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Ricardo-Bedouet, binôme équilibré ?

Par Florian Cadu
4 minutes
Ricardo-Bedouet, binôme équilibré ?

Faute de diplôme suffisant, le décideur et coach officieux Ricardo ne peut ni communiquer face à la presse ni se lever durant les matchs des Girondins de Bordeaux. Deux tâches dédiées à Éric Bedouet donc, entraîneur officiel sur le papier. Un système rarement vu au plus haut niveau... et un peu bancal pour les résultats du club français ?

C’est une scène à laquelle sont habitués les spectateurs du Matmut Atlantique. Toutes les deux semaines, et même un peu plus avec la Ligue Europa et les matchs de coupes nationales, les supporters des Girondins de Bordeaux observent désormais leur entraîneur officieux assis sur la touche durant 90 minutes pendant que l’officiel se permet de se lever aux abords du terrain, gesticuler et apporter de la voix s’il le juge nécessaire.

Pourtant, c’est bien le premier, Ricardo, qui est censé constituer l’autorité sportive et le représentant des choix composant le onze titulaire et la tactique mise en place. Arrivé début septembre pour reprendre le flambeau de l’intérimaire Éric Bedouet, lui-même remplaçant le déserteur Gustavo Poyet, le Brésilien n’a cependant pas le droit de parler avec les arbitres, de se présenter en conférence de presse en tant que numéro un du club, ni même de décoller ses fesses du banc, faute de diplômes suffisants pour incarner légalement le statut de coach principal – il n’est ainsi que « manager général » ou « simple dirigeant » . C’est donc son acolyte qui se charge de ces dernières tâches.

Duo complémentaire et raisonné

Mais ce fonctionnement, paradoxal et rarement vu dans le football de haut niveau (même si ce cas de figure a déjà eu lieu à Bordeaux avec Élie Baup et… Bedouet), peut-il être préjudiciable aux résultats des Girondins, qui restent sur trois défaites consécutives toutes compétitions confondues à l’heure de se déplacer sur le terrain de l’Olympique lyonnais ? Les joueurs peuvent-ils se sentir perdus face aux deux personnages, les deux hommes peuvent-ils avoir des désaccords au sujet des frontières qui encadrent leurs missions respectives tacites ? C’est toute la question, qui n’a pas lieu de se poser selon Alain Giresse : « Tout est clair au club, il n’y a aucun problème. Parce qu’Éric Bedouet, figure honnête et travailleur des Girondins, a toujours respecté les positionnements. Il est là depuis tellement d’années… C’est un garçon fiable, et ce n’est pas pour rien qu’il a toujours conservé son poste(entraîneur adjoint et préparateur physique, N.D.L.R.) malgré les changements d’entraîneurs. »

Autrement dit, Bedouet ne revendique rien d’autre que ses anciennes missions habituelles, laisse sans aucun état d’âme les décisions à Ricardo (avec qui il a déjà collaboré lors du premier passage du Sud-Américain à la tête de l’équipe entre 2005 et 2007), réalise comme il se doit les exercices de communication (conférence de presse…), et n’aspire pas à davantage de lumière. Ricardo, lui, peut s’appuyer sur ce collègue de confiance et se concentrer sur les dimensions tactiques ou humaines en toute quiétude sans craindre que le Français ne lui ronge du territoire. D’où une cohabitation qui se révèle pour l’instant optimale et sans accroc.

Crier durant un match ? Un détail

Et pour ce qui est du déroulement du match en lui-même, alors ? Se pourrait-il que Ricardo perde de l’influence sur le rendement de ses poulains parce qu’il ne peut pas faire le coq en aboyant ses consignes dans la ferme bordelaise ou dans les autres étables ? « Franchement, si vous pensez que les gesticulations d’un coach sur la touche ont un véritable effet…, reprend Giresse, ancien international reconverti entraîneur et seize saisons de joueur au compteur avec les Girondins. C’est possible d’intervenir depuis son banc avec un changement tactique, oui. Mais modifier la performance d’un footballeur ou le cours d’un match par le fameux « coaching », je ne crois pas… D’ailleurs, je serais bien incapable de me souvenir de ce que me disaient mes coachs pendant une rencontre. Si tant est qu’on l’entendait avec le bruit du stade ! »

Pour le double champion de France et ex-technicien de Toulouse ou du Mali, la réelle interrogation se porterait sur l’éventuel deux poids, deux mesures dont serait « victime » Ricardo : « J’ai l’impression qu’on en fait beaucoup trop avec ce sujet entourant Ricardo. Il n’a pas le droit de se lever, bon. Pourtant, je vois des entraîneurs adjoints qui, pendant dix-quinze minutes, se lèvent pendant que le coach principal est assis… Qu’est-ce qui empêcherait donc Ricardo de se lever lui aussi ? » À voir s’il bravera l’interdit au Groupama Stadium.

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Par Florian Cadu

Propos d'AG recueillis par FC

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