- C1
- Quarts
- Real Madrid-Juventus
Ricardo Carvalho : « Cristiano devient de plus en plus un joueur d’équipe »
Ce n'est pas parce que Ricardo Carvalho a été coéquipier de Cristiano Ronaldo pendant de nombreuses années sous le maillot du Portugal et du Real Madrid qu'il ne le regarde pas avec les yeux d'une groupie.
Qu’est-ce-qui vous vient en tête quand vous entendez le nom de Cristiano Ronaldo ?C’est le meilleur joueur avec qui j’ai eu le privilège de jouer. C’est lui qui se démarque le plus au niveau mondial, il n’y a aucun doute là-dessus. Je suis portugais et je ressens énormément de fierté qu’il le soit aussi.
Comment avez-vous vécu son évolution ?Il a beaucoup grandi. Je le connais depuis dix-sept ou dix-huit ans, j’ai toujours suivi son évolution, et pour être franc, il a tous les mérites d’être arrivé là où il est aujourd’hui. Quand il était jeune, on avait déjà tous remarqué le talent qu’il avait. Heureusement, il a réussi à allier le travail et le talent et c’est grâce à cela qu’il a réussi à atteindre ce niveau.
Avez-vous déjà imaginé qu’il arriverait si loin ?Ça s’est toujours vu qu’il avait énormément de talent. Il voulait toujours plus que les autres et il voulait devenir le meilleur joueur du monde et il a travaillé dur pour y arriver. Évidemment, il a fallu passer par une succession d’étapes réussies, tout au long de sa vie. C’était important pour lui de quitter le Sporting pour aller à Manchester et travailler avec un entraîneur expérimenté qui l’a aidé à grandir.
Ces dernières années, il a réussi à devenir un vrai leader.En fait, il a réussi à progresser à tous les niveaux. Il avait toutes les capacités pour devenir le leader d’un groupe et il a réussi à s’imposer comme tel. Au début, il était en pleine évolution et au fur et à mesure il a mûri, mais sur le terrain c’était déjà un leader. Après le départ de Figo en sélection, c’était important d’avoir un joueur comme Cristiano qui soit un exemple sur le terrain, mais surtout en dehors.
Quelles sont les caractéristiques de Ronaldo en tant que leader ?Quand il parle, tout le monde l’écoute et surtout, les autres joueurs acceptent ce qu’il dit, ce sont les qualités d’un leader. On reconnaît un bon leader à son discours. Dans le fond, tout le monde est convaincu que ce qu’il dit est le plus important.
Vous avez dit qu’il a évolué en dehors du terrain. De quelle manière ?Quand il était plus jeune, il était plus timide, alors qu’aujourd’hui, il est beaucoup plus extraverti, il sait ce qu’il dit, il sait ce qu’il veut et il transmet aussi cette image-là au sein du groupe.
Vous pensez que c’est un joueur qui ne pense qu’à son image ?Je pense que ça ne lui fait ni chaud ni froid. Il fait ce qu’il veut, il dit ce qu’il veut et toutes les personnes qui le connaissent savent comment il est : une personne simple qui fait tout son possible pour que les personnes qui l’entourent se sentent bien.
Dans sa carrière, il a toujours su prendre les bonnes décisions, au bon moment. Comment l’expliquez-vous ?Je pense qu’il faut avoir un peu de chance et être entouré des bonnes personnes. Et pour le coup, il est très bien entouré. Il a pris les bonnes décisions au bon moment, et les choses se sont très bien passées pour lui. La vie est faite de choix, et je pense que tout au long de sa carrière, Cristiano a toujours fait les bons choix. C’était important qu’il aille à Manchester, mais c’était tout aussi important qu’il quitte Manchester pour aller dans un club comme le Real Madrid.
Vous pensez que c’est un joueur égoïste ?Non, c’est un joueur qui aime marquer des buts et s’il a l’occasion de marquer deux buts et qu’il n’en marque qu’un, il n’est pas satisfait. Il est très exigeant avec lui-même et c’est pour ça qu’il est arrivé là où il est aujourd’hui.
Parfois, l’égoïsme fait partie du football. L’attaquant doit marquer des buts et s’il ne marque pas, il n’est pas satisfait. Mais je pense qu’il devient de plus en plus un joueur d’équipe. Je me rappelle l’Euro 2016, où il n’a pas pu disputer la finale et pourtant, il était tellement content ! Dans le fond, tout ce qu’il voulait, c’était gagner l’Euro, peu importe si c’était lui ou un autre qui marquait et peu importe s’il jouait ou non. Comme il ne pouvait pas nous aider dans le jeu, il a essayé de trouver un autre moyen d’encourager les joueurs, c’était sa manière à lui d’aider l’équipe. Il souffrait de l’intérieur et il a extériorisé sa souffrance en donnant des indications à tout le monde.
Vous pensez qu’il a changé l’image du Portugal ?Non, parce que le Portugal a toujours eu une bonne image. Il ne faut pas oublier que nous avons la chance d’avoir eu des grands joueurs avant lui, comme Eusébio, Figo ou Rui Costa.
Est-ce-qu’on peut considérer que Cristiano est le Portugais le plus influent de la planète ?C’est le cas pour les personnes qui sont dans le milieu du sport. Pour les autres, je ne sais pas trop. Ce qui est sûr, c’est qu’il a atteint un niveau que personne n’avait encore atteint. Gagner cinq Ballons d’or, ce n’est pas donné à tout le monde. Cristiano est un privilégié. Je pense que beaucoup de personnes le voient comme une référence et un modèle à suivre, surtout les jeunes, et pas seulement au Portugal. Récemment, je suis allé en Chine et j’ai vu l’admiration et la reconnaissance qu’ils avaient pour Ronaldo. Là-bas aussi, les enfants portent son maillot et veulent lui ressembler, aussi bien pour ses dribbles que pour ses coiffures.
Propos recueillis par Liane Meira Couto