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Rien de neuf
L'Equipe de France joue maintenant depuis deux matchs en 433, avec un seul type devant la défense. C'est acté. Mais aussi avec Nicolas Anelka en tant qu'avant-centre des Bleus. Le pauvre...
Nicolas Anelka est donc le titulaire en pointe du système français. En soi, c’est déjà une nouvelle. Le poste a été longtemps trusté par Thierry Henry, malgré sa méforme et le fait qu’il joue à gauche. En 2006, déjà, on se demandait le bien-fondé de la titularisation du Titi en pointe. Ensuite, Henry a enfin accepté de jouer à gauche, mais n’ayant plus les jambes, il a redemandé à jouer en pointe. Logique. Sauf que maintenant, il n’a plus les jambes du tout, même pour jouer en pointe… Mais à la fin, le poste semblait devoir lui revenir. Comme d’habitude. Pour une fois, son statut actuel de remplaçant ne semble pas être un nouveau bluff de Domenech, et il n’y a qu’à voir ses entrées pour en être certain… Il est vraiment trop cramé. Court d’ailleurs ces derniers temps une rumeur comme quoi Henry ne faisait pas initialement partie des 23, que Domenech serait venu le lui dire lui-même en Catalogne, qu’Henry l’aurait alors convaincu d’en être quand même, que Raymond lui aurait dit quelque chose du style « Ok mais en joker coco ». Une révélation de Canal Plus hier soir lors de l’émission “Canal Football Club”, qualifiée de ragot par Ray Mundo après le match contre la Tunisie..
Derrière Henry, le poste semblait promis à Karim Benzema. Mais à force de trop demander et de ne pas assez montrer, à force de ne pas définitivement convaincre, Karim a raté le coche. Non seulement, ce n’est pas lui l’avant-centre de la France, mais en plus, il n’est pas dans le groupe. Sans doute parce qu’il aurait été compliqué de se traîner son blues de remplaçant tout au long de la compétition. Entre donc ici Nicolas Anelka. L’éternel dindon de la France va enfin disputer sa première coupe du monde avec la France. Et en tant que titulaire qui plus est. On a du mal à y croire, on se dit qu’à la fin, comme toujours, le meilleur attaquant français de sa génération (Deschamps, un soir où la France s’était imposée à Wembley grâce à deux buts de Nico : « Anelka, c’est notre Ronaldo à nous » ) va se faire couillonner quelque part… Cette fois, pourtant, on semble quand même bien parti pour le voir titulaire, au moins au premier match…
Anelka avant-centre de la France donc. Même si ce n’est pas son meilleur poste (qui est celui de neuf et demi), lors de la dernière absence de Drogba pour la CAN, Nico avait régalé au poste d’avant-centre. A priori, il sait faire. Toutefois, avant le match contre la Tunisie, Domenech a passé pas mal de temps avec Anelka, à parler réglages, positionnement, petits détails qui font la différence. Ou pas. Comme contre le Costa Rica, Anelka n’a pas vraiment brillé… N’a pas su trouver sa place, peser sur le jeu, se montrer dangereux. C’est simple, son principal souci était de veiller à ne pas se trouver sur la trajectoire d’une frappe de l’un de ses coéquipiers… Du coup, trop isolé de ses partenaires dans ce schéma à son goût, pas assez servi, Nico a une nouvelle fois dézoné total. Trop bas, trop attiré par le ballon, le jeu, il a du coup délaissé l’axe et la profondeur. Ce qui est quand même le boulot premier d’un neuf… Alors, certains préconisent même son remplacement par Gignac ou Cissé. Gignac ou Cissé… Faut pas déconner. Autant ils feront de parfaits remplaçants prêts à tout donner pendant dix minutes, c’est d’ailleurs pour ça qu’eux ont été pris et pas Benzema, autant en faire des titulaires en puissance est un peu fort de café. Mais ces remarques expriment au fond une cruelle vérité : Nico déçoit.
Reste à savoir si dans les mêmes conditions, un autre attaquant ferait mieux. Pas sûr. Déjà, on le répète, le jeu penche trop à gauche, ce qui contribue au mauvais placement d’Anelka. Si le jeu était plus équilibré entre la gauche et la droite, il resterait alors davantage dans l’axe. Ensuite, le ballon met souvent trop de temps pour parvenir à Anelka. Quand les milieux offensifs arrivent en bonne position, ils ont alors tendance à forcer un peu et à oublier leur avant-centre. Du coup, comme Anelka n’est pas le plus patient, qu’il pense sans doute ne pas être plus maladroit que les autres dans la construction (et il n’a pas tort), il dézone et vient renforcer un milieu déjà bien chargé. Soit mot pour mot ce qu’on disait déjà d’Henry en 2006… Et on se souvient des difficultés permanentes de Trézéguet à briller en EdF. Lui ne dézonait pas -et on le lui reprochait aussi- mais n’était pas mieux servi pour autant… Bref, si les prestations d’Anelka sont effectivement médiocres, il est sans doute moins coupable que le système de jeu lui-même et ce que l’on pourrait appeler l’ADN des Bleus. Car la France a gagné la coupe du monde avec Guivarc’h, qui, déjà qu’il n’était pas transcendant, était à peine utilisé en phase offensive… Structurellement, les Bleus ont toujours eu un problème d’avant-centre. Logique donc que ça continue aujourd’hui avec Anelka. C’est même la preuve qu’il est définitivement le titulaire du poste.
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