fois de son histoire en Premier League.
En avril 2014, les deux hommes se croisaient pour la deuxième fois. Mourinho pour son deuxième mandat chez les Blues, et Rodgers à la tête d’un Liverpool en passe de renouer avec le titre de champions qui fuyait le Merseyside depuis trop longtemps. Mais voilà, l’épisode de la glissade de Gerrard coûtait (en partie) le titre à la bande de Rodgers, lequel préférait fustiger le style adopté par son ancien mentor durant la rencontre, non sans amertume : « Je pense qu’il n’y avait pas un, mais deux bus garés(devant le but)aujourd’hui. C’est l’opposé de ce que nous faisons… Ce n’est pas difficile d’entraîner en mettant dix joueurs dans la surface. José me montrera son CV et dira que ça marche. » Une carte qu’a d’ailleurs sortie le Portugais en conférence de presse ce mercredi : « Il a entraîné dans des clubs différents des miens, avec d’autres joueurs que les miens. Finalement, l’important, c’est que j’ai beaucoup gagné, et que lui, avec une carrière plus courte que la mienne, a aussi gagné. » Incomparable cependant avec les trophées qu’a pu rafler le Portugais sur l’ensemble de sa carrière. Rodgers pourrait s’en approcher en remportant la première édition de Ligue Europa Conférence et priver son aîné d’un inédit combo C1-C3-C4. Pour cela, il faudra d’abord donner une leçon à son maître.
Par Nelio Da Silva