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Robin Le Normand : « Cet apport offensif, on ne te le demande pas forcément en France »
Cantonné à la réserve du Stade brestois il y a quatre ans, Robin Le Normand (23 ans) est aujourd'hui régulièrement titulaire en Liga avec la Real Sociedad (5e), qui se rend samedi au Bernabéu pour y défier le Real Madrid. Le défenseur central revient sur le très bon début de saison de son club et son adaptation à l'Espagne.
Il y a quatre ans, tu jouais en réserve à Brest et samedi, tu seras probablement titulaire au Bernabéu pour la rencontre face au Real Madrid. Comment en es-tu arrivé là ? Je suis arrivé en Espagne il y a quatre ans. J’ai été formé au Stade brestois, où j’ai ensuite évolué la plupart du temps avec la réserve, même si j’ai eu l’opportunité de jouer un match de Ligue 2 (défaite 2-1 à Sochaux le 15 avril 2016, N.D.L.R). Lorsque j’évoluais en réserve, Eric Olhats (également à l’origine de la venue d’Antoine Griezmann à Saint-Sébastien, N.D.L.R), qui était recruteur à la Real Sociedad, me suivait et m’avait déjà abordé pour me faire venir en Espagne. À ce moment-là, il me restait encore une année de contrat avec Brest, donc ce n’était pas possible, mais il m’avait dit qu’il continuerait à m’observer. Quand Brest n’a pas voulu me garder, il m’a fait confiance et m’a de nouveau proposé de venir à San Sebastián. Je suis parti là-bas pour faire un essai, qui s’est avéré concluant. J’ai ensuite signé un contrat pro de deux ans avec la réserve de la Real.
Comment s’est passée ton adaptation ? Tu parlais espagnol avant d’arriver à la Real Sociedad ?
Les six premiers mois ont été difficiles. Concernant la langue, j’avais un niveau bac, mais on ne peut pas vraiment dire que je parlais espagnol. Cela a bien sûr joué au début, car ce n’était pas facile de bien se faire comprendre sur le terrain, mais c’est surtout le changement de jeu qui a été compliqué à gérer. Même en tant que défenseur, il faut assimiler que tu as aussi un rôle offensif sur le terrain, la relance est primordiale. Cet apport offensif, on ne te le demande pas forcément en France et je pense que cela est aussi lié à l’état d’esprit qu’ont les équipes ici. Eric Olhats m’avait prévenu : « En Espagne, on joue tout le temps pour gagner alors qu’en France, c’est plutôt pour ne pas perdre. » Dès mon arrivée, il m’a soutenu et a été très important, il a fait en sorte que je ne lâche rien, il me disait que j’étais capable de m’adapter à cette philosophie. Le coach actuel, Imanol Alguacil, qui était alors en charge de la réserve, m’a aussi beaucoup aidé, notamment par un gros travail avec de la vidéo. Cela m’a permis d’assimiler progressivement tous les changements par rapport au football que j’avais connu en France. La deuxième partie de saison, c’était déjà mieux et la saison suivante, cela s’est encore amélioré. J’ai ensuite commencé à m’entraîner avec l’équipe première, à jouer quelques matchs, ce qui m’a ensuite permis d’intégrer le groupe professionnel.
Tu avais déjà cette qualité de relance et cette capacité à apporter offensivement, primordiales pour réussir en Liga, en arrivant ?Pas forcément. Bien entendu, j’ai dû m’améliorer sur ces points, mais à la base, ce ne sont pas forcément mes qualités premières. Mais j’ai travaillé et bien assimilé que cela était essentiel dans le jeu espagnol. J’aime aussi beaucoup cette volonté de jouer, on arrive d’ailleurs à développer un jeu intéressant cette année.
Justement, votre début de saison a plutôt surpris, la Real restant sur plusieurs exercices en demi-teinte depuis la saison 2012-2013, au cours de laquelle elle s’était qualifiée pour la Ligue des champions. Est-ce que tu sentais pendant la préparation que vous pouviez faire un pareil début de saison ?
L’équipe a vraiment été construite pour jouer, dominer et avoir le ballon. Ensuite, il y a des joueurs avec une qualité technique incroyable qui nous permettent de pouvoir exprimer pleinement notre jeu. Même si on n’y arrive pas toujours, c’est l’idée. On a réellement cette volonté de jouer et il y a aussi un très bon état d’esprit : chacun donne tout pour le maillot. On a tous envie de se dépasser pour les autres.
Vous avez aussi fait un bon recrutement, notamment avec l’arrivée d’Ødegaard, Portu… C’est vrai, après il y a aussi d’autres joueurs qui sont techniquement au-dessus. Oyarzabal, Willian José, Januzaj… Je pourrais citer toute l’équipe en fait. (Rires.) Avec ces joueurs-là, c’est clair que c’est plus facile de développer notre jeu.
Vous allez affronter en moins d’un mois le Real Madrid et le Barça. Dans quel état d’esprit vous abordez cette période ?De la même manière que les autres matchs. En Liga, chaque rencontre est difficile. Sur chaque match, on a dû se battre pour gagner, que ce soit avec des équipes de haut ou de bas de tableau. On a gagné contre l’Atlético, mais on a aussi parfois calé contre des équipes considérées comme plus faibles. Même le Real et le Barça doivent batailler à chaque rencontre. Le championnat est très homogène et chaque équipe est difficile à battre.
Tu suis encore les championnats français, et notamment le Stade brestois ?J’échange encore avec Gautier Larsonneur, qui était avec moi au centre de formation. Je reste aussi en contact avec d’anciens coéquipiers du centre qui sont partis du club. Je suis aussi par l’intermédiaire de mon frère, qui a 19 ans et qui est en centre de formation à Guingamp.
Et c’est quoi ton programme pendant la trêve internationale, en attendant le Real ?Des entraînements intenses. Avec un classement aussi serré, tout va très vite et il faut se dépasser chaque semaine pour prouver qu’on mérite d’être là où on est actuellement. J’échange aussi beaucoup avec Eric Olhats, qui m’aide quotidiennement dans ma préparation mentale. Je n’ai pas d’agent et il m’a fait confiance depuis le début de ma carrière, nous sommes très liés et il continue de me conseiller.
Propos recueillis par Victor Launay