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Roberge : «Tu sens que le Portugal ne va pas bien»
Ancien joueur des réserves de Guingamp et du PSG, Valentin Roberge retrouve jeudi soir une équipe française (Bordeaux) avec son Maritimo en Europa League. L'occasion de parler de son parcours, de la crise économique, de Madère et...des Portugais.
Tu t’es mis au portugais ou tu la joues comme Lisandro ?Non, non, j’apprends le portugais bien sûr. J’arrive à comprendre les autres et à me faire comprendre, je progresse, même si je ne suis pas un as en la matière.
Ils sont différents, les Portugais du Portugal par rapport à ceux de France ?Ouais, tu sens qu’il y a une différence entre les gens d’ici et ceux qu’il y a en France. Je ne saurais pas trop te dire quoi… (il réfléchit). Ah, si, les Portugais sont très gentils ici. Après, bon, j’habite à Madère et je connais moins bien la métropole, donc ce que je te dis est peut-être faux pour le reste du pays.
C’est comment, la vie à Madère ?Bah écoute, l’île est magnifique. Il fait beau toute l’année et l’hiver est doux, même si en ce moment, il pleut pas mal. C’est un bon cadre de vie, je ne me plains pas. Au final, je dirais que ça ressemble pas mal à la Corse. Sans parler du paysage ou du climat, les gens sont plus « Madeirenses » que Portugais. Ils sont très fiers de leur île et il y a même pas mal d’indépendantistes.
Parlons de ton parcours…C’est quoi le truc ? T’es sponsorisé par la crise économique ou quoi ?(Il se marre) La Grèce et le Portugal… C’est vrai qu’il y a mieux en termes économiques. Encore que, quand je suis arrivé en Grèce, ce n’était pas vraiment la crise comme maintenant. Les médias en parlaient un peu, mais ça n’avait pas encore pris des proportions aussi énormes. Au Portugal par contre, en tout cas à Madère, tu sens que le pays ne va pas bien.
Comment ça?Par exemple, quand je me suis installé à Funchal, toutes les boutiques du centre commercial à côté de chez moi étaient ouvertes, et aujourd’hui, il y en a déjà cinq ou six qui n’existent plus. Et puis il est moins fréquenté. Sinon, à Maritimo, on a un stade en rénovation depuis plusieurs années, avec une tribune inutilisable, mais les travaux sont arrêtés. On manque de moyens parce que, d’après ce que j’ai pigé, le président ne touche plus d’aides de la part du conseil régional de Madère.
La crise touche directement les joueurs au Portugal ?Oui, un peu. J’ai entendu dire qu’il y avait quelques retards de paiement chez nos voisins (ndlr : le CD Nacional). Il y a eu le cas Leiria l’an passé aussi. Mais à Maritimo, on a de la chance. Le président est toujours réglo avec nous. Et puis faut dire qu’on a eu de la chance en nous qualifiant pour les barrages de l’Europa League. Grâce à ça, le club a un peu de marge et tout le monde touche sa paye.
Ça s’est passé un peu différemment, quand tu étais en Grèce…Au début, tout allait bien à l’Aris. J’ai fait une grosse première saison là-bas, titulaire indiscutable et tout. Donc du coup, j’étais en partance pour Santander. Sauf qu’au dernier moment, le club m’a bloqué, et donc je suis resté. La deuxième saison, c’était plus dur. Je ne jouais plus trop, et le club a commencé à ressentir les effets de la crise. Quelques joueurs se retrouvaient avec plusieurs mois de salaire en retard, et j’en faisais partie. Je me suis retrouvé avec très exactement cinq mois de retard. Ensuite, j’ai eu de la chance. Mon entraîneur a fait le forcing pour que le club accepte de résilier mon contrat avec la garantie de payer mes mois de retard. En échange, je n’ai plus le droit de jouer dans un autre club grec avant 2013, date de la fin de mon contrat initial avec l’Aris. C’était chiant, parce que j’avais une très bonne réputation là-bas, j’aurais pu atterrir dans un gros club. Mais j’ai dû repartir à zéro. Je suis resté six mois au chômage et je suis donc parti à Maritimo.
Tu t’en sortais comment pendant ces mois où tu ne touchais pas de salaire ?Je n’ai jamais eu de problèmes financiers parce que je ne suis pas du genre à flamber et à claquer mon argent comme un con. Grâce à ma première très bonne année à l’Aris, j’ai pu mettre un peu de blé de côté. De toute façon, avant de signer en Grèce, on m’avait prévenu qu’à un moment donné, je devrais forcément faire face à des retards de salaire. Et puis j’ai une famille. Tout ça fait que je m’en suis bien sorti.
Au Portugal ou en Grèce, la crise se ressent dans les tribunes ?Comme je l’ai dit, quand je suis arrivé en Grèce, ce n’était pas encore complètement la crise. Donc j’ai toujours joué dans des stades pleins. Après, peut-être que ça n’a rien à voir et qu’aujourd’hui, les gens continue d’aller au stade. Par contre, au Portugal, c’est vrai que parfois on joue presque à huis clos. A part quand on joue contre les gros, les gens ne viennent pas nous voir. Je ne sais pas comment c’était avant, mais je pense que la crise a sans doute un rôle dans cet aspect du paysage portugais.
Et en Europa League, c’est commentn?
Les gens viennent, même si c’est en milieu de semaine. Face à Newcastle, c’était pas mal ! Le stade était quasiment rempli. Bon après, ce qui est con, c’est qu’une de nos tribunes est fermée, donc forcément on peut accueillir moins de monde. Contre Bordeaux, je pense que les gens seront aussi présents.
Parlons foot. C’est qui la perle de votre équipe ? Celle qui va être vendue à Porto ou Benfica, puis qui va partir au Real Madrid pour 40 millions d’euros ?On n’a pas vraiment de gros joueur. Je dirais qu’on est plutôt un collectif fort qui joue ensemble depuis deux ans voire plus, et que c’est sur ça qu’on base notre jeu. On a à peu près la même équipe que l’an passé. On n’a pas trop recruté cet été mais notre qualification pour la C3 nous a permis de garder nos meilleurs joueurs.
Petit pronostic pour ce soir?
Oui. Je dirais 1-0 pour Maritimo. On n’est pas du tout favoris dans ce groupe qui est plutôt compliqué, mais je pense que ce n’est pas impossible d’en sortir, même si on n’a pas trop bien commencé. En tout cas, on attend les Girondins !
Propos recueillis par William Pereira