- Pays-Bas
- Feyenoord
Robin van Persie et Rotterdam, c’est…
Par Matthieu Rostac, à Amsterdam
Cela faisait quatorze ans que le Feyenoord Rotterdam attendait ça. Après Dirk Kuyt, c'est une autre légende qui revient au pays : Robin van Persie. L'occasion de se rappeler – en quatorze cas – les statistiques, les jalons, mais aussi les frasques d'un joueur qui n'avait pas encore de cheveux gris sur le crâne.
Une diseuse de bonne aventureBob, le père de Robin, adore raconter cette histoire. Un jour, il est allé voir une diseuse de bonne aventure : « Tu auras deux filles et un fils. » Ce à quoi il répondit : « Si c’est vrai, je reviendrai te voir. » Deux filles et un fils plus tard, Bob retourne voir la perspicace médium. Le petit Robin a alors seulement deux semaines. « Une star du football est née. Il sera riche et célèbre » , entendra-t-il cette fois-ci. Seize ans plus tard, la prophétie s’accomplit.
Deux clubsRotterdam a une particularité à l’échelle du football néerlandais : elle est la seule ville à accueillir en son sein trois clubs professionnels. Feyenoord, donc, mais aussi Sparta et Excelsior. Et s’il semble très difficile qu’un joueur du Sparta finisse au Feyenoord et vice versa, la traversée est beaucoup moins difficile du côté d’Excelsior, véritable troisième roue du scooter dans lequel roule le football rotterdamois. Formé à Excelsior, Robin van Persie a quitté les Roodzwarten après neuf saisons parce que les dirigeants le jugaient trop nerveux. À seulement 16 ans.
KralingenSi RVP a d’abord évolué à Excelsior, c’est avant tout parce qu’il a grandi à Jaffadwaarstraat, dans le quartier de Kralingen – l’un des surnoms du club est d’ailleurs les Kralingers. Un quartier populaire où l’on retrouve une forte communauté marocaine, dont sont également issus les footballeurs professionnels et amis d’enfance Mounir El Hamdaoui et Saïd Boutahar. Parce que RVP a baigné dans cette culture, on dit de lui aux Pays-Bas, souvent par moquerie, qu’il « parle néerlandais comme un Marocain » . Lui a toujours préféré répondre avec ses pieds.
21 buts…En trois saisons au Feyenoord, Robin van Persie a marqué à 21 reprises en 78 matchs toutes compétitions confondues. Seulement 21 ? À l’époque, l’international aux 102 sélections évolue encore comme milieu offensif au sein du club rotterdamois. C’est une fois à Arsenal que RVP deviendra la machine à buts connue de tous aujourd’hui.
… dont quelques pépitesSur les 21 buts marqués par Van Persie avec la liquette du Feyenoord, certains valent le détour. Le plus beau restant sans doute celui marqué au Vitesse Arnhem lors de la saison 2003-2004 : une reprise de volée en pleine course à l’entrée de la surface. Limpide. Mais insuffisant pour faire rougir Steve Marlet.
Une Coupe d’EuropeOn a souvent tendance à l’oublier, mais Feyenoord est le dernier club néerlandais à avoir remporté une Coupe d’Europe. En l’occurrence, une C3 en 2002 face au Borussia Dortmund (victoire 3-2). À De Kuip, de surcroît. Arrivé dans le groupe quelques mois auparavant, Robin van Persie débute cette finale comme milieu gauche. On a vu pire comme début de carrière.
Un trophée de Talent van het jaarSi l’ego de Van Persie n’a pas forcément besoin d’être nourri, même à 17 ans, les trophées continuent de tomber. Après une C3, le milieu offensif glane une récompense de meilleur espoir néerlandais de la saison, le Talent van het jaar. Plus tard, il sera couronné à deux reprises Sportif rotterdamois de l’année, en 2006 puis en 2012.
Des excuses merdiquesLe 31 mars 2002, Feyenoord reçoit le RKC Waalwijk à De Kuip. Censé être titulaire, Van Persie est aux abonnés absents. Son excuse ? Il avait oublié de régler son réveil à l’heure d’été. Heureusement, son chien n’avait pas mangé son short.
Un coup franc voléFinalement, RVP entre en cours de seconde période durant ce match face au RKC Waalwijk. Juste le temps de chiper un coup franc à celui qui vient de placer son ballon à vingt-cinq mètres à droite du but. Pas à n’importe qui : Pierre van Hooijdonk, maître ès chiches en lucarne. Tollé général, puis excuses publiques de Van Persie dans la foulée. Mais le conflit impliquant deux têtes de mule resurgira en 2014, lorsque Van Hooijdonk allumera à la télévision l’ancien d’Arsenal et Manchester United en le qualifiant de « connard » . Alors que Van Persie vient de planter le but de sa vie face à l’Espagne en Coupe du monde. La jalousie est un vilain défaut, Pierre.
Une mise à l’écartAlors qu’il vient à peine de fêter ses 18 ans, Robin van Persie reçoit fin août 2002 un drôle de cadeau de la part de son entraîneur Bert van Marwijk : une mise à l’écart du groupe pour le match de Supercoupe d’Europe contre le Real Madrid. En tour préliminaire de Ligue des champions face au Fenerbahçe – son futur club –, le barely legal aurait fait montre d’un comportement « désintéressé et négatif » alors que l’entraîneur voulait le faire entrer à la 75e minute. Le pompon pour le coach, le club, les patrons du vestiaire qu’étaient Van Hooijdonk et Bosvelt.
Une Mercedes flambant neuveÀ l’Ajax, Ibrahimović, Van der Meyde et Mido se font des concours de bagnoles de sport pour savoir qui aura la plus grosse. Différence de classes – sociales, notamment –, le Feyenoord goûte peu les excentricités des joueurs qui veulent dépasser d’une tête, de surcroît lorsqu’ils viennent à peine d’obtenir leur permis de conduire. Ce qui n’a pas empêché Van Persie de débarquer un jour dans sa brand-new Mercedes en lieu et place des citadines mises à disposition par le sponsor du club.
Des mégots, de la bière, des crachats, des insultesRenvoyé à ses chères études en U21 du Feyenoord, Van Persie affronte Jong Ajax le 15 avril 2004 à Amsterdam. Les supporters locaux lui réservent un accueil tout particulier à base de fluides corporels, d’alcool et d’insultes. En toute fin de match, l’attaquant arrache le nul (1-1) et en guise de célébration, envoie un baiser à ses bourreaux d’un match… qui finissent par le pourchasser une fois le coup de sifflet final retenti. Rossé de coups, RVP dira qu’il « pensait qu’il allait mourir » . Mais c’est bien une renaissance qui aura lieu : Steve Rowley, recruteur d’Arsenal, est également dans les travées. Le lendemain, une offre du club londonien est formulé auprès du Feyenoord. Le reste appartient à la légende.
4400 places, ou presqueExcelsior aura tout tenté pour chanter la sérénade à son ancien poulain. Le 14 octobre 2010, le club rotterdamois a rebaptisé la tribune sud de son champêtre Stadion Woudestein (4400 places) « Robin van Persie-tribune » . Malgré tout cet amour, c’est bien vers le Feyenoord que l’attaquant reviendra.
Une gueule à finir dans Téléphone Secret « Qui, qui, qui est amoureux de toi ? » Bah Robin, pardi !
L'OL rattrape le LOSC in extremis
Vidéo
Dans cet article :
Dans cet article :
Par Matthieu Rostac, à Amsterdam