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Ribéry, Bleu-blanc-blues…

Chérif Ghemmour
6 minutes
Ribéry, Bleu-blanc-blues…

Entre Francky en bleu et la France du foot, ce fut une longue histoire d'amour-haine achevée un peu brutalement hier soir, à 31 ans. Retour sur les huit années du Boulonnais en équipe de France…

Francky l’indispensable

Nostalgie relou. On ne veut retenir de Francky que son rayon de lune contre l’Espagne en 8es de Mondial 2006 (3-1), grâce à son égalisation slalom à 1-1. Pourquoi pas… Mais le jeune chien fou de 23 ans qui avait tout dynamité cette saison-là avec l’OM s’était épanoui en Coupe du monde au sein d’un collectif de killers patentés (Zidane, Makelele, Vieira, Thuram, Sagnol, Barthez). Magnifique. Mais tellement facile ! C’est donc plutôt lors de l’après-Zidane que Francky s’est réellement distingué. Quand tous les cracks (ou presque) avaient quitté un à un les Bleus. Et qu’il fallait une locomotive plus providentielle qu’un Jean-Marc Ferreri succédant en vain à Platoche au sein d’une équipe de France pareillement privée de cracks partis à la retraite. De France-Italie 2006 à Berlin à France – Pays-Bas 2014 au Stade France, Francky aura tenu en « leader technique » les Bleus à bout de bras (avec Henry, jusqu’en 2010). Reconnaissons-le tout net : à part un Euro 2012 acceptable, il n’aura pas pesé en grands tournois officiels, que ce soient à l’Euro 2008 et surtout au Mondial sud-africain 2010. C’est pourquoi il ne pourra jamais prétendre au rang des grands Tricolores qui ont vraiment marqué l’histoire des Bleus. Sauf que… Ribéry a quand même grandement permis de convier la sélection nationale, justement, à ces grands tournois officiels. Grâce à des buts importants en éliminatoires face aux « petites équipes » . À la différence de l’Allemagne, de l’Espagne ou des Pays-Bas, la France n’a jamais su battre ces « petites équipes » (ou alors dans la souffrance : remember Andorre 1999, 1-0 à l’arrache). Francky, lui, a planté contre l’Ukraine (2-0, qualifs d’Euro 2008), contre la Roumanie à Constança et deux fois contre la Lituanie aller et retour (2-2, 1-0 et 1-0 en qualifs de Mondial 2010). Il a aussi scoré plusieurs fois des buts cruciaux contre la Géorgie, la Biélorussie et la Finlande en qualifs de Mondial 2014.

Du menu fretin ? Pas vraiment, comme en témoignent les unes de L’Équipe les lendemains de ces matchs galères qui envoyèrent systématiquement le Portugal de Cristiano en barrages ( « Merci Francky ! » , « Ribéry le sauveur » ). À propos de barrages, Franck est directement impliqué sur les deux buts de Sakho contre l’Ukraine au SdF (3-0). En outre, il est à l’origine de l’expulsion de Kacheridi (47e) au moment où la France ne menait que 2-0. Car au-delà de ses 16 buts et 14 passes décisives en 81 sélections qui l’ont impliqué dans 27% des buts inscrits lors de ces matchs (ratio très respectable) il y a aussi tout le rendement « invisible » , tout aussi précieux qu’oublié : les fautes et les cartons qu’il a provoqués chez l’adversaire et les coups de pied arrêtés qu’il a récoltés. Sans oublier les avant-dernières passes décisives, les appels et contre-appels, les fausses pistes, les courses dans le dos déstabilisatrices, les remises au poil, les dribbles ravageurs qui cassent les reins, les sprints qui épuisent, les raids qui usent… On oublie qu’avant Robben, Francky a été la plus grande terreur offensive du foot mondial, capable de liquéfier une défense sur une prise de balle. Et les Bleus en ont grandement profité. Francky a bien été là quand c’était dur, au sein d’une équipe de France moyenne. Osons une supposition. Imaginez un peu un Ribéry en forme contre l’Allemagne en quarts du dernier Mondial : il entre à la 60e à la place de Griezmann et il met le feu chez les gars d’en face. Les Bleus seraient peut-être passés, non ?

Le paria et la rédemption inachevée…

À côté du bilan somme toute positif de Francky chez les Bleus, inauguré très tôt par l’adoubement solaire de Zidane au Mondial 2006, ce qui le redit immédiatement ultra populaire, il y eut aussi la face sombre. Tel Dr Jekyll et Mister Hyde, il y eut Ch’ti Franck et Lascarface. Détail révélateur de cette dualité : son inculture et sa syntaxe approximative. Elles étaient louées comme marques de simplicité et d’authenticité quand il brillait, mais elles le stigmatisaient quand il était au plus bas (affaire Zahia). On n’oubliera pas non plus les excès détestables qui l’enfoncèrent un peu plus à l’évocation de sa femme maghrébine (Wahiba) et de sa religion (Bilal est son prénom de converti). Son summum du grand n’importe quoi restera pour toujours Knysna, évidemment. Et sa prestation surréaliste à Téléfoot le matin même de cette journée achevée dans la grève. Plus que ce refus général de s’entraîner qui le consacrera comme un des meneurs, au point d’être suspendu par la suite pour trois matchs en sélection, c’est son one man show inouï et inattendu ce dimanche matin à TF1 qui ternira à jamais son image. En claquettes et tout en improvisation, Francky révélera sa mégalomanie maladive contractée en Allemagne, où il est devenu une star considérable avec le Bayern. Ainsi, depuis 2009, il exige de jouer à gauche, ce que Domenech accepte, mettant Malouda, voire Henry, en porte-à-faux. Il revendique aussi le brassard de capitaine, négligeant les deux porteurs légitimes dudit brassard, Henry et Gallas… À Téléfoot, Francky la joue perso et se défend d’être un leader négatif, déloyal à l’équipe de France. Pire : sans qu’on lui demande quoi que ce soit, il nie surtout avoir tourmenté Yoann Gourcuff (qu’il prononce « Kourcuff » !) Les Bleus exploseront face à l’Afrique du Sud (1-3) et Francky, déjà plombé par l’affaire Zahia quelques mois auparavant, devint avec Abidal et Évra les symboles détestés d’une équipe de France qui a trahi la France. Les fameux « caïds » vilipendés par Roselyne Bachelot…

Francky reviendra en Bleu après un mea culpa public à Clairefontaine qui atténuera progressivement les huées qui accompagnent chacune de ses sorties en Bleu après mars 2011. Blanc puis Deschamps n’auront qu’à se féliciter de ce leader plus assagi qui flambera tout au long de sa super saison 2012-2013, avec le Bayern. Avec les Bleus, il fait le métier et passe volontiers pour le grand frère toujours un peu déconneur qui adoube les nouveaux venus (Pogba, Varane, puis Griezmann ou Cabella). Parti pour enquiller le Mondial 2014 qui doit constituer son sommet sportif et sa réconciliation définitive avec les Français, des pépins physiques sabotent sa saison 2013-2014 au point que, vaincu par des douleurs dorsales, il doit déclarer forfait pour le Brésil le 6 juin dernier… Entre-temps, les Bleus nouveaux ont flambé en amical, notamment lors de France-Jamaïque (8-0) au cours duquel ses coéquipiers ne lui ont jamais rendu hommage ni manifesté personnellement un petit message de sympathie… Au Brésil, les Bleus ont brillé et Francky a pris en pleine poire ces bons résultats et les commentaires assassins. En gros, « sans Ribéry, les Bleus jouent mieux » . Pas faux. Mais aussi discutable. Griezmann, son successeur désigné et outrageusement sanctifié, a été « bon » . Sans plus. Le p’tit Antoine entame un nouveau cycle à l’Atlético Madrid sans garantie particulière de s’y imposer… Jusqu’à présent, Griezmann n’a jamais encore accompli avec les Bleus ce qui a longtemps et très souvent fait la force de Ribéry : être capable de faire basculer un match. Bref : être décisif. Francky s’en est allé, la voie est libre, alors étonne-nous, Antoine ! Francky avait peut-être encore quelque chose à apporter en EdF lorsqu’il est en pleine possession de ses moyens. Au moins jusqu’à l’Euro 2016, objectif ultime qu’il s’était fixé, avec la bénédiction de Didier Deschamps. Corps et cœur meurtris ? Orgueil déplacé du mal aimé à qui on préfère la houppe du p’tit Antoine ? Usure mentale légitime (comme Lahm ou Xabi Alonso, eux aussi braves grognards en retraite internationale) ? Craintes d’une concurrence accrue au Bayern (Robben et Götze lorgnent aussi le couloir gauche) ? Francky a dit stop à 31 ans. Que va faire Didier Deschamps ?

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Chérif Ghemmour

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