Revue de presse espagnole : « Mbappé, tu es le bienvenu à Madrid, mais tu dois savoir que le papa, c’est Benzema »

On le sait, depuis 2017, les relations entre le Paris Saint-Germain et l’Espagne se sont sérieusement refroidies. La faute à la défaite parisienne à Barcelone (6-1), au transfert de Neymar et aux attaques répétées de Javier Tebas, président de la Liga Nacional de Fútbol Profesional, à l’encontre des dirigeants du PSG. Au milieu de ce marasme : la presse. Lendemain d’élimination parisienne oblige, les quotidiens espagnols ont ainsi rapproché la focale, donnant dans l’hommage et, évidemment, dans la polémique.

Nasser, Leonardo et Mauricio en première ligne

Dans le viseur local, les réactions en chaîne signées Mauricio Pochettino, Leonardo et Nasser al-Khelaïfi dans leur quête de justifications arbitrales. La supposée faute subie par Gianluigi Donnarumma lors de l’égalisation madrilène a été tournée en dérision, à commencer par Marca, titrant sobrement : « Nasser pète un câble » . De quoi décrédibiliser la position diplomatique du président parisien qui, aux côtés de son directeur sportif Leonardo, en serait quasiment venu aux mains avec la délégation de Danny Makkelie.

Et la prestation offerte par Mauricio Pochettino dans tout ça ? Là aussi, il n’est pas question d’un quelconque débrief tactique, mais simplement de la mise en avant du caractère « grognard et mauvais perdant » d’ « El Sheriff » , à l’image de Marca, qui poursuit, « Pochettino explose contre l’arbitrage » avant de dégainer du côté de AS, en toute simplicité : « Il n’est plus l’homme de la situation au PSG ». De quoi fragiliser l’image, déjà bien écornée, d’un Paris « terrible, qui a bénévolement offert la qualification au Real Madrid » tel que le décrit L’Esportiu. Des Rouge et Bleu dirigés par des « dépensiers », dont la réputation a été démantelée par les philosophes d’ABC : « Cette victoire, les cheikhs et leurs millions ne pourront jamais l’acheter. » Raisonnement de rigueur, toujours chez AS : « Le PSG ne vit que de rêves. Dépenser un milliard d’euros afin de marquer l’histoire et se retrouver sans rien quelque temps après : c’est difficile à comprendre. » Que le sportif semble loin.

Benzema-Mbappé vs Messi

Il faut dire qu’à travers ces déclarations, les objectifs sont nombreux au pays de Cervantes, Marca en tête : « Ce match va marquer un avant et un après pour Mbappé. Madrid n’a pas attendu son but à la Bip Bip pour tomber sous son charme. » N’attendant qu’un signe (en l’occurrence une défaite du PSG), les médias s’en sont effectivement donné à cœur joie dans leurs parades nuptiales, destinées à l’enfant de Bondy. « Bernabéu s’est présenté à Mbappé » savourait le très sérieux El País, suivi de AS, utilisant une déclaration de Guti : « Mbappé, sois serein, ta maison t’attend. Désormais, tu sais où se vivent les plus belles soirées. » Ovationné à son arrivée et attendu à la Maison-Blanche cet été, le Français doit pourtant prendre son mal en patience. La faute à qui ? À « l’historique » Karim Benzema évidemment. Le triplé du bomber a « plongé Madrid dans le surnaturel » pour certains et « dans un autre monde » pour d’autres. Le sourire du Lyonnais a ainsi orné une grande majorité des unes espagnoles (et mondiales), illustration d’un message unanime : « ¡Esto es el Madrid! »(C’est ça Madrid !).

Le duo Mbappé-Benzema en tête, la relation père fils ou aîné-benjamin a fleuri aussi vite que la remontée merengue. Les quinze minutes de discussions entre les deux hommes en début de partie, à la mi-temps et au coup de sifflet final ont, comme souvent, été disséquées au détail près, tandis que Marca s’est chargé de préparer le terrain : « Mbappé, tu es le bienvenu à Madrid, mais tu dois savoir que le papa, c’est Benzema. » Même son de cloche chez les Barcelonais du Mundo Deportivo, préférant plutôt une association des deux : « Le Mbenzema a encore frappé ! » Et justement, les Catalans ont vite fait de choisir leur camp. Plaçant de sérieuses billes sur le retour triomphant de Lionel Messi à Santiago Bernabéu, MD, Sport et La Vanguardia n’ont pas tardé à rebrousser chemin. La Pulga à l’affiche, c’est donc un « KO total pour le PSG de Lionel Messi » et « sept années de torture européenne pour l’Argentin ». Difficile de dire le contraire. Après avoir vu le « Bernabéu dévorer Paris » et en attendant une prochaine édition, la Ligue des champions a donc offert à l’Espagne une nouvelle occasion de taper sur le Paris Saint-Germain. À quand l’inverse ?