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Roberto Carlos et son flirt avec l’Inter
Il y a 20 ans, Massimo Moratti drivait son premier mercato en tant que président de l'Inter. Parmi les nouveaux arrivants, un certain Javier Zanetti, mais aussi Roberto Carlos.
L’Inter est traditionnellement associée aux transferts ratés de l’autre côté des Alpes, avec une liste qui n’en finit plus depuis 1995. De Sébastien Rambert à Ishak Belfodil, le club milanais fête donc ses 20 ans de « bidoni » et autres « meteore » . Toutefois, il s’est également distingué par ses mauvaises évaluations, on parle souvent d’Andrea Pirlo et Clarence Seedorf échangés au Milan contre Andrés Guglielminpietro et Francesco Coco, mais il y a bien pire. Il y a pile deux décennies, Roberto Carlos débarquait au centre d’entraînement d’Appiano Gentile, en compagnie d’un certain Javier Zanetti. L’Inter avait là les meilleurs joueurs en devenir au poste d’arrière latéral. Si l’Argentin n’est plus jamais reparti, le Brésilien, lui, a plié bagages après seulement un an.
5,5 milliards de lires par quadriceps
« Cet été-là, la direction a recruté trois jeunes pousses, deux Argentins et un Brésilien, personne ne les connaissait » , se remémore Maurizio Ganz, ancien attaquant de l’Inter, « on a vite vu que Carlos était un vrai talent. Il était tout petit, mais avec des quadriceps impressionnants. La frappe, l’endurance, le physique, il avait tout. » Le natif de Garça débarque pour 11 milliards de lires, il aurait pourtant pu arriver gratuitement si on en croit ce qu’a raconté le journaliste Maurizio Pistocchi sur Mediaset Premium : « Fin novembre 94, l’arrière gauche Paolo Tamezzani se blesse gravement. Le président de l’Inter était alors Ernesto Pellegrini et il me demande si je ne connais pas un bon joueur pour combler le trou dans l’effectif. Je lui ai conseillé Carlos que j’avais vu à Palmeiras, il était en fin de contrat en plus. Tout était déjà fait, bail de trois ans à un milliard de lires par saison. Seulement voilà, quelques mois plus tard, le club est vendu à Moratti, dont le staff n’a pas voulu récupérer les affaires conclues par l’ancienne direction. Roberto Carlos prolonge donc avec Palmeiras, puis sort une grosse Copa América avec le Brésil, et l’Inter l’achète pour 11 milliards… » Le fameux flair interista.
5 buts en 7 matchs, puis Roy Hodgson
Quoi qu’il en soit, les débuts du Brésilien sont exceptionnels, il est titularisé au poste d’arrière gauche et inscrit pas moins de 5 buts lors de ses 7 premiers rencontres toutes compétitions confondues. Son tout premier match, il le fête par une réalisation décisive contre Vicenza. Rarement une recrue étrangère aura eu un tel impact dans l’histoire de la Serie A, surtout un arrière gauche. « Offensivement, il n’y avait rien à redire, il avait des fondamentaux techniques incroyables, et puis il marquait déjà ses fameux coups francs avec son 39 de taille de pied. Lors des petits matchs d’entraînement, quand il y avait une faute, on lui déconseillait de tirer, car on risquait de se faire très mal ! » , raconte Ganz. Mais les résultats du club, eux, ne suivent pas. Après 4 points sur 12 en championnat et une élimination prématurée en Coupe de l’UEFA contre les Suisses de Lugano, Ottavio Bianchi est remercié et remplacé par Roy Hodgson. « Lui ne le voyait pas du tout défenseur, il le disait publiquement que Carlos ne savait pas défendre. Et du coup, il l’a fait jouer milieu gauche dans un 4-4-2 pour exploiter ses qualités offensives. » Ce qui ne fonctionne d’ailleurs pas du tout, puisqu’il plante seulement deux autres banderilles, même s’il est aligné titulaire à chaque rencontre. Plutôt Roberto Larcos que Roberto Carlos, donc.
Et Capello fut
Malgré le temps de jeu important, l’Auriverde réclame de retourner à son poste comme il l’a confié aux micros de Perform : « J’étais en train de perdre ma place avec la Seleção, il y avait une autre Copa América l’année suivante qui se profilait. Même ma mère m’a appelé pour me dire« Mais pourquoi tu joues attaquant ? » J’ai supplié Moratti de convaincre Hodgson de me ramener en défense, mais il n’a pas voulu, alors j’ai demandé à être transféré. » Fabio Capello, tout fraîchement nommé entraîneur du Real, ne perd pas cette belle occasion, et l’Inter l’envoie aux Merengues contre 13 milliards de lires. « C’est vrai qu’il tendait toujours à attaquer, analyse Ganz, mais Capello lui a appris à défendre, et c’est devenu un des meilleurs joueurs de l’histoire à son poste. Nous, ses coéquipiers, on ne s’attendait pas du tout à ce qu’il soit vendu, c’était impensable ! Vous ne vendez pas un joueur qui vient de marquer 6/7 buts à son arrivée en Italie, avec cette technique, cette rapidité, cette puissance. Il aurait pu faire la même carrière que Zanetti ici, fallait juste être un peu patient. D’autant qu’il s’était très bien intégré, il ne souffrait pas du tout de la saudade. »
Hodgson, lui, choisit de miser sur Alessandro Pistone, arrivé durant l’hiver 1996 et qui apporte plus de garanties défensives. « Lui aussi a été vendu après un an, ce n’était pas Roberto, mais il a quand même joué dix ans en Premier League derrière avec Newcastle et Everton » , conclut l’ex-buteur nerazzurro. Et telle une malédiction, entre Bréchet, Nagatomo, Pasquale, Gilberto, Álvaro Pereira, Macellari et Gresko, l’Inter n’a jamais réussi à trouver un arrière gauche vraiment fiable. Peut-être Maxwell, et encore. Prochain candidat ? Ervin Zukanović, Bosnien qui arrive du Chievo. Roberto Carlos, lui, observe tout ça avec amusement : « Comment pourrais-je avoir des regrets ? Si j’étais resté, je n’aurais pas fait ce que j’ai fait avec le Real. » Les supporters madrilènes peuvent dire un grand merci à Hodgson.
Tous les buts de Roberto Carlos à l’Inter
Par Valentin Pauluzzi