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Roberto Baggio Louima : « Je rêve de rencontrer Roberto Baggio »
La probabilité pour que quelqu'un hérite du prénom Roberto Baggio n'était déjà pas très élevée. Celle pour que l'héritier soit footballeur professionnel, numéro 10, et une des stars de l'équipe nationale de son pays, absolument nulle. Peu importe, Roberto Baggio Louima, 24 ans, joueur du Violette Athletic Club, a décidé de rendre hommage à son prénom chaque fois qu'il mettait les pieds sur un rectangle vert. Entretien avec le discret Neymar haïtien.
Tu t’appelles Roberto Baggio, comme l’ancien numéro 10 italien, est-ce un hasard ?Depuis que je suis dans le ventre de ma mère, mon père a choisi de m’appeler Roberto Baggio sans savoir si j’étais une fille ou un garçon parce que c’est son joueur préféré. Il m’a dit que Roberto Baggio était très fort et qu’il m’avait donné le nom d’un grand joueur.
Que sais-tu de Roberto Baggio ?Je regarde des vidéos de lui et je sais que c’est une légende, le Ballon d’or 1993. Je rêve de le rencontrer.
Tu joues également numéro 10, avec la possibilité de pouvoir évoluer à tous les postes de l’attaque. Est-ce que tu as des points communs avec ton homonyme dans ton jeu ?Non, je ne joue pas comme lui. Mes amis et les gens disent que je ressemble plutôt à Neymar dans mon style de jeu parce que je suis un joueur rapide et technique. Neymar est d’ailleurs mon idole.
Quel a été ton parcours dans le foot ?J’ai commencé à l’âge de 7 ans, au Lionceaux FC, le club de Pernier. Après notre accession en D2, en 2016, le Violette Athletic Club m’a acheté. Avec la sélection nationale U20, on a remporté la Coupe caribéenne des nations la même année, j’ai été sacré meilleur joueur de la compétition et j’ai inscrit un doublé en finale face à Antigua-et-Barbuda (4-0). Après ça, Violette m’a transféré au Real du Cap, là où j’ai passé un an et c’est avec eux que j’ai remporté mon premier titre de champion national. Puis j’ai intégré respectivement les sélections U23 et senior d’Haïti. Après une année au Real du Cap, j’ai fait mon retour au VAC pour les faire sortir de l’enfer de la deuxième division nationale et les faire réintégrer l’élite du football national.
Aujourd’hui, tu fais partie des grands espoirs de l’équipe nationale d’Haïti.Ça a toujours été un rêve de porter les couleurs de la sélection nationale, je me sens fier de porter ce maillot et bataille sur le terrain pour mon pays.
¡Goal by Roberto Louima! @fhfhaiti scores a fast equalizer and the score is 1-1 now. | #CMOQ pic.twitter.com/dY4ugj38ss
— CONCACAF (@CONCACAF) March 26, 2021
Quelle place a le football dans ta famille ?Mon père savait très bien jouer et n’a pas eu la chance de jouer au niveau national, il jouait dans des championnats de quartier. J’ai mon petit frère, Coby, 15 ans, qui est à l’académie du Shana FC. Ma petite sœur, Florendinia, 19 ans, joue avec l’équipe féminine du Shana FC.
Début 2017, tu as fait un essai d’une semaine au New York City FC, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné pour que tu puisses signer définitivement chez eux ?Ils voulaient que je fasse partie de l’équipe réserve, et mon agent ne voulait pas, c’est la raison pour laquelle que je n’ai pas signé avec New York.
Pendant cette semaine-là, tu avais pu jouer, et marquer, aux côtés de David Villa et Andrea Pirlo lors d’un match amical de préparation face à l’équipe universitaire de Jacksonville (9-0). Quels souvenirs en gardes-tu ?C’est un rêve qui est devenu réalité de jouer avec ces légendes. Je me suis senti fier et honoré. J’ai appris beaucoup de choses à leurs côtés et c’était une expérience exceptionnelle.
Avec Violette, en janvier dernier, vous avez gagné le championnat d’Haïti face à l’Arcahaie FC dans un contexte particulier où deux personnes sont décédées lors de la finale retour. Comment as-tu vécu ce moment ? C’était le pire moment de ma vie. Je ne pensais qu’à la mort ce jour-là, mais grâce à Dieu, nous en sommes sortis vivants.
Et quelques jours après ce match, ta voiture a été démolie sous tes yeux par des individus armés…Dans un pays si difficile comme Haïti, j’avais beaucoup de problèmes à cause de ma voiture. Ça a été horrible de voir ces individus démolir une voiture pour laquelle j’avais été obligé d’économiser plusieurs mois de salaire…
Gagner le championnat avec Violette, qui ne l’avait plus gagné depuis 1999, en étant buteur en finale aller, est-ce qu’il y a malgré tout des points positifs à retenir ?Oui, c’est l’un de mes meilleurs souvenirs, marquer deux buts à l’aller et être passeur décisif au retour.
Quels sont tes rêves et tes objectifs dans le foot ?Mon rêve est de devenir un grand joueur professionnel à l’étranger. Je rêve de jouer dans l’un des cinq grands championnats européens, avec une préférence pour l’Espagne et la France. J’aime beaucoup le Paris Saint-Germain et le FC Barcelone.
Propos recueillis par Alexandre Delfau, avec Jean Wesley Sanon