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Robert le Hardi

Par Adrien Candau
5 minutes
Robert le Hardi

Au Bayern, tout le monde s'est mis d'accord pour taper sur la politique de transfert inflationniste du PSG. Tout le monde, sauf lui. Pour Robert Lewandowski, le problème vient du club munichois, qui est trop près de ses sous. Signe que l'ancien de Dortmund n'a plus peur de se faire entendre. Peut-être parce qu'il sait qu'il est plus que jamais indispensable à l'attaque bavaroise.

D’Arjen Robben à Karl-Heinz Rummenigge en passant par Uli Hoeness, ils avaient tous accordé leurs violons. Avant d’affronter le PSG en C1 fin septembre dernier, les généraux du Bayern ne se sont pas privés de dénoncer la folie dépensière du club francilien. Un concert de critiques, qui vise un club « qui détruit le marché en payant de telles sommes, pour Neymar et Mbappé » , où s’est cependant dressée une voix contestataire. Celle de Robert Lewandowski. Qui persiste et signe : avant de s’en prendre au PSG, les Munichois devraient déjà se résigner à faire tourner plus souvent leur planche à billets.

Joute verbale avec Rummenigge

Alors que ses camarades munichois torpillent le PSG sauce qatarie, « Lewa » a décidé d’adopter une communication offensive à l’égard des siens : « À ce jour, le Bayern n’a jamais mis beaucoup plus que quarante millions pour un joueur » , balance-t-il au Spiegel début septembre. « À l’échelle internationale, c’est bien plus un chiffre moyen qu’un gros achat… Si tu veux jouer dans la cour des grands, il faut des joueurs de qualité. Si l’on veut attirer un joueur de qualité mondiale, le Bayern doit être plus créatif.  » Plus créatif et surtout plus dépensier, alors que le plus gros transfert du club bavarois est à ce jour celui de Corentin Tolisso, qui lui a coûté 41 millions d’euros.

Bien entendu, sa sortie critique a valu au Polonais de se faire descendre dans les jours suivants par le président du conseil exécutif du club, Karl-Heinz Rummenigge. Pour ce dernier, le buteur se cherche surtout une excuse pour quitter l’Allemagne, alors qu’on lui prête des envies de départ pour l’Espagne et le Real Madrid. Déjà chauffé par les déclarations de l’ancien de Dortmund, qui s’était permis de critiquer la pré-saison en Asie du club munichois, le dirigeant n’avait pas pris de gants pour recadrer sa star : « Il doit savoir que l’équipe de ses rêves, le Real Madrid, a voyagé pendant 24 jours cet été, soit le double du Bayern… Ceci étant dit, ce n’est pas la première fois qu’il parle mal de notre club et je sais que, derrière de telles déclarations, il y a son agent, Barthel… Le contrat de Lewandowski se termine en 2021 et, malheureusement pour lui, il n’y a pas de clause libératoire. »

Un recadrage viril, mais qui se révèle insuffisant. Fin septembre, les Munichois doivent encaisser un humiliant 3-0 au parc des Princes, qui conduit à l’éviction de Carlo Ancelotti. Ils font aussi un début de championnat en dessous de leurs standards habituels. De quoi donner une bonne raison à Lewandowski d’ouvrir grand son gosier début novembre, encore une fois : « Nous ne devons pas nous faire d’illusion… Nous avons une très bonne équipe, mais tout le monde sait que nous avons pas mal de joueurs qui sont vieillissants… Et chaque club a besoin de recruter un top player tous les deux ou trois ans pour renouveler l’équipe, lui injecter du sang neuf, de nouvelles qualités… » Le Polonais n’oublie pas de tacler sa direction sportive au passage, en avançant qu’il a besoin d’une doublure pour s’économiser un peu : «  Pour l’instant, il n’y a pas de remplaçant à mon poste, mais aucun joueur ne peut jouer 90 minutes tous les trois jours et toute la saison.  »

Il était une fois, Cristiano, Lionel… et Robert

Si Lewandowski parle sans crainte, c’est aussi parce qu’il a la légitimité pour le faire. Cette saison, l’attaquant a joué les quatorze rencontres de championnat de son équipe, n’étant que très rarement remplacé. Il a gambadé sur le pré 1190 minutes, alors que le Bayern a disputé cette saison en tout 1260 minutes sur les terrains de Bundesliga. Mais, malgré l’accumulation des matchs, le bilan du Polonais est plus colossal que jamais : quatorze rencontres, quatorze buts. Soit une moyenne d’un pion par sortie, la meilleure de sa carrière. De fait, depuis deux saisons, Lewandowski semble à son apogée. Et compte bien chatouiller les plus grands, tant qu’il est au sommet de son art : « Messi et Ronaldo ? Et pourquoi ne devrais-je pas me mettre en premier ? Quand j’ai quitté la Pologne, j’ai eu beaucoup de complexes – comme probablement tous les Polonais – en pensant que je suis plus mauvais que les autres. Mais pourquoi pas moi, pourquoi devrais-je me sentir en dessous de quelqu’un d’autre, si je peux lutter pour les mêmes choses ? » Des choses comme la C1, que « Lewa » s’inquiète de voir devenir un trophée hors de portée du Bayern si les Munichois ne se décident pas à faire chauffer leur carte bleue.

Le géant bavarois en aurait pourtant les moyens : économiquement, le club explose tous ses records, avec un chiffre d’affaires de 640 millions d’euros en 2016-2017 et un résultat net jamais-vu de près de quarante millions d’euros. Une gestion exemplaire qui, selon la direction, paiera à terme sur le plan sportif. « Il va arriver un moment où tous ceux qui dépensent autant d’argent ne pourront plus se payer une baguette, dégaine Uli Hoeness. Une seule équipe peut gagner la C1 chaque année. Les payeurs vont dire : « Nous avons mis tellement d’argent pour rien. Ras le bol ! » Et là, notre heure viendra. » À près de trente ans, Lewandowski, lui, n’a plus trop le temps d’attendre et compte bien prendre sa revanche ce mardi face au PSG, à l’Allianz Arena. Et en cas de défaite des siens, nul doute que Robert aura encore des choses à dire.

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Par Adrien Candau

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