- International
- Équipe de France
Ribéry peut-il revenir en équipe de France ?
En feu avec le Bayern Munich malgré ses 35 printemps, Franck Ribéry ravive malgré lui un vieux débat : pourquoi n'irait-il pas en Russie avec l'équipe de France ? Une vraie question, même si la possibilité d'un retour est quasi nulle.
« Voulez-vous revoir Ribéry en équipe de France pour le Mondial ? » Ce sondage, lancé par CNews, a recueilli 17 000 votants. Résultat : 69% des sondés ont répondu « Oui. » On est loin, bien loin du désamour post-Mondial 2010. L’appel du cœur est justifié par les performances récentes d’un Ribéry qui vient de fêter ses 35 ans, mais pète le feu comme s’il n’en avait que 23. Une friandise contre le Borussia Dortmund, un café crème contre le FC Séville, et des cassages de reins à la pelle pour tous les autres adversaires du Bayern, avec lequel il vient d’assurer un nouveau titre de champion. De quoi dire qu’intrinsèquement, malgré son état civil de vétéran, Franck Ribéry mérite sa place au Mondial, voire dans le onze de Didier Deschamps. En théorie, évidemment.
Retrait volontaire en 2014, retour non accepté en 2016
Évidemment, les avis divergent. Ici, certains mentionnent son nombre de passes décisives en Bundesliga ou ses prestations haut de gamme en Ligue des champions. Là, d’autres rappellent que c’est le natif de Boulogne-sur-Mer qui a décidé de couper les ponts avec les Bleus, après un Mondial 2014 manqué sur blessure. En mai 2016, il déclarait à Bild qu’il n’avait « plus aucune envie de jouer pour la France » , la sélection représentant un chapitre « refermé avec l’annonce de (s)on retrait en 2014 » .
Entre les lignes néanmoins, la décision n’est pas totalement choisie : l’ailier gauche a décidé de se retirer après la Coupe du monde 2014, mais n’est pas contre un retour avant l’Euro 2016, quand au mois de mars de la même année il lance une perche pour « avoir une discussion avec Didier Deschamps » . Perche non saisie, le sélectionneur estimant à l’époque qu’il n’y a « aucune raison de sacrifier une place pour lui » . Ou comment la culture de la vie de groupe vient à bout d’un autre grand talent en France, après Éric Cantona, David Ginola, Samir Nasri ou encore Karim Benzema. Deux ans plus tard, si Didier Deschamps décidait de reprendre Ribéry – si tant est que ce dernier le souhaite également –, serait-ce profitable à la sélection nationale ?
À quelle place, et dans quel schéma tactique avec Ribéry ?
Sur les dernières compositions de Didier Deschamps, il n’est pas évident de trouver une place pour le Kaiser dans le onze type. En 4-3-3, comme contre la Russie ou l’Allemagne, la position préférentielle du Munichois est clairement réservée à Antoine Griezmann, le fer de lance de l’équipe. Dans le 4-4-2 expérimenté contre la Colombie et le pays de Galles, Franck Ribéry serait employé dans une disposition très différente de celle qui lui permet de briller en Bavière. Avec également des exigences en matière de replacement défensif importantes pour ses cannes de 35 ans dans le scénario d’un enchaînement de matchs sur une courte période sous une chaleur étouffante.
Il resterait alors deux options : un retour au 4-2-3-1 qui avait fait le bonheur des Bleus dans la phase à élimination directe de l’Euro, avec Ribéry en milieu offensif gauche et Antoine Griezmann en soutien de l’avant-centre. Une option très séduisante, mais impliquant une grosse prise de risques sur le plan défensif. Ou alors, ce qui pourrait être une solution idéale sur le papier, mais difficile à proposer à quelqu’un qui a tout gagné ou presque, à savoir faire de Ribéry un joker, l’homme qui apporte son vécu dans le vestiaire et peut, si nécessaire, faire basculer le destin d’un match mal engagé. Voire gagner sa place en cours de tournoi. Mais à deux mois du début du Mondial, il faudrait un tremblement de terre pour qu’un dialogue s’engage entre Didier Deschamps et Franck Ribéry, dont la rupture est consommée depuis deux ans et a eu le temps de se cristalliser.
Par Nicolas Jucha