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Ricardo, leader et précurseur

Par Christophe Gleizes
Ricardo, leader et précurseur

Véritable pionnier de la filière brésilienne au PSG, Ricardo a marqué l'histoire du club de la capitale grâce à une carrière exemplaire, ponctuée par de nombreux succès. Alors qu'il fête aujourd'hui ses 50 ans, So Foot et ses anciens coéquipiers ont tenu à lui rendre un hommage appuyé. Joyeux anniversaire, Macana !

« Pour Ricardo, j’ai toujours cinq minutes. » Il a beau être occupé, Michel Denisot n’oublie jamais ses amis, et encore moins quand ils fêtent leur cinquantième anniversaire. « Ricardo, c’est un modèle dans la vie, on s’appelle régulièrement. Nous ne sommes pas très bavards, ni l’un ni l’autre, mais l’on se comprend très bien et nous avons une amitié réciproque, du moins je l’espère (rires). Plus sérieusement, je dirais que c’est la plus belle rencontre que j’ai faite dans le football. Il y en a eu beaucoup de très belles, mais notre relation a été la plus durable et la plus solide. » Cette amitié farouche a commencé en 1991, quand le président du PSG a recruté l’international brésilien connu sous le patronyme de Raymundo Ricardo Gomes, qui faisait alors les beaux jours du Benfica Lisbonne. Cette dernière s’est ensuite fortifiée au cours d’une décennie exceptionnelle, passée à glaner des titres et faire frissonner le Parc des Princes. « Quand il est arrivé, le PSG n’avait rien d’un grand club européen, il n’y avait qu’à voir le Camp des Loges à l’époque, il était choqué. Mais petit à petit, il a vu le club se transformer et l’a accompagné dans son développement. Plus que n’importe qui, il était très attaché au Paris Saint-Germain. Toute la construction du PSG, il l’a vécu. Pour moi, c’est unwinnerabsolu. » Parce que les joueurs qui font l’unanimité sont désormais rares, parce qu’on ne marque pas souvent l’histoire d’un club, et parce qu’on n’a pas tous les jours cinquante ans, il était nécessaire de rendre hommage à un homme qui fait partie de la légende du PSG, à la fois en tant que joueur et en tant qu’entraîneur.

« Un véritable leader »

À la vérité, les éloges appuyés n’ont pas tardé à affluer cette semaine. À son sujet, c’est le sympathique Oumar Dieng qui a été le premier à s’enflammer : « Quel exemple de professionnalisme ! C’était un vrai leader, un joueur spécial. Il ne parlait pas beaucoup, mais avait toujours un petit mot sympa pour chacun. » Arrivé à l’époque de Luis Fernandez, le Sénégalais n’a pas connu Ricardo à ses débuts parisiens, puisque ce dernier a fait ses classes sous Arthur Jorge, « le moustachu » . Il n’en garde pas moins un souvenir particulier : « En tant que défenseur, j’étais en concurrence directe avec lui, mais je ne peux en parler qu’en bien. J’avais 22 ans, j’étais jeune et je voulais m’imposer, mais il m’a super bien accueilli, c’était toujours le premier à me donner des petits conseils de placement, à rectifier mon attitude sur le terrain. Il a été très important pour mon adaptation, alors qu’on jouait au même poste et qu’il n’avait pas un intérêt direct à me faire progresser. » Véritable pilier, le Brésilien a tenu la défense du PSG pendant quatre saisons, glanant au passage deux coupes nationales et le titre de champion de France en 1994. « Je m’en souviens bien, c’est lui qui a scellé le titre de champion contre Toulouse, il avait renversé tout le monde sur un corner ! » témoigne avec admiration Vincent Guérin, qui se rappelle un homme exemplaire sur et en dehors des terrains : « Pour moi, c’était une référence dans le comportement, l’attitude et la qualité sportive. Il était très intelligent, très doué tactiquement, doté d’une bonne lecture du jeu. Physiquement, c’était un défenseur très solide, toujours présent dans l’engagement. »

Ce soir d’avril 1994, quand Ricardo s’est envolé au point de penalty pour claquer le but décisif, José Cobos n’était pas vraiment étonné, même s’il était plus habitué à le voir briller de l’autre côté du terrain. « Ce qui m’a toujours le plus impressionné chez lui, c’était son jeu de tête absolument incroyable ! Cela me faisait rire, mais, même sous pression dans les airs, il parvenait à faire de véritables passes au millimètre près ! Il ne dégageait pas la balle, il la relançait. » De son style de jeu, que tout le monde s’accorde à qualifier de « rugueux » , ressort avant toute chose une homogénéité sans faille. « Honnêtement, je pense que ça a été l’un des joueurs les plus réguliers que j’ai jamais côtoyés. Je l’ai rarement vu moyen, et jamais mauvais » , reprend l’ancien défenseur Niçois, avant de compléter : « Pendant les matchs, il inspirait confiance, c’était une vraie force tranquille. Comme toujours, il parlait très peu, mais à bon escient. Pour la défense, c’était comme si c’était notre entraîneur sur le terrain, il imposait le respect. » Après avoir tenu la baraque pendant deux années à ses côtés, Alain Roche peut lui aussi témoigner : « Nous formions tous les deux une charnière plutôt performante. Il avait beaucoup de calme et de sérénité. Personnellement, j’ai beaucoup appris à ses côtés grâce à son leadership exceptionnel. Pour tout dire, on était assez complémentaires : j’étais un peu plus rapide, mais lui était plus calme et toujours bien placé, irréprochable dans l’anticipation et la communication. » Solide au duel, précis à la relance et incisif dans ses interventions, l’international brésilien n’en oubliait pas moins de marquer : en 167 matchs avec le PSG, il a trompé le portier adverse à vingt reprises. Des statistiques impressionnantes pour un défenseur qui aura finalement été décisif dans toutes les zones de vérité.

« Toujours exemplaire dans l’attitude »

Plus encore que le grand joueur qu’il a un jour été, c’est avant tout l’homme qui a marqué ceux qui ont eu la chance de le côtoyer. Masqué sur le terrain, son caractère et son humour ont charmé ses anciens coéquipiers dans l’intimité du vestiaire : « Sa prestance et son style sur la pelouse pouvaient renvoyer l’image de quelqu’un de dur et d’austère, mais en réalité, c’est quelqu’un de très gentil et de très agréable » , explique José Cobos, qui se souvient avec émotion de nombreuses soirées arrosées à Saint-Germain en Laye : « En rentrant de déplacement, on se retrouvait à 7 ou 8 joueurs dans un bar karaoké, pas très loin du Camp des Loges. Pas plus de cinq ou six fois dans l’année, car il ne fallait pas exagérer non plus, mais on aimait bien aller prendre un petit verre au bar en survêtement. On était juste entre nous, à partager une bière et à chanter, c’était des moments très reposants. En revanche, ce n’est pas pour le balancer, mais c’est vrai qu’il chantait faux. (rires) » Lui aussi sous le charme, Oumar Dieng se rappelle surtout d’un leader attentionné, quoique timide et réservé : « Il parlait dans le groupe et dans les vestiaires, mais presque jamais dans la presse. Il savait prendre la pression sur lui, il avait cette faculté incroyable à pouvoir être détendu et concerné à la fois. Avant un match important, si je stressais, il me disait qu’il n’y avait pas mort d’homme, qu’il n’y avait pas raison que ça ne passe pas ! Franchement, il était toujours exemplaire sur l’attitude, avec un petit côté chantant qui me plaisait bien. » Si Oumar est aussi élogieux au sujet du Brésilien, c’est aussi parce que l’international auriverde n’a visiblement pas hésité à l’acheter à coups de présents : « À chaque retour de sélection, il revenait avec des cadeaux pour tout un chacun, même pour le staff médical ! Des petites attentions comme des petits colliers ou autres souvenirs typiques, c’était super. Il était comme ça, il avait envie de faire voyager toute son équipe ! »

Solide comme un roc sur le terrain, sympathique et joyeux en dehors, Ricardo a fait l’unanimité partout où il est passé. Avec du recul, son passage dans la capitale a sans aucun doute lancé la grande histoire d’amour entre le Brésil et le PSG, comme le reconnaît volontiers José Cobos : « Sa rigueur et son professionnalisme ont influencé le club à recruter d’autres Brésiliens par la suite. Il connaissait les attentes des dirigeants, il savait qu’on recherchait des joueurs sérieux et bien dans leur tête. Avec Valdo et Leonardo, il a fait partie des pionniers qui ont permis au club de rayonner au niveau mondial. » Reconnaissant, son ami Michel Denisot lui attribue un rôle décisif dans l’arrivée ultérieure des nombreuses étoiles auriverde, qui ont fait le bonheur des supporters parisiens à coups de crochets et de buts enflammés : « Ricardo a joué un rôle d’ambassadeur très important auprès de ses compatriotes. C’était en quelque sorte notre meilleur interprète ! Grâce à lui, Valdo et Raï ont suivi, même si, en soi, Valdo a été engagé en tant que « portugais » (rires). » À la fois leader et précurseur, « Macana » , comme le surnommaient ses coéquipiers, a permis au PSG de changer complètement de dimension, à une époque où les joueurs étrangers se comptaient encore sur les doigts de la main. « En ce qui concerne son surnom, en revanche, je n’ai jamais compris ce que ça voulait dire ! » s’excuse avec humour Oumar Dieng, presque désolé de sécher sur la question : « Quand je suis arrivé, tout le monde l’appelait comme ça, mais je n’ai jamais su pourquoi. Je n’ai jamais eu le courage de lui demander, c’était le doyen, il fallait le respecter, alors je suis rentré dans le rang comme tout le monde ! » Si José Cobos n’a pas non plus la réponse à cette énigme, une chose est sûre néanmoins selon lui, « cela n’a rien à voir avec le Maracanã. Du moins, je crois… »

« Je peux vivre ! »

En 1995, le rêve parisien s’achève momentanément pour Ricardo. Blessé à répétition, sa santé commence déjà à lui jouer des tours et lui fait rater une grande partie de la saison, même s’il parvient encore à compenser ses problèmes physiques par son sens du placement. « Je pense que je n’ai jamais vu quelqu’un faire une aussi belle carrière sur un seul genou » , s’amuse Michel Denisot, qui l’a ensuite fait revenir à Paris en tant qu’entraîneur, deux ans plus tard. « Je suis allé le chercher moi-même à Benfica. Il y a eu un pacte de confiance entre nous deux que l’on a forgé lors d’un dîner là-bas. Derrière, on a vécu ensemble deux belles années à Paris, avec des titres à la clef. » Et notamment le doublé Coupe de la Ligue / Coupe de France, brillamment remporté en 1998 par le coach débutant, avant que l’aventure parisienne ne s’achève définitivement par une malheureuse 8e place en championnat. Dès lors, c’est l’exil : en 1999, Ricardo retourne au Brésil, où il poursuit une carrière de coach aux résultats mitigés, avec en point d’orgue un terrible accident. Le 28 août 2011, alors que son équipe de Vasco de Gama affronte Flamengo, Ricardo est en effet victime sur son banc de touche d’un violent AVC, à deux doigts de l’emporter définitivement. « J’ai failli mourir » témoignait récemment dans la presse celui qui a passé 10 jours dans le coma, entre la vie et la mort : « Dans mon malheur, j’ai eu la chance que cet accident se produise en plein match. L’ambulance était à quelques mètres du banc de touche et j’ai été transporté à l’hôpital rapidement. Il se trouve aussi que, au même moment, le neurochirurgien arrivait à l’hôpital pour visiter un patient. »

Brisé par ce coup du sort, Ricardo a depuis entrepris une longue marche solitaire pour retrouver l’ensemble de ses capacités. « Il a fallu quasiment tout reprendre à zéro. D’abord réussir à me lever du lit, puis réapprendre à marcher, à parler aussi. Au début, c’est le français et pas le portugais qui me venait. C’était très bizarre. » Petit à petit, néanmoins, la rééducation commence à payer. Le directeur sportif de Vasco de Gama n’est plus très loin d’un retour au sommet, comme il l’expliquait 22 mois après son accident, avec l’optimisme et la joie qui le caractérisent : « J’ai presque récupéré l’ensemble de mes facultés. J’ai encore un manque de sensibilité du côté droit, qui m’empêche de faire certains mouvements, comme boutonner une chemise ou plier une feuille de papier. J’ai aussi quelques difficultés à me déplacer. Mais, pour le reste, je peux conduire, je peux travailler, je peux vivre ! » Et fêter aujourd’hui un anniversaire que tout le monde espère bien arrosé. Avant, pourquoi pas, de revenir entraîner ? Michel Denisot semble en tout cas y croire fermement : « Il est en train de retrouver tous ses moyens aujourd’hui après le pépin de santé qu’il a eu, je sais qu’il a envie de reprendre du service dans les mois qui viennent. » En attendant son grand retour sur les terrains, Alain Roche, José Cobos et Oumar Dieng tiennent à souhaiter « un bon anniversaire » à leur ancien coéquipier, qu’ils espèrent vite retrouver en pleine forme. Très ému, Vincent Guérin a, lui, un message plus personnel à faire passer : « Dites-lui que je l’aime très fort et que je lui souhaite la santé et beaucoup de joie ! » Joyeux anniversaire et merci pour tout, Macana.

Le retour du grand méchant Bayern ?

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