ACTU MERCATO
Richarlison of money
Après une seule saison en Premier League, Richarlison s'est engagé en faveur d'Everton pour 45 millions d'euros. Une somme qui pourrait gonfler à 56 avec les bonus et qui fait les affaires de Watford. Le Brésilien n'a plus qu'à tenir ses promesses.
À 21 ans, Ronaldo le Fenomeno était vendu 28 millions d’euros par le FC Barcelone à l’Inter. Deux piges plus tôt et quasiment au même âge, Zinédine Zidane était acheté sept millions à l’AS Cannes par Bordeaux (après quatre saisons passées chez les Girondins, le Français ne coûtera même que la moitié à la Juventus). En 2001, Ronaldinho – 21 printemps et pas encore ses belles dents – passait du Grêmio au Paris Saint-Germain pour cinq millions.
Depuis, deux décennies ont passé et un Kylian Mbappé à peine majeur s’est engagé en faveur du club de la capitale en échange de plus de 150 millions tombant directement dans les poches de l’AS Monaco. Face à l’évolution économique des époques et devant ces quelques éléments, difficile de se faire actuellement un avis sur le coût « normal » des footballeurs. Mais disons-le tout net : signer un chèque de 45 millions d’euros – qui pourrait se transformer en 56 en fonction des bonus activés – pour recruter Richarlison, c’est cher.
Inattendu, vraiment ?
Richarlison. Ailier, 21 bougies soufflées, 1,79 mètre, numéro 30 et désormais Toffee. Telles sont donc les données précisées dans le tweet officialisant l’arrivée du bonhomme en provenance de Watford. Voilà une première raison justifiant la folle somme évoquée : la transaction implique deux clubs – plus ou moins concurrents – appartenant à la Premier League, un championnat dégueulant de pognon et habitué à faire circuler beaucoup de billets.
? | From Brazil to the Blues. Introducing @Richarlison97, who joins #EFC on a five-year deal.➡️ https://t.co/qX2Moaem9H pic.twitter.com/Y1YiYcBqAu
— Everton (@Everton) 24 juillet 2018
Reste que Richarlison n’a qu’une seule saison européenne de haut niveau dans les pattes. Et alors ? En réalité, ce mouvement était prévu d’avance. Non seulement l’unique exercice du bonhomme a été aussi impressionnant que sa capacité d’adaptation, mais le garçon et son entourage ont en plus parfaitement réussi à se vendre, surfant sur une hype qu’ils ont eux-mêmes créée. À savoir celle d’un môme qui, avant de taper le ballon sous le feu des projecteurs, a failli crever.
Une certaine logique sportive
Il peut être tentant, voire facile, de vomir un transfert taxé d’insensé, d’onéreux, de prématuré. Et ce, même si le football a déjà donné des dizaines de mouvements financiers de la sorte hier, et en fera naître des centaines demain. Mais il peut aussi être plus intéressant de se concentrer sur le choix de carrière en apparence intelligent de Richarlison. Envoyé il y a quelques mois à Manchester United, et plus récemment à l’AC Milan, l’ancien de Fluminense a pris le parti de grimper tranquillement l’escalier et de se « contenter » d’Everton alors qu’il aurait pu jouer la montre pour attendre une offre d’un club plus huppé. Or, ne pas miser sur la linéarité et escalader plusieurs marches en une fois est bien souvent le meilleur moyen de se vautrer.
Richarlison has joined Everton! (?: @Everton) pic.twitter.com/bUFoS9hKMD
— NBC Sports Soccer (@NBCSportsSoccer) 24 juillet 2018
Surtout, Richarlison a joué la carte de la stabilité en trouvant une place dans les valises de son coach de Watford, Marco Silva, qui a la lourde tâche de remplacer Sam Allardyce. « Je pense que me retrouver de nouveau avec Marco Silva va être important pour moi, a-t-il ainsi indiqué dans des propos publiés sur le site internet de son club, faisant preuve au passage d’une étonnante maturité. Je veux avoir beaucoup de succès avec Everton. Je vais apprendre davantage, parce que je suis encore en phase d’apprentissage. C’était vraiment bien de travailler avec lui et je pense qu’il peut m’aider à être sélectionné un jour avec l’équipe première du Brésil. » Pour le moment, celui qui s’est engagé pour cinq ans et qui a offert une jolie plus-value aux Hornets (ces derniers l’avaient arraché du Brésil pour treize millions d’euros il y a un an) n’a connu que la catégorie U20 de la sélection. L’étage supérieur ? Une question de temps, sûrement bien davantage que d’argent.
Par Florian Cadu