- CAN 2017
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Robert Nouzaret : « Elle est quand même pas terrible, cette CAN »
Alors que les seize équipes ont fait leur entrée en lice, Robert Nouzaret tire un premier bilan de cette CAN 2017. Et pour l'instant, il n'est pas franchement emballé.
L’Afrique contaminée par la tactique européenne
« Je n’ai vu que des bouts de matchs, aucun en entier. Je zappais à chaque fois. C’est quand même pas terrible, pour l’instant. À force de rendre les équipes organisées, bien en place, avec des consignes tactiques qui correspondent à ce qui se fait en Europe, elles perdent toute leur spontanéité africaine. Et pour l’instant, c’est ce qu’il manque. La preuve, c’est que quasiment tous les favoris se sont fait accrocher. Le nombre d’équipes que j’ai vu dégager le ballon n’importe où, ne pas essayer de jouer, préserver un résultat n’importe comment… Ça ne correspond pas à l’Afrique, ça. On va voir comment vont se passer les deuxièmes matchs, mais bon, pour l’instant, ce n’est pas très enthousiasmant. Il faut peut-être un ou deux matchs aux joueurs qui évoluent en Europe pour se débrider, et retrouver leur nature africaine, par rapport à l’environnement. Mais pour l’instant, aucune équipe ne m’a impressionné. Au contraire, certaines m’ont déçu, à commencer par le Gabon. L’Algérie et le Maroc, aussi. Et puis la Côte d’Ivoire ! Elle a un gros potentiel, mais je n’ai pas vu une équipe de football. Je n’ai pas reconnu la plupart des joueurs. C’était n’importe quoi ! »
Stade vide et délocalisation
« En plus, il y a toujours ce problème de stade pas plein. C’est la grande différence avec chez nous : ils n’ont pas les mêmes facilités pour voyager, faire se déplacer les supporters. Et je pense que ça compte pas mal. Ils ont un état d’esprit festif, mais si dans un grand stade, vous n’avez que deux monceaux de supporters qui chantent et jouent de la musique, ça influe sur le jeu. Après, c’est vrai que le Gabon traverse une crise politique grave, donc peut-être que la CAF aurait dû anticiper et déplacer la compétition ailleurs. »
Benjamin Button
« Niveau football, j’ai bien vécu, que ce soit en Europe ou en Afrique. Donc maintenant, je regarde les matchs comme un spectateur, pas comme un technicien. Depuis que Loulou Nicollin m’a demandé de m’occuper de la cellule de recrutement, je rajeunis tous les jours. Au lieu de prendre un médicament, je regarde un match de U13, et c’est bon ! Ça me permet de bien dormir. Aujourd’hui, par exemple, je ne vais pas regarder Gabon-Burkina Faso, parce que je vais à une détection de U13. Et je peux vous dire que certains ont un talent fou, c’est plus rigolo à regarder que la CAN. Je serai peut-être mort le jour où ils joueront en pro, mais pour l’instant, ils me régalent. »
Propos recueillis par Mathias Edwards
Robert Nouzaret, ancien sélectionneur de la Côte d'Ivoire, de la Guinée et de la République démocratique du Congo, est notre consultant durant toute cette CAN 2017.