- Copa Sudamericana
- 1/2 finale retour
- River Plate/Boca Juniors (1-0)
River vainc la malédiction
Dans son Monumental, River a enfin réussi à sortir Boca d'une coupe continentale (1-0). Après le triste 0 à 0 de l'aller, le Superclásico argentin a cette fois offert du spectacle. Et pas seulement en tribunes.
River Plate/Boca Juniors : 1-0But : Pisculichi pour River
C’est officiel : River Plate a retrouvé le sourire. Après la plus grande humiliation de son histoire, la relégation en deuxième division, le Millonario est redevenu « El mas grande » . Un titre de champion en juin, puis ça : une qualification pour la finale de la Sudamericana, en sortant le rival historique, Boca Juniors, pour la première fois de son histoire. La malédiction est vaincue. Et pourtant, le destin semblait avoir encore choisi l’autre camp. Devant plus de 60 000 fans de la bande rouge, Boca obtient l’un des pénos les plus rapides de l’histoire, mais le cousin de David Gigliotti le rate. Pisculichi, l’homme de Gallardo, inscrira le seul but de la soirée. La fin d’année s’annonce palpitante pour River, en course pour le doublé. Boca, lui, n’a que ses yeux pour pleurer.
Dix secondes de jeu, péno
Depuis une semaine, les deux camps se renvoyaient la balle. Selon les hinchas de Boca, River et « son soi-disant jeu léché » avaient pourri le match aller en ne faisant que défendre lâchement le 0-0. Les Gallinas, elles, assuraient que tout était la faute de Boca, incapable de se procurer une occasion franche dans sa Bombonera. Il y avait, aussi, les tentatives d’intimidation : « en 2014, la supériorité de River ne fait pas de doute » d’un côté ; « Boca a l’esprit de coupe, et a toujours éliminé son ennemi » de l’autre. En réalité, sur le terrain comme dans les tribunes, le sentiment qui domine peu avant le coup d’envoi est le même dans les deux camps : la peur de perdre. Il faut attendre 20h30 pour voir le Monumental prendre des couleurs et de la température. Les ballons gonflables rouge et blanc garnissent les tribunes et les banderoles sont déployées. Fumées épaisses, pétards, feu d’artifice, le tout à quelques mètres des avions qui survolent un à un le stade pour atterrir à l’Aeroparque.
C’est dans ce décor exceptionnel qu’après à peine dix secondes de jeu, Mercado découpe Meli en voulant dégager. Péno. Le Puma Gigliotti – qui remplace El Comandante Chávez, blessé – s’élance, Barovero détourne. La soirée commence fort. Le duel se répète quelques minutes plus tard, quand Carrizo s’échappe plein axe et tente sa chance. Barovero repousse difficilement, Gigliotti va conclure, mais non, le capitaine local, plutôt chanceux sur le coup, sort encore vainqueur. La délicieuse patte gauche de Pisculichi fait nettement moins dans le détail : un ballon qui traîne dans la surface, petit filet opposé, 1-0. À la pointe de River, Teo, un ou deux tons au-dessus du reste techniquement, fait respirer les siens et lever la foule. Derrière, Vangioni n’hésite pas à tacler avec la tête pour empêcher Calleri de passer. Au milieu de terrain, Gago essaye d’exister, mais Leo Ponzio, avec qui il s’est bagarré tout le match aller, le déconcentre trop facilement. Touché, le vice-champion du monde doit même laisser sa place. Avant de rejoindre les vestiaires, Gigliotti a droit a un troisième face-à-face. Encore raté. Sale première période pour Boca.
Fuenzalida entre, puis sort
Avec une seule occasion franche, River mène au score, mais ses fans ne sont qu’à moitié rassurés. Car l’avantage tient du miracle. Depuis deux ou trois semaines, l’équipe a perdu de sa superbe. Elle ne pose plus le pied sur le ballon, ne marche plus sur ses rivaux et souffre derrière. Mais ce soir, elle a un grand gardien et de la réussite. Le début du second acte change de scénario : Boca n’arrive plus à s’approcher du but de Barovero. Il faut dire que quand le ballon circule entre les pieds du trio Sánchez (nouvel international uruguayen)-Teo-Piscu, c’est une autre histoire. Sans Gago, le milieu xeneize n’a plus la même influence. Arruabarrena cherche la clé et surprend : Fuenzalida, l’homme qui avait remplacé Gago en première période, fait son retour sur le banc. C’est Andrés Chávez, pas à 100%, qui vient enrichir l’attaque jaune et bleu pour le dénouement de la soirée.
Ça se crispe. Les locaux n’ont pas su enfoncer le clou pendant leur temps fort. Ils reculent. Prennent de moins en moins de risques, perdent facilement leurs ballons de relance. Dans les tribunes, ça se bouffe les ongles. Les chants ne suivent plus. Carlos Sánchez se précipite et gâche deux belles balles de break. Le match retrouve des allures de l’aller : fermé, haché, chiant. Boca qui attaque maladroitement, River qui repousse tout, le plus loin possible. Le Vasco lance sa dernière arme : Gonzalo Castellani. Mais il n’y a plus aucun espace, Gallardo a fermé la boutique. C’est désormais une bataille dans laquelle Boca ne trouve pas de second souffle. Le chrono tourne, la fin approche, le stade reprend de la voix, les appareils photos s’allument. C’en est trop pour ce vieux Cata Diaz, qui craque comme un bleu et envoie un coup de latte stupide à Teo Gutiérrez. Rouge direct. Fin du match, feu d’artifice, folie. Enfin, River a sorti son ennemi. Mais que ce fut dur.
Par Léo Ruiz, à Buenos Aires