- CAN 2017
- Les news de la Nouze, épidose 3
Robert Nouzaret : « Du mauvais football européen »
Robert Nouzaret ne prend toujours pas de plaisir devant cette Coupe d'Afrique des nations. Mais l'ancien sélectionneur de la Côte d'Ivoire garde bon espoir que les matchs à élimination directe libèrent certaines équipes, qui proposent jusqu'ici un jeu qui le dérange. Alors Robert a un rêve : « J'espère qu'on va voir du football africain. »
Côte d’Ivoire
« Le choc de cette phase de poules, c’est quand même les éliminations de l’Algérie et de la Côte d’Ivoire ! La Côte d’Ivoire, c’est une nation qui arrive toujours au minimum en quarts de finale. J’ai plus un avis de spectateur qu’un avis de technicien, mais vu ce qu’ils ont montré, je ne suis pas surpris par l’élimination des Ivoiriens. On sentait qu’il manquait quelque chose au niveau de l’organisation de jeu, c’était fouillis. Mais c’était le cas de beaucoup d’équipes, lors des deux premiers matchs. Le discours d’Hervé Renard après l’élimination des Ivoiriens était celui d’un homme solidaire, expérimenté, qui sait qu’il aurait pu se retrouver à la place de Michel(Dussuyer, le sélectionneur de la Côte d’Ivoire, ndlr). Mais la presse ivoirienne n’est pas plus dure que les autres. Je l’ai subie, comme j’ai subi les médias guinéens et congolais, qui étaient peut-être les plus pitoyables. Dans l’ensemble, les médias africains réagissent sans délais, sans connaissances des dossiers. Il faut gagner des matchs. Sinon, tout ton travail ne compte pas. Mais le plus dur, c’est de mettre un plan de jeu en place. Quand tu n’as les mecs que deux ou trois jours par mois, c’est pas évident. Donc ce sont les joueurs qui, par leur expérience et leur intelligence, doivent faire la différence. Et je reconnais que dans ce domaine, le premier tour m’a pas mal déçu. C’était quand même bien ennuyeux. »
Algérie
« L’Algérie ne pouvait pas réussir, ils ont eu trois sélectionneurs en peu de temps. Christian Gourcuff a commencé à mettre les choses en place avant de partir, ensuite ils ont pris un mec à la va-vite (Milovan Rajevac, ndlr), avec des conditions contractuelles surprenantes quant aux échéances, et après, bon… C’est du court terme, tout ça. Une CAN, ça se prépare pas dans les trois semaines avant le tournoi. Donc finalement, leur élimination ne me surprend pas, surtout quand on voit comment ils ont joué. À la limite, c’est bien que ça se soit passé comme ça. Ça prouve que quand on fait des erreurs, on les paye. »
Guadeloupe
« Si je vous disais qu’un match m’a marqué depuis le début de la compétition, ce serait un mensonge. On a vu quelques bons trucs avec le Ghana, l’Égypte ou la Tunisie, mais j’ai été déçu. C’est dans les matchs à élimination directe qu’on va véritablement se rendre compte de la valeur des équipes. À partir de maintenant, j’espère qu’on va voir du football africain. Parce que jusqu’ici, on a eu droit à du mauvais football européen. Sincèrement, pour l’instant, aucun joueur ne m’a surpris. Mais attention, je n’ai pas vu tous les matchs ! Je vais essayer de regarder ça plus assidûment, même si je pars pour une semaine en Guadeloupe. Ça va me faire du bien, surtout au niveau de la météo. Je ne connaissais par Junior Kabananga, le meilleur buteur de la compétition. Mais oh, j’ai lâché un peu, moi. Il joue où ? Au Kazakhstan ? Il doit s’emmerder, là-bas. Il a quel âge ? Vingt-sept ans ? Ah ouais, donc il n’est ni vieux ni jeune. »
Propos recueillis par Mathias Edwards
Robert Nouzaret, ancien sélectionneur de la Côte d'Ivoire, de la Guinée et de la République démocratique du Congo, est notre consultant durant toute cette CAN 2017.