- CAN 2017
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Robert Nouzaret : « J’ai pris du plaisir avec la Côte d’Ivoire »
« Ah oui, la CAN, j'aime ça ! », pose d'emblée Robert Nouzaret, qui à 73 ans, passe ses journées à jouer aux boules, pédaler ou donner un coup de main à son pote Loulou Nicollin, qui lui a demandé de restructurer la cellule de recrutement du centre de formation du MHSC. « Ça me permet de m'occuper un peu et d'être avec des jeunes. Il vaut mieux ça que de prendre des médicaments », sourit l'ancien sélectionneur de la Côte d'Ivoire, de la Guinée et de la République démocratique du Congo, qui sera notre consultant durant toute la compétition.
Que pensez-vous de l’évolution du foot africain ?Quand on lit les commentaires et qu’on observe un peu, ça donne l’impression qu’il s’améliore d’année en année. Mais c’est pas encore parfait. Si on pouvait trouver la même organisation qu’en Europe, tout en gardant la fraîcheur du foot africain, je pense qu’il y a longtemps qu’une équipe africaine serait arrivée en finale d’une Coupe du monde. Mais il manque toujours un petit quelque chose.
Et c’est quoi, ce « petit quelque chose » ? Les fédérations ne sont pas toujours à la hauteur de leurs ambitions, en dehors de quelques pays, comme la Côte d’Ivoire, où les dirigeants ont une mentalité européenne, ou le Sénégal aussi. C’est pour cela que la majorité des équipes ont besoin d’un sélectionneur européen. Même si les Africains sont très compétents, quand ils se retrouvent entre eux, il leur manque quelque chose au niveau du contact avec des joueurs qui évoluent à Barcelone, Arsenal, Paris ou Dortmund. Au niveau de l’expérience et de la gestion des ego, ils ne sont pas au point. De même, quand le joueur africain attaque une CAN, il n’est pas toujours dans le même esprit que lorsqu’il joue pour son club. Il n’a pas la même exigence, c’est dommage.
Qui est votre favori ?Si je vous disais que j’ai un favori, je serais un menteur, vu que pour l’instant, je ne peux m’appuyer que sur les palmarès. Bien sûr, la Côte d’Ivoire est tenante du titre, mais il y aura aussi le Ghana, le Cameroun… Tiens, le Cameroun, voilà un pays qui illustre bien ce que je vous disais sur l’organisation. Ils ont participé à plein de coupes du monde, ils ont dominé le foot africain, mais il leur manque toujours quelque chose au niveau des infrastructures. Ils ne se sont pas servis de tous leurs titres pour améliorer leur football à tous les niveaux.
Booba va chanter lors de la cérémonie d’ouverture. C’est un artiste que vous appréciez ?Je ne le connais pas assez pour me prononcer. Je vois qui c’est, mais je ne vais pas faire l’hypocrite pour lui faire plaisir. Tout ce que je peux dire, c’est qu’à partir du moment où il chante et fait de la musique, c’est bien, il est respectable.
Qu’est-ce que la CAN a de plus que les autres compétitions internationales ?L’environnement. C’est toujours la fête dans les tribunes, dans les vestiaires, dans les rues. C’est l’Afrique conviviale qu’on aime.
Quelle est la sélection africaine que vous avez préféré entraîner ?J’ai pris du plaisir avec la Côte d’Ivoire, parce que j’y suis allé deux fois (de 1996 à 1998, puis de 2002 à 2004, ndlr). J’avais des bons joueurs et des dirigeants intelligents qui me laissaient bosser. J’ai trouvé le même contexte en Guinée-Conakry, avec des moyens différents. Pas comme en RDC, lors de ma dernière expérience. Je suis tombé sur un président qui voulait faire la sélection, la tactique, tout. Je ne me suis jamais fait imposer quoi que ce soit durant toute ma carrière, ce n’était pas avec lui que ça allait commencer. Cela m’a découragé, j’ai arrêté.
Propos recueillis par Mathias Edwards