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Robert Sánchez, de la D4 anglaise à l’équipe d’Espagne

Par Adel Bentaha
5 minutes
Robert Sánchez, de la D4 anglaise à l’équipe d’Espagne

Au moment d’entamer sa campagne de qualification pour le Mondial 2022, ce jeudi soir (20h45) à Grenade face à la Grèce, l’Espagne rajeunit son effectif. Outre les arrivées de Pedri, Pedro Porro ou Bryan Gil, celle d’un joueur méconnu a suscité de nombreuses interrogations. Son nom : Robert Lynch Sánchez, gardien de but de Brighton. À 23 ans, il découvre ainsi la sélection, lui qui était encore en D3 anglaise la saison dernière et en D4 l'année précédente.

Lorsque les joueurs espagnols arrivent à la Ciudad del Fútbol de Las Rozas en ce 22 mars, Robert Sánchez présente un CV quasiment vierge. Inconnu des supporters, le gardien de but débarque en effet avec le statut de néophyte complet. Difficile de prendre la lumière quand on passe son début de carrière à écumer les pelouses grasses de League One et League Two et encore plus compliqué de prétendre un jour devenir international.

« J’avais la flemme de tout »

Robert Sánchez voit le jour le 18 novembre 1997 à Carthagène, en bordure de la mer Méditerranée. Élevé au cœur du fantasque football murcien, ce n’est pourtant pas en attaque que le jeune garçon trouve sa voie, mais bien entre les poteaux. « Pendant que les enfants de mon âge partaient à la mer, ma mère me faisait faire le tour des académies locales. Mon père allait également travailler très tôt le matin pour arriver à l’heure le soir et m’accompagner à l’entraînement. » Ce projet professionnel, nourri depuis l’enfance, est chapeauté par ses parents, Juan Gabriel et Maria Isabel. Le petit Robert réalise ses premières parades à l’école de football de La Palma avant d’arriver au FC Cartagena aidé par une famille toujours présente : « J’avais la flemme de tout. Sans ma mère, je ne me serais jamais bougé. Je serais sûrement allongé sur mon canapé, chez moi, à La Palma. »

Son talent finit tout de même par faire la différence. Considéré comme l’une des promesses de la région, il intègre finalement l’académie du Levante UD à 12 ans. Son rêve prend alors une tout autre tournure à l’été 2013. Repéré durant un tournoi par des recruteurs de Brighton & Hove Albion, le juvénile Robert accepte le défi. À seulement 15 ans, il part pour un mois d’essai en Angleterre.« Nous vivions dans des familles d’accueil. C’était très compliqué de vivre chez des gens, quand tu sais que normalement, tu as une famille qui t’attend quelque part. » Le choix s’avère très vite payant, puisque deux ans plus tard, Brighton lui offre son premier contrat professionnel. Mais comme depuis l’entame de son parcours, rien ne se passe comme prévu.

« Il n’y avait que des vegans autour de moi »

Durant quatre ans, Robert Sánchez stagne en équipe réserve et n’apparaît sur aucune feuille de match professionnelle entre 2015 et 2018. Son club ne compte pas sur lui et l’invite à trouver un point de chute. Lui et son mètre 97 ne lâchent rien :« Je suis venu en Angleterre pour jouer. Tôt ou tard, ce pays me conviendra. » Il faut alors viser bas : aux Forest Green Rovers, en League Two (D4). Comme il le précise : « Là-bas, tout était vert et bio. Il n’y avait que des vegans autour de moi, on aurait dit une start-up géante. C’était trop bien ! » À défaut de bien manger, celui que l’on surnomme « Bob » gagne du temps de jeu. Un total de dix-sept matchs dans le Gloucestershire et une réputation désormais établie dans les bas-fonds du football anglais. L’élite de Brighton ne veut pourtant pas de lui, affairée à gérer une trentaine de joueurs et des gros salaires.

La saison dernière, il part donc pour Rochdale, en troisième division cette fois. Dans le nord-ouest du pays, Robert Sánchez devient l’homme clé d’une équipe qui lutte pour le maintien. Comme point d’orgue, cette prestation XXL face à Manchester United en Coupe de la Ligue, à Old Trafford. « Je pourrais vous écrire un roman sur Robert. Il est complètement fou. » Tels sont les mots de Brian Barry-Murphy, son entraîneur d’alors. Ce dernier a en effet trouvé « une énigme. Je n’ai jamais vu quelqu’un dormir autant. » Car Robert Sánchez faisait « ce qu’il voulait quand il le voulait. On dirait un joueur de basket-ball. Il vivait selon ses propres règles. Comme il ne faisait que dormir, il manquait beaucoup d’entraînements. Un jour, il avait refusé de jouer un match, car il se plaignait de l’état de la pelouse. » Il dispute alors 35 rencontres, soit l’intégralité de la saison avant son interruption.

À l’été 2020, il était le 5e gardien de Brighton

À l’été 2020, retour à Brighton. Sánchez a 22 ans, est le cinquième gardien du club et se retrouve obligé de s’entraîner avec la réserve car les dirigeants ne lui donnent aucune chance. La vie lui sourit pourtant de nouveau. Le numéro deux, David Button, est vendu à West Bromwich en septembre. S’ensuivent une salve de blessures pour Christian Walton et Jason Steele, tout cela en l’espace d’un mois. Robert Sánchez est propulsé du cinquième rang à la lutte pour une place de titulaire. Il effectue sa première apparition sous le maillot des Seagulls face à Tottenham en novembre et bénéficie d’un ultime coup du sort. En froid avec sa direction, Matthew Ryan, l’habituel titulaire, n’est plus aligné par Graham Potter. Une opportunité saisie par Sánchez, ponctuée d’un festival face à Manchester City le 13 janvier dernier. Malgré la défaite (1-0), le portier écœure tour à tour De Bruyne, Gündoğan et Sterling. Dix jours plus tard, Ryan est transféré à Arsenal, faisant alors de Bob le numéro un.

Fort de son nouveau statut, Robert se donne le droit de rêver. La FA souhaite le voir en blanc, et le principal intéressé se livre à un jeu de séduction ambigüe : « Je privilégie l’Espagne. Mais cela fait plus de cinq ans que je suis en Angleterre, je peux donc prétendre au passeport. » Face à cet hameçonnage discret, Luis Enrique décide de réagir en approchant cet OVNI. Derrière l’instable De Gea, les candidats tardent à se montrer, et seul Unai Simón (Bilbao) semble se détacher. Avec Kepa Arrizabalaga (Chelsea) porté disparu et Álex Remiro (Sociedad) jugé trop tendre pour la sélection, la régularité de Bob fait la différence. Ses prestations satisfaisantes, malgré une 16e place en championnat, le récompensent donc d’une convocation jusque-là inimaginable. Loin de prétendre pouvoir devenir le dernier rempart de la Roja, le joueur de Brighton a, au moins, gagné le droit de s’asseoir à la table de ceux qu’il regardait à la télévision il y a six mois. Vautré dans le canapé, évidemment.

Dans cet article :
Brighton renverse un Manchester City toujours malade
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Par Adel Bentaha

Propos de Brian Barry-Murphy tirés de AS.
Propos de Robert Sánchez tirés de AS, Marca et du site officiel de Brighton & Hove Albion FC.

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