- Argentine
- River Plate
River au bord du gouffre
Battu (2-0) par l'Atlético Belgrano en match aller de Promoción, River Plate n'a jamais été aussi proche de la relégation. Dénouement du mélodrame dimanche au Monumental.
Depuis décembre 2008 et une dernière place en championnat, River Plate n’en finit plus d’attrister ses supporters. Emporté dans une spirale négative sans fin, le club le plus titré d’Argentine (trente-trois titres de champion glanés depuis 1931, sans compter deux Copa Libertadores et une Coupe Intercontinentale) est au bord du gouffre en ce début d’hiver austral à glacer le sang de ses fanatiques. Contraint de disputer un barrage aller-retour contre l’Atlético Belgrano de Córdoba, quatrième de seconde division, les Millonarios ont bien mal entamé leur série, en s’inclinant 2-0 dans l’enceinte du Gigante de Alberdi, mercredi soir. Depuis leur défaite contre Lanús (2-1), samedi lors de la dernière journée de championnat, les images du club de Nuñez tournaient en boucle sur la plupart des chaînes du pays, faisant monter chaque jour un peu plus la pression sur la formation de Juan José Lopez. Arrivée de l’équipe à l’aéroport de Córdoba puis à son hôtel, indiscrétions aux entraînements, départ de l’hôtel, arrivée au stade : aucun acte de ce mélodrame n’a fait défaut sur les petits écrans auxquels étaient suspendus des millions d’Argentins hier soir. C’est dans ce climat d’extrême tension, au bout d’une saison médiocre mais pas catastrophique (River a terminé à la 4e place du Tournoi d’ouverture en décembre dernier et 9e du Tournoi de clôture qui s’est achevé le week-end dernier, mais paye quatre saisons antérieures ratées, prises en compte dans le système de relégation mis en place par l’Afa : 20e au Tournoi d’ouverture 2008, 8e au Tournoi de clôture 2010, 14e au Tournoi d’ouverture 2010, 13e au Tournoi de clôture 2011), que Matias Almeyda et ses coéquipiers ont disputé leur match aller de Promoción (relégation/montée).
Chronique d’une mort annoncée
Sans miracle, River Plate a joué comme il joue depuis plusieurs mois : avec un manque de créativité effarant, se révélant incapable d’enchaîner correctement plus de trois passes dans les pieds et laissant une impression de passivité assumée. Face à une équipe de Belgrano bien en place sans être géniale, les Millonarios se sont fait marcher dessus en début de rencontre, jusqu’à ce qu’une main stupide d’Adalberto Roman ne vienne sanctionner cette domination et offrir à leur rival du jour un pénalty mérité, transformé férocement par César Mansanelli (26e). Désespérés et désespérants, voire exaspérants, ils se sont de nouveau fait avoir sur un coup bien senti par l’avant-centre César Pereyra, au retour des vestiaires (50e). Cette saison, chaque fois que l’on pense que River Plate a définitivement touché le fond, le sol se dérobe un peu plus sous ses pieds. Ces dernières semaines, ce sont les boulettes de Juan Pablo Carrizo contre Boca Juniors et San Lorenzo qui ont fait le buzz. Hier, trois minutes après le deuxième coup de massue de Belgrano, alors que River réussissait sa meilleure incursion dans le camp adverse depuis le début de la deuxième période, trois hinchas (supporters) ont pénétré sur la pelouse, rapidement suivis par une poignée de moutons de panurge. L’un d’entre eux, cagoulé, s’en est pris à Adalberto Roman. Les clichés qui montrent le défenseur paraguayen aujourd’hui dans la presse, poussé dans le dos par ce supporter, reflètent le sentiment de peur et d’impuissance qui habite les joueurs riverplatenses et le climat délétère qui les entoure.
Les joueurs pris a partie sur le terrain !
Vingt minutes d’interruption seront nécessaires pour évacuer les fauteurs de troubles et encadrer la tribune visiteuse, afin d’éviter de nouveaux débordements. Visiblement piqués au vif, les Blanc et Rouge montrent alors un autre visage, plus conquérant, à la reprise du jeu. Belgrano fait bloc, profite de rares contre-attaques, et parvient à conserver ses deux buts d’écart. Cela fait plus de quatre mois (le 20 février dernier contre Huracan, 2-0) que River n’a plus remporté de rencontre par deux buts d’écart. Si les Millonarios veulent éviter les railleries de leurs plus grands rivaux, Boca Juniors et Independiente, les deux seuls autres clubs de Primera à n’avoir jamais connu la relégation, ils vont devoir cravacher dimanche après-midi pour se sauver de ce marasme. Ce sera sans leur capitaine emblématique, Matias Almeyda, qui a reçu son cinquième carton jaune de la saison et qui sera donc suspendu, tout comme Adalberto Roman et Paulo Ferrari. C’est peu dire que le ciel s’est assombri du côté de Nuñez…
Florent Torchut, à Buenos Aires
Résumé de la rencontre
Par