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Rivalités : 7 histoires de désamour

Par Adel Bentaha et Tom Binet
8 minutes
Rivalités : 7 histoires de désamour

Marseille-PSG, Inter-Juventus, Barça-Real, Manchester United-Liverpool, Ajax-PSV ou même RB Salzbourg-Sturm Graz... Le week-end s’annonce chargé en forts antagonismes nationaux à travers le continent. Mais loin de ces grands classiques, certains clubs entretiennent des rivalités plus insolites, sur fond de tensions sociales et politiques, ou tout simplement du fait d’antécédents plus ou moins improbables.

Brighton-Crystal Palace

70 kilomètres et une autoroute : la M23. Voilà ce qui sépare Brighton, petite ville côtière du sud de l’Angleterre, et Crystal Palace, club de la banlieue sud de Londres. Ce ne sont pourtant pas les rivalités qui manquent au sein de la capitale britannique, mais les Eagles ont choisi la leur : ce sera avec Brighton. Un désamour construit notamment dans les années 1960, alors que les deux anciens coéquipiers et ennemis jurés à Tottenham Terry Venables (Crystal Palace) et Alan Mullery (Brighton) dirigent la destinée des deux clubs en troisième division. En 1976, Palace sort Brighton en match d’appui de FA Cup grâce à un penalty retiré (et manqué) qui provoque la colère de Mullery. Touché au visage par une tasse de café brûlant, ce dernier jette sa monnaie à la face des supporters londoniens en leur criant : « C’est tout ce que vous valez ! » Liés, les deux clubs le sont jusque dans leurs surnoms respectifs, puisque aux Eagles (aigles) de Palace répondent les Seagulls (mouettes) de Brighton, d’abord dans les chants des tribunes, puis dans l’identité du club et jusqu’à son blason.


Naples-Hellas Vérone

La rivalité entre le Napoli et le Hellas Vérone est celle, bien connue, entre le nord et le sud de l’Italie et de leurs multiples oppositions. Un derby qui prend tout son sens au fil des années de plomb, puis dans les années 1980, sur fond de dédain permanent envers les méridionaux. En particulier lors du transfert de Dirceu depuis Vérone vers le Napoli en 1983. Lors de son retour au stade Bentegodi, le Brésilien est accueilli d’une charmante banderole : « Maintenant, tu n’es plus étranger, Naples t’a accueilli dans le continent noir. »

Les Brigate Gialloblù, qui rassemblent les ultras véronais, n’en sont pas à leur coup d’essai, eux qui souhaiteront la « bienvenue en Italie » à Maradona un an plus tard. Dommage pour eux, le Pibe de Oro a parfaitement conscience d’où il met les pieds et se charge personnellement de leur infliger un violent 5-0 dès sa deuxième saison dans la Botte. Une passe d’arme par banderoles interposées dans laquelle les Napolitains ne sont pas en reste, n’hésitant pas à s’en prendre aux amants de Vérone : « L’histoire l’a montré : Juliette est une putain et Roméo est cocu. »


Côme-Modène

D’une rivalité sportive a failli naître une tragédie. Voilà qui résume en partie la farouche opposition liant le Como Calcio au Modena FC. Premier épisode : le 7 mars 1999. Cette banale rencontre de championnat s’est conclue par un nul (2-2), des accusations de corruption visant les Modénois, une bagarre générale dans le tunnel et un détour par le tribunal administratif de Lombardie. Deuxième épisode : le 19 novembre 2000. En cet après-midi automnal au stade Giuseppe-Sinigaglia de Côme, la lutte pour la promotion en Serie B s’est transformée en pugilat. Les bagarres entre supporters ont alimenté les 90 minutes d’une rencontre étouffante, tandis que sur la pelouse, deux joueurs sont exclus, dont le capitaine des Lariani, Massimiliano Ferrigno. Et c’est de ce dernier que tout part.

Loin de décolérer au coup de sifflet final, il rejoint les vestiaires visiteurs pour en découdre et tombe sur Francesco Bertolotti, un adversaire avec qui il s’était déjà pris le chou en fin de partie. L’explication est violente, le coup de poing de Ferrigno l’est encore plus. Bertolotti s’écroule, victime d’une double hémorragie intracrânienne et d’un traumatisme crânien. Triste ironie de l’histoire : les deux hommes évoluaient ensemble trois ans auparavant à Brescello. Francesco Bertolotti se réveillera après dix jours de coma, mais ne rejouera plus jamais au football. Massimiliano Ferrigno écopera quant à lui de quatre ans de suspension. Depuis, les supporters de Modène n’ont jamais oublié, et chaque confrontation entre les deux équipes amène avec elle son lot d’instabilités.


Mohun Bagan-East Bengal FC

C’est l’histoire de l’un des plus vieux derbys du monde, dont la première édition s’est jouée en 1925. L’histoire d’un divorce, aussi, entre le club de Mohun Bagan, créé en 1889 et celui d’East Bengal, fondé en 1920 par les Bengalais, trop régulièrement mis à l’écart chez leurs rivaux. Près de cent ans plus tard, le derby de Kolkata (Calcutta, en VF) est l’un des rares matchs de football à s’être fait une place à part entière dans la culture indienne, pas franchement portée sur le ballon rond.

Un affrontement capable d’attirer plus de 100 000 personnes au stade et de laisser quelques souvenirs mémorables. Comme lors de cette demi-finale de la Durand Cup 1957, lors de laquelle East Bengal se retrouve mené 2-1 à la pause. Un cérémonial religieux plus tard (le secrétaire du club touche un à un les pieds des joueurs pour les bénir), voilà l’équipe qui renverse la rencontre pour l’emporter. Une rencontre qui fut également parfois à l’origine de scènes de violence, comme en 2012, quand les joueurs de Mohun Bagan refusent de jouer la seconde période, craignant pour leur sécurité après des incidents en tribunes.


Norwich – Wolverhampton

Difficile d’imaginer une rivalité entre deux bourgades anglaises distantes de 275 kilomètres. Et pourtant, un seul tacle aura suffi à déclencher le désamour entre Norwich à Wolverhampton. Le 12 décembre 1998, c’est effectivement le moment choisi par le boucher (encore chevelu) Kevin Muscat pour découper Craig Bellamy, 19 ans à l’époque. Une semelle dans le genou du Gallois pour un bilan conséquent : une rotule brisée net, une perte de connaissance en raison de la douleur et cinq matchs seulement disputés dans les deux années qui suivront. L’incident est marquant et lance un antagonisme sérieux entre les clubs.

La demi-finale de play-offs du 1er mai 2002 en est par ailleurs un exemple. La qualification de Norwich, obtenue au Molineux Stadium, a ainsi entraîné de violents affrontements aux abords de l’arène. Sur le terrain, Iwan Roberts essaiera même de « venger » son ancien coéquipier et compatriote Bellamy en tentant de briser le dos de Muscat ! Désormais, et dès qu’ils en ont l’occasion, les fans des Canaries n’hésitent donc pas à entonner leur célèbre « We only hate Wolves and Ipswich ! », histoire de maintenir la flamme.


Malmö FF-FC Copenhague

Deux clubs, deux pays, un derby. La Scandinavie a l’art du concept. Son nom : L’« Øresund derby » (le derby du pont de l’Øresund). Cette voie routière et ferroviaire relie en effet les villes de Malmö, en Suède et de Copenhague, au Danemark. Car dans cette rivalité, c’est bien de légitimité qu’il s’agit : celle de deux formations visant à devenir les plus respectées de la région. Une opposition sur fond de prestige donc, exacerbée par les supporters du Malmö FF, las de la prétendue arrogance des richissimes Copenhagois.


Une opposition peu commune, pour des équipes qui ne se sont finalement affrontées qu’à cinq reprises. Et parmi ces confrontations, celle du 28 avril 2005 en Royal League (compétition amicale disputée par les clubs scandinaves entre 2004 et 2007, NDLR) a déchaîné toutes les passions. Les ultras du FCK s’en sont violemment pris à leurs homologues suédois, le tout facilité par une police laxiste, voire même complice de ces méfaits. Le déchirement est total, créant même une brève polémique diplomatique entre les deux monarchies. L’amour-haine entre ces clubs n’a donc jamais cessé de croître, en témoigne leur dernière confrontation datant de la saison 2018-2019 en Ligue Europa. Lors de la manche aller, plus de 10 000 Danois – avec et sans tickets – s’étaient ainsi rendus en Suède avant de remettre le couvert au retour, en enflammant littéralement la tribune nord du Parken Stadion. En attendant la suite.


St. Pauli – Hansa Rostock

D’un côté, un club à l’identité antifasciste établie. De l’autre, une institution dont les ultras cultivent (ou surjouent) des valeurs conservatrices assumées. Tout commence à l’aube des années 1990. Le mur de Berlin est tombé, mais l’Allemagne fait face à un nouveau fléau : les mouvements néo-nazis. Au nord-est du pays, la ville portuaire de Rostock en est un fief suffisamment visible pour attirer la surveillance des autorités. Les tensions montent d’un cran début août 1992 quand des foyers de migrants roumains et vietnamiens sont saccagés par une dizaine d’individus, dont une majeure partie se revendique de la Südtribune, celle des ultras du Hansa. Des événements tragiques qui entraînent la réaction des fans de St. Pauli quelques jours plus tard lors du match entre les deux équipes. Le 12 août, l’entrée de l’Ostseestadion est le théâtre de multiples bagarres, d’arrestations aussi violentes que nombreuses, et ce match gagne un nom : celui de « Fear Derby » (le Derby de la peur).

Scénario similaire en décembre 2011, toujours à Rostock. Les supporters locaux, visiblement déchaînés, imbibent d’essence puis brûlent plusieurs maillots des Kiezkicker, tirent des fusées éclairantes en direction de la tribune visiteur et vont même jusqu’à vider une cagette de bananes devant la cage adverse. Une insulte dégoûtante adressée aux joueurs étrangers de l’effectif hambourgeois pourtant régulièrement reprise par les propres supporters de St. Pauli. La raison ? Le fruit jaune, souvent décrit comme une denrée rare et chère, symbolise les difficultés économiques des villes de l’ancienne Allemagne de l’Est et par conséquent de Rostock. Un geste peu glorieux que l’on retrouvera peut-être ce dimanche, à l’occasion de la dix-neuvième confrontation entre les deux protagonistes.

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