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Rodgers, le changement salvateur
En très grande difficulté en début de saison, Liverpool retrouve un niveau de jeu et des résultats plus proches de ses standards de la saison dernière. Principale cible des critiques, Brendan Rodgers a réussi à remettre son équipe sur les rails, grâce notamment à un bouleversement tactique dont peu le pensaient capable. Focus sur cette petite métamorphose du LFC avant la demi-finale retour de League Cup face à Chelsea (20h45).
Dans sa quête perpétuelle de jeunesse, Brendan Rodgers a dû savourer les dernières prestations de son équipe. Le technicien de 42 ans, qui avait déjà opté pour le triptyque régime, blanchiment de dents et changement de compagne il y a quelques mois, s’est sans doute senti rajeunir un peu plus en regardant les derniers matchs de Liverpool. Après un début de saison complètement manqué, les Reds sont doucement, mais sûrement en train de redresser la barre. Mieux, s’ils ont inversé la courbe de résultats (dix matchs consécutifs sans défaite), ils ont aussi montré que les qualités qui en avaient fait l’équipe-frisson de 2013-2014 n’avaient pas totalement disparues. « C’est le Liverpool de la saison dernière » , s’est enthousiasmé Gary Lineker après le match aller contre Chelsea (1-1).
À la fois symbole et artisan de ce redressement, Brendan Rodgers est en train de sortir grandi de cette sale passe, sa plus mauvaise depuis son arrivée il y a deux ans et demi. Au soir de l’humiliation subie à Old Trafford (3-0), le 14 décembre, quelques jours après l’élimination en phase de poules de la Ligue des champions, le Nord-Irlandais semblait bon pour l’échafaud. Au pire dès maintenant, au mieux en fin de saison. « Je ne suis pas assez arrogant pour penser que mon job est sécurisé, concédait-il déjà en novembre après le revers à Crystal Palace (3-1). Je dois me battre encore plus fort. Et assumer l’entière responsabilité parce qu’en tant que manager, elle m’incombe. Toute la pression vient sur moi. » Mais un gros mois plus tard, le bon Brendan a démontré qu’il avait les épaules et les compétences pour sortir son équipe de l’ornière.
Management humain et restructuration tactique
Conscient que le départ de Luis Suárez serait plus difficile à gérer que prévu pour son jeune effectif, Rodgers n’a jamais cédé à la panique ni allumé ses joueurs. Même après des défaites parfois minables, le coach du LFC restait optimiste, relevant les difficultés avant de souligner aussitôt les bonnes choses entrevues… même si elles étaient parfois très rares. Derrière ce positivisme en apparence borné, Rodgers cherchait en réalité à protéger un groupe dans le doute et à gagner un peu de temps en attendant des jours meilleurs. Un management humain, à l’écoute, symbolisé par le break accordé en plein milieu de saison à un Raheem Sterling usé physiquement et mentalement par un exercice 2013-2014 chargé et conclu par la Coupe du monde. Mais la plus grande réussite de Rodgers cette année, et c’est une surprise pour beaucoup, est tactique.
Après avoir oscillé entre le 4-4-2 en losange de la fin de saison dernière, le 4-2-3-1 ou le 4-3-3, sans résultats, l’entraîneur des Reds a opté pour un 3-4-2-1 original, mais salvateur. Pour endiguer la faillite défensive de son équipe, « BR » a ajouté un défenseur central supplémentaire. Et pas n’importe lequel, puisque c’est Emre Can, milieu de terrain, qui joue aux côtés de Škrtel et Sakho. L’Allemand rassure par sa présence physique, mais permet aussi, grâce à ses qualités techniques, une première relance de grande qualité. Le retour en grâce de Lucas Leiva devant la défense permet aussi de solidifier l’équipe et de libérer Gerrard des tâches défensives, tandis que Moreno et Marković s’épanouissent enfin dans leur couloir. Et face au manque de réussite de Balotelli, Lambert et Borini, Rodgers a choisi de placer Sterling à la pointe de l’attaque, soutenu par Coutinho, Gerrard ou Lallana, pour une animation offensive atypique, mais déroutante.
« Je sentais que ça viendrait »
« Vous voyez notre niveau de jeu maintenant, savoure Rodgers. Je sentais que ça viendrait, c’était juste l’affaire de trouver les solutions pour nous permettre de le faire. La restructuration du système a permis aux joueurs d’y arriver. Ça les rassure défensivement et fait de nous une réelle menace avec la balle. Maintenant, nous allons voir la qualité des nouveaux joueurs et la façon dont ils se sont installés. Nous avons vu la mentalité des joueurs grandir. » Celle de Rodgers aussi. De jeune technicien très prometteur et apôtre d’un jeu résolument (trop ?) tourné vers l’avant, il est peut-être en train de devenir un coach d’une autre dimension. Celui d’un grand club, capable de traverser les mauvaises passes en ayant l’intelligence de s’adapter, sans renier ses idées. Pas si mal, même si pour durer dans une institution comme le Liverpool Football Club, la condition indispensable est de gagner des titres. Et cela commence par franchir l’obstacle Chelsea, ce mardi soir.
Par Axel Bougis