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Roberto Martínez : « Pour l’instant, la VAR est une réussite »
Roberto Martínez est un sélectionneur à peu près heureux. Sa Belgique a battu le Panama (3-0) lors de la première journée et a l'occasion de faire un grand pas vers les 8es de finale si elle bat la Tunisie, aujourd'hui à Moscou (14h, heure française). L'Espagnol profite de cette sérénité pour donner son avis sur la VAR et expliquer pourquoi les grosses nations sont condamnées à avoir de plus en plus de mal contre les petites.
On parle souvent de la génération dorée pour parler de cette Belgique. Considérez-vous que 2018 est LA grande chance de gagner la Coupe du monde ?Oui, c’est une génération dorée, il y a des individualités talentueuses, on a fait une très bonne phase de qualification, mais une seule chose nous importe aujourd’hui : la Tunisie. On se concentre sur ça. En interne, ce qui nous préoccupe, c’est comment faire pour devenir la meilleure équipe. Dans le contenu, nous pouvons évidemment faire mieux que ce que nous avons fait contre le Panama.
Voyez-vous une raison de changer d’équipe par rapport à celle qui a débuté contre le Panama ?À part Vermaelen et Kompany qui ne sont pas prêts, il n’y a aucun blessé. Tout le monde a bien récupéré du match qu’on a fait contre le Panama à Sotchi. Nous voulons nous appuyer sur la contribution des 23 joueurs. Avoir tout le monde à disposition, c’est une satisfaction pour moi, mais aussi une difficulté. Déjà contre le Panama, un ou deux joueurs méritaient d’entrer, mais je n’ai pas pu leur donner de temps de jeu. C’est comme ça, c’est la Coupe du monde.
Contre la Tunisie, sur quoi allez-vous devoir vous montrer particulièrement attentifs ?
Sur ses derniers matchs de préparation, la Tunisie a fait 2-2 contre le Portugal et perdu seulement 1-0 contre l’Espagne. Pour entrer dans leur tournoi, ils ont perdu à la dernière minute contre l’Angleterre. Ça situe le niveau de cette équipe, dont le 4-3-3 est bien en place. Il faudra surveiller Khazri et Ben Youssef. C’est probablement l’équipe la plus dynamique contre laquelle on va être amenés à jouer. Elle vous force à être concentré en permanence. Il faut qu’on réussisse à être nous-mêmes et qu’on soit bons dans l’utilisation du ballon.
On a énormément parlé de la VAR depuis le début de la Coupe du monde. Quel regard portez-vous sur cela ?C’est une question délicate (sourire)… Si je dis que ça fonctionne, ça risque de se retourner contre nous face à la Tunisie et j’aurai l’air bien bête ! Non, dans l’ensemble, je pense que ça fonctionne bien. Il faut être patient. C’est un nouvel outil, ça va prendre du temps à se mettre en place. Et puis il y a toujours un œil humain derrière, donc ça me va. Pour l’instant, c’est une réussite.
Les Tunisiens ont annoncé qu’ils allaient mettre beaucoup de rythme. Comment allez-vous vous adapter à ça ?Les conditions seront difficiles pour les deux équipes, on joue à 15h. Il faudra bien gérer le ballon. Il faut qu’on s’écarte de cette pression de jouer une Coupe du monde qui est omniprésente.
Si on vous parle de Nainggolan, vous n’allez pas répondre. Alors disons-le autrement : par rapport aux dernières années, le calme s’est installé au sein de la sélection. C’est quasiment devenu ennuyeux…Nous voulons être ennuyeux ! Nous ne voulons pas faire la une des journaux pour de mauvaises raisons. Il y a des talents individuels exceptionnels, des gars qui sont au meilleur niveau de leur carrière.
Lukaku a mis un doublé contre le Panama et peut viser le titre de meilleur buteur du tournoi…Demandez-lui si vous voulez, il vous répondra pareil que moi : ce n’est pas ce trophée-là qui l’intéresse, c’est celui que nous voulons porter tous ensemble. Après, il joue à un poste qui fait qu’il doit marquer des buts. Mais ça doit servir quelque chose de plus grand.
Les grosses équipes ont du mal à s’imposer depuis le début du Mondial. Comment analysez-vous cela ?C’est normal, et je peux même vous dire qu’on verra cela de plus en plus souvent. La raison est très simple : aujourd’hui, tout le monde dispose de la technologie pour préparer un match. Il y a quelques années, on arrivait et c’était un peu la surprise. Et au bout du compte, ça se décidait au talent. Aujourd’hui, on peut par exemple voir l’Islande envoyer une équipe avec une idée bien claire, un jeu très cohérent et qui s’appuie sur les mêmes moyens que les grandes nations pour analyser l’adversaire. C’est de plus en plus dur de marquer des buts sur de vraies actions travaillées, car tout est étudié. C’est aussi pour ça qu’il y a autant de buts sur coups de pied arrêtés.
Propos recueillis (en conférence de presse) par MP, à Moscou