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Riedle: « Le Borussia Dortmund a une carte à jouer, comme en 1997 »
Quand on pense à la victoire du Borussia Dortmund en finale de Ligue des champions 1997, on pense inévitablement au but de Lars Ricken. Pourtant, le héros du match, c'est Karl-Heinz Riedle. Grâce à son doublé, « Kalle » a grandement contribué au succès du BVB face à la Juventus de Zinedine Zidane. Aujourd'hui, « Air Riedle » est redescendu sur terre. Ce qui ne signifie pas qu'il a beaucoup de temps pour autant. Entretien avec un mec qui joue au Monopoly.
Quand on pense à Dortmund 1997, on parle souvent du but de Lars Ricken, mais beaucoup oublient que vous avez mis un doublé face à la Juventus…(rires) C’est vrai qu’on m’en parle souvent, mais ça ne me dérange pas qu’on mette Ricken en avant. Son but, c’est un joli but, un but décisif qui nous permet de mener 3-1, un but inscrit par un jeune joueur qui venait de rentrer…
Quels souvenirs avez-vous de cette finale ?On savait que ça allait être difficile face à la Juventus, l’une des plus grandes équipes du moment – si ce n’est la plus grande – mais on a joué notre chance. Ils ont mieux joué que nous, mais j’ai mis les deux buts qui nous ont un peu mis à l’abri. Par la suite, ils ont été meilleurs que nous, ils sont revenus au score, mais le but de Lars Ricken nous a mis définitivement à l’abri…
Beaucoup d’observateurs disent qu’à l’époque, c’était très étonnant que le Borussia Dortmund arrive en finale. À la vérité, cela faisait un moment que le BVB était présent en Europe (finale de C3 en 93, ¼ de C3 en 94, ½ de C3 en 95, ¼ de C1 en 96). Ce n’était donc pas tout à fait une surprise alors ?Oui, mais à l’époque, la Juventus Turin était vraiment la meilleure équipe d’Europe, avec de grands joueurs comme Zidane, Del Piero, Bokšić, Deschamps… Ils ont eu l’occasion de mener au score, ils n’ont pas concrétisé, nous avons eue notre chance, nous l’avons utilisée.
Battre la Juventus, c’était l’occasion de prendre une revanche sur la finale de la Coupe de l’UEFA de 1993 mais aussi sur le quart de finale de Ligue des champions de la saison précédente. Et puis une équipe allemande qui bat une équipe italienne, ça n’arrive pas tous les jours.Exactement. Il y a eu le FC Barcelone ces dernières années, il y avait la Juventus à l’époque. Pas que la Juve, à vrai dire: le football italien dominait l’Europe. Donc la surprise venait du fait qu’on ait réussi à se hisser jusqu’en finale.
Pourquoi êtes-vous parti à Liverpool la saison d’après ? D’ailleurs, vous n’êtes pas le seul à quitter le Borussia après la victoire de 97 : il y a aussi Paulo Sousa, Paul Lambert (qui ne sont restés qu’un an au club) et surtout Ottmar Hitzfeld.Disons qu’il y a plusieurs raisons. La direction du club a décidé de changer de politique, et l’entraîneur qui est arrivé après Hitzfeld, Nevio Scala, a déclaré qu’il avait une toute autre manière de jouer au football. Il a donc convaincu le board qu’il avait besoin de nouveaux joueurs, des jeunes. Quand j’ai senti que je ne rentrais pas totalement dans les plans du nouveau coach, j’ai accepté l’offre de Liverpool, et avec joie.
Ottmar Hitzfeld est-il le meilleur entraîneur que vous n’ayez jamais eu ?Certainement. Avec Otto Rehhagel, aussi.
Qui était le moins rigide des deux ?Les deux étaient très autoritaires, mais ils laissaient toutefois pas mal de libertés à leurs joueurs.
Parlons de la finale de samedi. Bayern Munich contre Borussia Dortmund. Votre pronostic ?Le Bayern est favori, ce n’est un secret pour personne. Ils ont fait une magnifique saison jusqu’ici, ils ont les meilleurs joueurs, ils m’ont fait forte impression, aussi bien en Bundesliga qu’en Champions League. Ceci étant, Dortmund a une carte à jouer, tout comme nous autrefois. Ils ont de super joueurs également. Ce sera un match ouvert, je pense.
Pensez-vous qu’on puisse faire un parallèle avec 1997, dans le sens où, une fois encore, Dortmund est l’équipe qui a le moins de pression ?Personnellement, j’ai toujours mieux joué quand j’étais sous pression. Et puis, quand on est au Bayern, on est constamment sous pression. À voir maintenant comment sera le Borussia. Quand ils sont dans un bon jour, ils réussissent tout ce qu’ils sont capables de faire. Quant à la pression… Bien sûr, nous non plus, nous n’avions pas de pression à l’époque contre la Juventus. Si le BVB perd en finale, les joueurs auront quand même fait une belle saison. S’il gagne, c’est ce qui peut leur arriver de mieux.
Pour qui êtes-vous ? Sachant que vous avez joué au Borussia, mais vous êtes un Souabe de Bavière…La question ne se pose même pas : je suis pour le Borussia Dortmund.
Vous faites quoi, maintenant ?J’ai un hôtel dans l’Allgäu (région où se trouve le Lac de Constance) ainsi qu’une école de football, où les parents amènent leurs enfants quand ils viennent passer des vacances dans le coin.
Ça vous dirait de devenir entraîneur ?Non, j’aurais dû passer mes diplômes avant… Mais c’est pas grave, la vie continue.
Mais la famille Riedle joue encore au foot ; est-ce que votre fils Alessandro est aussi bon que vous ?Je ne sais pas (rires). Il est bon, oui, même s’il a quelques difficultés ces derniers temps.
Vous avez joué à la Lazio Rome, tout comme Miroslav Klose aujourd’hui. Il y a quelques semaines, il a claqué un quintuplé contre Bologne. Alors, c’est qui le plus fort : « Air Riedle » ou « Air Klose » ?La Lazio, ce fut un moment formidable de ma carrière, tout comme ce doit être le cas pour Miro aujourd’hui. Il vit une sorte de seconde jeunesse, il joue vraiment bien, mais…on ne peut pas vraiment comparer.
Propos recueillis par Ali Farhat