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Rien de nouveau sous le soleil, profitons-en

Par Théo Denmat
4 minutes
Rien de nouveau sous le soleil, profitons-en

C'est un fait : l'équipe de France n'a jamais été à l'aise avec les entames de ses campagnes d'éliminatoires. Pourtant, ce vendredi soir en Moldavie, les Bleus ont marqué quatre fois et réalisé leur meilleur départ depuis près de 25 ans. Alors, on arrête de faire la fine bouche ?

En milieu de match, les mots sont tombés de la bouche de Grégoire Margotton comme une lame de guillotine sur la nuque de la royauté : « La Moldavie a le niveau d’une équipe moyenne de Ligue 2. Et encore, moins pour certains joueurs. » Des champions du monde contre une Ligue 2. L’équipe de France face à Châteauroux. Dès lors, et ce sera tout l’objet des écrits à venir dans les prochaines heures, en attendant l’Islande (lundi 25, 20h45), quel crédit accorder à cette raclée ? Ce soir à Chișinău, les Bleus ont planté quatre buts, auraient pu en mettre le double, et en ont encaissé un, sur la seule incursion moldave du match, au bout d’une action en deux temps conclue d’un pointu à bout portant d’Ambros à une minute du terme.

Factuellement pas dégueulasse pour un match qualificatif à l’Euro 2020, qui plus est pour une entrée en matière, qui plus est à l’extérieur. Alors, avant les premières critiques : l’équipe de France, et c’est ainsi qu’il faut le concevoir, n’a pas à se soumettre à la dictature de la branlée. Ne pas coller une bulle à la Moldavie pour un match de reprise importantissime, quatre mois après son dernier rassemblement, n’a rien d’un scandale. Tout va bien, et c’est peut-être le drame de la soirée : d’un match dont on ne tire aucun enseignement, il est plus facile de pinailler que de se réjouir.

Le passé, toujours le passé

Le titre mondial de l’été dernier condamne la France à l’excellence, comme les millions condamnent le PSG à la même chose. Dans l’opinion publique, qu’elle concerne le « peuple » ou les médias, ces Bleus-là n’ont plus rien d’une bête indomptée et informe, dont on pardonnerait les failles avec tendresse parce que, finalement, c’est une jeune génération qui n’a encore rien accompli. Non. Désormais, il faut gagner, emmagasiner, démontrer, impressionner. Chaque rencontre est une missive envoyée aux autres en mondovision, un « observez comme on le mérite, ce trophée » , qu’il serait ce soir aisé de réduire à ce simple constat : « Oui, mais Didier, ce soir vous avez joué contre des peintres… » Oui. Probable. La Moldavie n’est pas la 170e nation mondiale pour rien, et son sélectionneur affirmait récemment que les siens allaient rentrer dans l’histoire pour le simple fait de « jouer contre la meilleure équipe du monde » . À partir de là…

Deschamps, lui, avait appelé avant la rencontre au « respect » , rappelant à qui voulait l’entendre qu’il n’y avait pas « de match idéal » , même si celui-ci en présentait sacrément les traits. En réalité, il appuyait son propos sur le passé, comme pour ses listes : les entames d’éliminatoires n’ont jamais été les périodes favorites des Bleus. Il y avait eu le 1-1 contre l’Islande avant l’Euro 2000, le 0-0 contre le Luxembourg plus récemment, et d’autres. On peut chercher la petite bête, on peut affirmer – à raison – que l’équipe de France aurait dû en mettre au moins deux de plus pour soigner sa différence de buts, mais le constat est là : le 4-1 du soir est le meilleur résultat français pour une entame de campagne de qualification depuis un match contre le Luxembourg, pré-Mondial 1986.

Qu’offrir face au vide ?

On n’a peut-être rien appris, si ce n’est que Kingsley Coman se dirige lentement vers une carrière d’urgentiste, mais les acquis sont toujours là. Avec une petite semaine de révision, cela fait du bien d’en être conscient : tant que Griezmann et Pogba feront partie de cette équipe de France, tout ira bien. Quant à la baisse de régime du onze après les trois buts en dix minutes de la première période, on peut difficilement en vouloir à des types qui jouent soixante matchs par saison de lever le pied par intermittence. Tout va bien. On pourra évoquer l’attitude de Mbappé, cette volonté incessante de marquer que l’on loue chez Ronaldo et vilipende parfois chez le gamin.

On pourra parler des centres en tribunes de Kurzawa, habituel numéro 4 dans la hiérarchie des latéraux français, ou encore de ce but encaissé à la dernière seconde alors qu’Umtiti jouait seulement son quatrième match depuis septembre. Il y a dix ans, la France bégayait quand il s’agissait de jouer contre les petits, pour peu que sa pelouse compte deux nids de poule. Comment contourner un bloc bas ? Comment faire plier dans l’axe un groupe si regroupé ? Tout est devenu si facile. Profitons-en. Une fois n’est pas coutume, la France est en tête de son groupe.

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