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« Il a cette façon de parler de football qui vous enchante »

Par Tristan Pubert

Nouvel entraîneur de l’OM, Roberto De Zerbi s’est forgé une réputation d’érudit de la tactique depuis ses débuts dans la profession, il y a plus de dix ans. Mais alors concrètement, c’est quoi le DeZerbismo ?

« Il a cette façon de parler de football qui vous enchante »

La surprise du chef. Le samedi 29 juin, l’Olympique de Marseille officialisait à travers son communiqué la venue de Roberto De Zerbi, avec un contrat de trois ans à la clé. Annoncé dans les plus grandes écuries européennes, c’est finalement dans la cité phocéenne que RDZ a décidé de poser ses valises. « Nous sommes très fiers d’accueillir un entraîneur talentueux et renommé au niveau européen. En plus de l’enthousiasme manifesté, dès les premiers contacts, à l’idée d’entraîner l’OM, il présente toutes les qualités requises pour réussir sur notre banc de touche », s’est félicité Pablo Longoria, grand (et principal) artisan de la venue de l’entraîneur italien.

Foggia l’a dans la peau

Après avoir conquis l’Italie et l’Angleterre, l’ancien trequartista s’est offert à 45 ans un challenge haletant sur les bords de la Méditerranée. Réputé pour sa philosophie de jeu, De Zerbi a bâti sa légende sur des années, parfois contre vents et marées. « C’est évident que tout le monde veut gagner. Après, tu as besoin de choisir quelle route tu prends pour arriver à ce résultat. Elle est là, la différence. Gagner est la seule chose qui compte ? Bien sûr. Ma façon de voir les choses n’est ni la pire ni la meilleure, je fais simplement ce en quoi je crois. Et je ne me fatigue pas à transmettre ma façon de voir les choses à mes joueurs, car je les choisis. » C’est avec ces mots que Roberto De Zerbi – dans un entretien qu’il nous avait accordé en novembre 2019 – présentait sa vision du football. Une vision qu’il a façonnée durant des années, dans un pays à la rigueur tactique jugée parfois hermétique.

Sa manière de jouer était très espagnole, finalement. C’est un perfectionniste, et dès les premiers entraînements, j’ai compris que c’était un grand.

Miguel Ángel Sainz-Maza, un de ses joueurs à Foggia

Le jeu, le jeu, rien que le jeu. Après une première expérience au Darfo Boario (2013-2014) avec qui il sera relégué de la Serie D à l’Eccellenza, c’est dans les Pouilles que RDZ va bâtir sa légende. Nommé à la tête du Calcio Foggia, le néotacticien – biberonné à Guardiola et Bielsa (qu’il côtoiera pendant quelques semaines durant des stages d’observation) – comprend l’importance d’avoir une identité de jeu. « Il m’a tout de suite rappelé Pep Guardiola », introduit Miguel Ángel Sainz-Maza. Produit de la Masia, ce dernier a ensuite choisi l’exil de l’autre côté de la Méditerranée en débarquant à Foggia. C’est là qu’il découvre De Zerbi. Ou plutôt qu’il tombe sous son charme. « Dès les premières séances d’entraînement, j’ai compris quelle était sa philosophie et j’ai immédiatement adhéré. Sa manière de jouer était très espagnole, finalement. C’est un perfectionniste, et dès les premiers entraînements, j’ai compris que c’était un grand. Même des années plus tard, on parle encore du Foggia Calcio de De Zerbi », avance l’actuel milieu de Cerignola (Serie C).

Pour son ancien coéquipier Antonio Vacca, c’est surtout la sincérité du maestro qui a conquis son cœur. « Il est honnête et transparent, qui vous dit toujours les choses en face. Il a cette façon de parler de football qui vous enchante », argumente-t-il. Ce dernier a encore en mémoire le discours de son « mentor » après une élimination en demi-finales de play-off face à Pise : « On était tous dépités dans le vestiaire, certains pleuraient. Mais lui a eu un discours poignant, il nous a demandé de ne pas baisser les bras et surtout de croire à ce projet. Une relation forte s’est créée avec lui. » Ce n’est donc pas pour rien que Vacca s’est tatoué les initiales RDZ en hommage à celui qui a « changé sa vie ». En Serie C, Foggia impressionne par son football offensif, son contre-pressing et sa volonté de ressortir proprement de derrière. Roberto De Zerbi parvient à remporter la Coupe d’Italie de la Lega Pro (la coupe nationale des clubs de Serie C) et manque de peu la montée lors de l’exercice 2015-2016. Mais l’essentiel est ailleurs : 90 matchs et 48 victoires plus tard, le tifoso de Brescia s’est forgé une belle réputation dans la Botte avec son jeu offensif et spectaculaire.

«  L’amusement c’est le ballon  »

Roberto De Zerbi découvre alors la Serie A avec Palerme, puis avec Benevento et enfin Sassuolo, tout en restant fidèle à ses principes. « Sa manière de voir le foot est totalement différente de ce que j’avais connu auparavant, où j’ai eu des entraîneurs plus pragmatiques, pour qui le plus important était surtout de bien défendre. Roberto est exigeant et transparent, c’est ce qui m’a immédiatement plu. Il m’a poussé dans mes retranchements, j’avais du mal à le comprendre au début. Mais une fois que j’ai eu le déclic, alors j’ai vécu une saison formidable, ça m’a permis de comprendre qu’attaquer était la clé de la réussite », se remémore (encore) le sourire aux lèvres Federico Di Francesco, qui a évolué sous ses ordres pendant une pige à Sassuolo. En trois saisons à la tête des Neroverdi, Roberto séduit toute l’Italie, devenant alors un bol d’air frais dans la Botte. Avoir des idées, c’est bien. Les mettre en place, c’est mieux. Pour cela, Roberto De Zerbi accorde une importance capitale à la confiance et à la transparence avec ses joueurs : « Je fais d’abord une première réunion sur les rapports personnels, l’aspect humain, la connaissance de l’autre. Je dois apprendre à les connaître, et eux doivent apprendre à me connaître. Et puis, ensuite, je fais une seconde réunion pour commencer à évoquer l’aspect tactique. Comment est-ce que nous allons jouer ? Qu’est-ce que j’attends d’eux, et comment ? Je cherche à leur faire ressentir ce que je suis. Plus je leur parle de mes défauts, de toutes les choses négatives que je peux avoir en moi, mieux c’est », nous expliquait-il.

Roberto De Zerbi et Federico Di Francesco
Roberto De Zerbi et Federico Di Francesco

Pour Di Francesco, la méthode De Zerbi « a changé sa manière de voir le football ». Il se souvient encore « des entraînements très méthodiques, mais en même temps amusants ». L’actuel ailier de Palerme ajoute : « Il m’a appris tellement de choses. Si je rejouais sous ses ordres, je me plaindrais moins et je me concentrerais davantage sur le travail. » Travailler tout en s’amusant, voilà comment fonctionne Roberto : « L’amusement, c’est le ballon. Et je prends toujours l’exemple du joueur lorsqu’il est enfant. L’enfant, lorsqu’il joue, il s’amuse seulement lorsqu’il a le ballon. C’est d’ailleurs pour cela que tu les vois tous attirés par lui. Plus je l’ai, plus je m’amuse et inversement. Je raisonnais comme cela lorsque je jouais, et c’est pareil aujourd’hui quand j’entraîne. » À Foggia, à Palermo, à Benevento, à Sassuolo, à Donetsk ou à Brighton, peu importe, Roberto De Zerbi garde la même ligne directrice, les mêmes principes. « Quand je regarde jouer ses équipes aujourd’hui, je ne vois pas de grandes différences avec nous à Foggia », précise Vacca, qui ajoute : « Il est resté fidèle à ses principes, peu importent le contexte et les difficultés. Et ça, très peu d’entraîneurs peuvent s’en vanter. » Partout où il a posé son paperboard, Roberto De Zerbi a permis au club de grandir et de franchir un cap, et c’est peut-être ce dont a besoin l’Olympique de Marseille, qui patauge dans le moyen depuis quelques saisons.

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Par Tristan Pubert

Propos de Di Francesco, Sainz-Maza et Vacca recueillis par TP.

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