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Roberto Baronio : « Faire les choses ou les enseigner sont deux boulots très différents »

Propos recueillis par Eric Marinelli
Roberto Baronio : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Faire les choses ou les enseigner sont deux boulots très différents<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Grand espoir italien du début des années 2000, Roberto Baronio n'a pas su confirmer les espoirs placés en lui, malgré une honnête carrière. Après avoir raccroché les crampons en 2011, il a pris ses aises sur les bancs de touche, depuis 2012, et fait profiter les jeunes joueurs de son expérience. Avec réussite, puisqu'Antonio Conte l'a personnellement démarché pour le poste d'entraîneur de l'Italie U18. Une « énorme opportunité » pour l'ancien milieu laziale. Interview entre souvenirs et perspectives d'avenir.

Tu as toujours voulu entraîner ? Quand tu jouais encore, tu te posais déjà la question ?

Non pas vraiment. Quand j’ai mis un terme à ma carrière, j’ai voulu essayer pour voir. Et ça m’a tout de suite plu. La preuve, ça va maintenant faire quatre ans que j’entraîne. Je prends vraiment du plaisir et j’espère aller le plus haut possible. Pour le moment, j’entraîne des jeunes, mais d’ici quelques années, je veux passer aux seniors.

Ça n’a pas été trop dur de tourner la page ?

Si, énormément. Après tant d’années en tant que joueur, se remettre en cause et faire un autre type de métier, entre guillemets, ce n’est pas facile. Mais il suffit de mettre de la passion et de voir si les jeunes sont réceptifs à ce que tu fais avec eux. Et puis, il faut aller de l’avant. Le plus important est vraiment de garder la passion et d’avoir de la volonté.

Comment ou quand se dit-on que c’est le moment d’arrêter ?

Sincèrement, j’aurais préféré jouer quelques années de plus. Mais je n’ai plus eu la possibilité de jouer dans des équipes de haut niveau, que ce soit en Serie A ou en Serie B, et j’ai donc préféré arrêter. Je ne me sentais pas de continuer plus bas. Je n’avais plus assez de motivation.

Et donc en 2012, tu deviens entraîneur de jeunes du Futbolclub, un petit club amateur à Rome.

Oui, j’ai commencé avec eux et j’y suis donc resté trois saisons, pendant lesquelles on a gagné trois fois le championnat régulier. Je suis très content de cette expérience et je remercie vraiment les garçons que j’ai entraînés. C’est eux qui m’ont donné la possibilité d’attirer l’attention d’une personne aussi importante qu’Antonio Conte, qui m’a choisi pour entraîner l’Italie U18.

C’est Antonio Conte en personne qui t’a proposé le poste ?

Oui, lui-même, en compagnie de Maurizio Viscidi, le vice-coordinateur des sélections nationales espoirs, et de Mauro Sandreani qui est dans le staff de Conte. Ils m’ont proposé de travailler avec eux et d’intégrer le groupe, et évidemment je ne pouvais pas refuser une telle opportunité.

Entre-temps, tu as obtenu tes diplômes à Coverciano (le Clairefontaine italien, ndlr).

Oui, j’ai fini le master, même si je dois encore passer l’examen officiel en septembre. Après cela, je pourrai officiellement entraîner toutes les catégories et à tous les niveaux.

Parle-nous un peu des cours à Coverciano.

C’est un peu comme retourner à l’école. On étudie beaucoup, mais avec une matière principale comme le football, c’est bien plus facile (rires). Certains peuvent se demander si c’est utile à d’anciens footballeurs professionnels, mais c’est bien le cas. Faire les choses et les enseigner à un groupe de 25 joueurs sont deux boulots très différents.
Je répète souvent aux jeunes les erreurs que j’ai commises, les choses négatives, pour éviter qu’elles ne leur arrivent.

Qui donne les cours ?

Entre autres, Renzo Ulivieri qui est très connu en Italie. Il a entraîné en Serie A et en Serie B, et il est aussi président de l’association des entraîneurs professionnels. (l’AIAC, ndlr). Mais il y a aussi d’autres personnes pour des matières comme la psychologie, la médecine, la communication ou pour tout ce qui regarde la partie physique.

Tu as déjà préparé ta thèse de fin d’études ?

Oui, j’ai déjà bien avancé sur cette thèse que je présenterai en septembre. Je travaille sur la psychologie et la communication au sein d’un groupe.

Il y avait beaucoup de tes anciens coéquipiers dans ta promo : Antonio Fillipini, Possanzini, Nesta, Ganz. Vous parliez du bon vieux temps ?

(rires) Oui, évidemment. Il y avait aussi d’autres anciens joueurs comme Massimo Carrera et Roberto D’Aversa. On a partagé nos bons souvenirs et nos expériences.

Revenons à ta nomination à la tête de la Nazionale U18. Quels sont les prochains objectifs ?

L’objectif est de faire progresser les jeunes joueurs et les habituer à évoluer dans un groupe national. On ne dispute pas de compétitions européennes avec cette catégorie. Cela concerne seulement les âges impairs : 17, 19, 21. Mais ce sera quand même une expérience très intéressante parce que j’aurais la possibilité de travailler avec de grands espoirs qui évolueront bientôt en Primavera, d’échanger avec d’autres entraîneurs et directeurs sportifs. Pour mon parcours personnel, ce sera très important.

Tu parlais souvent de ton expérience de joueur avec les jeunes que tu entraînais au Futbolclub ?

Pour leur faire comprendre certaines choses, je leur répétais souvent les erreurs que j’ai commises, les choses négatives, pour éviter qu’elles ne leur arrivent. Mais je ne leur racontais pas les choses positives parce que ça ne m’intéresse pas de me faire mousser.

Qui est l’entraîneur qui t’as le plus marqué au cours de ta carrière ? Tu t’inspires peut-être de certains ?

J’en ai eu tellement. Je ne peux pas en ressortir un seul. Chacun est différent, comme je le suis d’ailleurs par rapport à tous les entraîneurs que j’ai eus. Je cherche à garder ma personnalité, même si c’est évident qu’il y a certaines choses à tirer des différents entraîneurs que j’ai côtoyés.
Nous sommes très amis avec Andrea Pirlo, presque des frères. Tout ce qu’il a fait, il l’a mérité. Nous parlons là d’un fuoriclasse absolu !

Quel bilan fais-tu de ta carrière de joueur ? Tu es fier de ce que tu as accomplis ou tu penses que tu aurais pu en faire plus ?

Je pense que j’ai fait une carrière honnête, mais si je suis bien conscient que j’aurais certainement pu faire beaucoup plus. C’est comme ça. Je suis déjà content de ce que j’ai accompli. Je ne dois rien à personne. J’ai fait quelques erreurs, mais je les accepte.

Honnêtement, tu as certains regrets ?

(Il hésite) Oui, comme chacun, j’imagine. Jouer au football est une des choses les plus merveilleuses au monde. Quand tu arrives à la fin de ta carrière, tu te rends compte du temps qui s’est envolé et tu aimerais retourner en arrière, à certains moments. Mais je fais autre chose maintenant et je suis épanoui.

Tu as connu les affres de la copropriété tout au long de ta carrière. Selon toi, c’est une bonne chose qu’elle ait été abolie ?

Oui, ça peut être une bonne chose. Je ne me suis jamais trop intéressé à ce sujet, mais c’est bien que le football et les règles évoluent.

Quels sont les meilleurs souvenirs de ta carrière ?

Certaines victoires avec la Lazio. La Coupe des coupes (en 1999, ndlr), plusieurs Supercoupes (en 1998, 2000 et 2009, ndlr). Mais surtout l’Euro Espoirs en 2000. J’ai d’ailleurs été élu meilleur jeune de Serie A cette année-là. C’est un trophée qui compte vraiment à mes yeux, car ce sont les joueurs et les entraîneurs de chaque équipe qui votent. C’est très gratifiant.

Justement, tu étais à la Reggina cette saison-là avec Pirlo. Franco Colomba nous a d’ailleurs confié qu’il ne faisait pas jouer Andrea devant la défense, car il t’avait déjà toi. Comment peut-on expliquer alors que Pirlo ait si bien réussi et toi moins ?

Probablement parce qu’il est bien plus fort que moi ! (rires) C’est aussi simple que ça. Mais je m’en réjouis d’ailleurs. Nous sommes très amis avec Andrea, presque des frères. Tout ce qu’il a fait, il l’a mérité. Nous parlons là d’un fuoriclasse absolu !

En parlant de Pirlo, petite anecdote. Finale de l’Euro U21, en 2000, contre la République tchèque. 80e minute, coup franc à trente mètres. Tout le monde s’attend à ce que tu tires, mais tu laisses finalement ta place. Raconte-nous.

Oui, cette saison-là, à la Reggina, on passait des heures à s’entraîner aux coups francs ensemble. On tirait souvent chacun son tour en match. Une fois lui, une fois moi. Heureusement que je lui ai laissé celui-là ! Ça nous a réussi.
Avec un entraîneur aussi fort que Conte, tout est possible…

J’imagine que tu es au courant que la Reggina a fait faillite ces derniers jours. Quel est ton sentiment ?

Oui, malheureusement. En Italie, beaucoup de clubs historiques sont en grande difficulté financière. Je suis vraiment triste pour la Reggina et pour tous ses tifosi. Également pour le président Foti qui est une personne incroyable. Je me souviendrai toujours de mon passage là-haut, surtout pour la passion que les gens ont pour cette grande équipe. C’est malheureux qu’ils doivent repartir des championnats inférieurs.

En revanche, un autre de tes anciens clubs va beaucoup mieux. Je parle évidemment de la Lazio qui a fait une superbe saison, l’année dernière.

Oui, ils ont fait une grande saison. J’ai vibré ! Ils leur restent maintenant à passer une dernière grande étape avec le tour préliminaire de Champions League. S’ils arrivent à passer, on pourra dire que la Lazio est de retour, ou presque. Mais attention, ce tour préliminaire est vraiment difficile. Je croise les doigts en tout cas.

Sinon, dans un peu moins d’un an, la Nazionale disputera l’Euro en France – si tout se passe bien. Elle peut le gagner ?

Gagner, je ne sais pas. Elle fera sûrement partie des favoris, mais il y en a également beaucoup d’autres. Avec un entraîneur aussi fort que Conte, tout est possible. Mais je pense quand même qu’il y a actuellement des équipes plus fortes que l’Italie.

Avec ton expérience personnelle, que dirais-tu à un joueur comme Marco Verratti qui a du mal à se faire une place en sélection ?

Verratti joue dans deux grandes équipes comme l’Italie et le Paris Saint-Germain où il y a énormément de grands joueurs. Je pense que c’est sa seule difficulté. Mais il est jeune et il a le temps pour s’imposer. Je pense que ce qu’il a déjà fait est magnifique. En continuant sur cette voie, il trouvera petit à petit sa place en Nazionale.

Une dernière question, Roberto. Tu laisses tes joueurs porter le numéro 13 ? (À Perugia – en 2002/2003 -, Baronio a été pris en grippe par le président Gaucci, qui l’accusait de porter malheur à l’équipe à cause de ce numéro, ndlr)

(rires) Mais bien sûr ! Cette histoire a été une invention d’un président, avec peu d’intelligence. C’est la vie. On rencontre des personnes intelligentes et d’autres non.
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Propos recueillis par Eric Marinelli

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