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Réussir ses 10 dernières minutes : mode d’emploi

Par Emile Gillet
7 minutes
Réussir ses 10 dernières minutes : mode d’emploi

Le phénomène est contagieux. En suivant l’exemple de la France contre la Suisse pendant l’Euro, l’Olympique Lyonnais est passé maître des fins de matchs foirées. Un vrai problème qu’il faut réparer. Un sexothérapeute, un humoriste et un cuisinier, ce n’est pas le début d’une mauvaise blague, mais bien le panel d’experts pour gérer la pression qui se charge des conseils.

Les stades changent, les équipes aussi, mais pas le bourreau. En fin de saison dernière, Lyon menait 2-0 avant de perdre 2-3 contre le LOSC de Christophe Galtier. Même scénario catastrophe le week-end dernier où l’OL a sombré à Nice, sous les yeux d’un Galette en transe. Depuis, le soufflé est retombé, mais Peter Bosz a tout de même du mal à avaler la pilule : « On a perdu huit points après la 80e minute et pris huit buts, c’est trop. Il faut travailler là-dessus. » Sans ces points perdus, l’OL serait confortablement deuxième avec 24 unités. Pour autant, l’entraîneur ne jette pas tout à la poubelle : « Il ne faut absolument pas oublier les 80 premières minutes contre Nice. On joue de mieux en mieux » . Oui mais voilà, ça ne suffit pas. Le stand-upper Jonathan O’Donnell en sait quelque chose : « Bien finir c’est hyper important, c’est pour ça qu’on l’appelle la chute d’une vanne. On en a besoin parce que c’est la dernière impression que tu laisses. Les gens ont la mémoire courte, donc il faut finir fort. Si tu ne pars pas en haut, tu rentres chez toi et tu n’es pas bien. Parce que si c’est une soirée où les sketchs s’enchaînaient, les gens ne vont pas te retenir. »

Orgasme, Poulidor et Catenaccio

L’OL a beau avoir déroulé un football alléchant pendant 80 minutes, l’histoire, les supporters et surtout l’inconscient des joueurs va retenir cette foirade. Un vrai problème pour le sexothérapeute Alain Héril : « C’est ce qu’on appelle une névrose d’échec. Peut-être qu’en amont, il n’y a pas suffisamment de libido, de désir de gagner. Inconsciemment, c’est comme si l’OL n’avait pas envie de jouir et donc jouir de la victoire. C’est comme si on terminait la relation sexuelle avant d’atteindre l’orgasme. » Le problème n’est pas tant la conséquence, mais la cause. C’est cela qu’il faut identifier pour pouvoir ensuite rebondir en toute sérénité et ranger la remontada dans un placard. « Cette volonté de perdre est liée à une mauvaise confiance en soi, diagnostique le thérapeute. C’est un rapport masochiste des choses : inconsciemment, je n’ai pas le droit de gagner. L’impossibilité d’être premier, c’était le syndrome Poulidor. On préfère rester le fils plutôt que le père : toujours sous l’hégémonie de l’autre, dans l’incapacité de prendre ses responsabilités. »

Finaliste de Top Chef 2020, Adrien Cachot trouve une autre explication : « Rater la fin d’un plat ou d’un service, c’est la cata, le non-aboutissement. Parfois, on peut perdre le contrôle, mais normalement on est censé faire un travail de métronome, de chef d’orchestre. Ça arrive quand l’adrénaline monte ou que justement tu as peur de perdre le contrôle. C’est là où tu te laisses dépasser par les émotions. » Un scénario digne d’Inception qui peut être corrigé directement sur le terrain selon Adrien Cachot : « Le rôle du capitaine, c’est le même que celui du chef : rassurer et sécuriser. C’est comme calmer une défense. » Contrairement à d’autres, le Chef a un avantage, il avoue volontiers être hermétique à la pression : « Tout le concours Top Chef, c’était un peu le Club Med, le loft de Puel, les vacances quoi ! Pendant les dix dernières minutes, je nettoyais mon plan de travail, fignolais mon assiette tranquille. Je cadenassais en mode catenaccio. »

Improvisation et créativité

Retour à l’humoriste. Face à la perte de moyen ou la pression qui peuvent flinguer une fin de prestation, il mise sur l’impro :« La dernière fois, j’amorce la vanne finale et pile quand je la fais, quelqu’un tousse en simultané donc personne n’entend. Derrière j’ai un blanc, un bide et donc je suis énervé. Mais il faut rebondir. J’ai cherché qui c’était dans le public et je l’ai vanné. Quand tu te fais une personne du public, ça fait toujours marrer les autres. »Problème, improviser sans consulter ses dix coéquipiers sur un terrain, ça devient rapidement compliqué, pour ne pas dire peine perdue. Jonathan O’Donnell sort une autre astuce de sa boîte à outils : « Il te faut une béquille, une vanne dont tu sais qu’à 99%, tu pars en haut avec. Quoiqu’il arrive, il faut repartir sur quelque chose de très rapide parce qu’on ne peut pas finir sur du moyen ou du moelleux. »

À ce petit jeu-là, Adrien Cachot n’est pas le dernier. Cuistot aussi fou que génial, le chef du Perchoir Ménilmontant a toujours un coup de génie sous sa toque : « Je réussis toujours à retomber sur mes pattes parce que je ne me ferme jamais aucune idée. La créativité n’est pas un frein, ça peut même aider pour une fin de service compliquée. Ça arrive que des personnes soient intolérantes de dernière minute à un produit ou qu’il manque un détail à rajouter au dernier moment » . C’est là qu’un Lucas Paqueta, par exemple, peut jouer un rôle important. Mais quand une équipe entière se recroqueville sur elle-même, qu’elle décide de fermer la boutique sans mettre le double tour, il faut alors s’en remettre à une force collective. Pas évident quand la situation s’est déjà présentée contre Clermont, Paris et Saint-Étienne rien que cette saison. « C’est ce qu’on appelle un ancrage qui se met en tête, explique Alain Héril. C’est la situation typique du stress anticipatif. À chaque fois qu’on mène 2-0 à la 80e, on se dit « ça va faire comme l’autre fois », ça crispe, on perd la confiance, la vigilance et en effet ça fait comme l’autre fois. Comme si une espèce de fatalité était en place. Récemment avec les Bleus, Karim Benzema a donné le ballon du penalty contre la Belgique à Mbappé pour enlever l’ancrage qu’il avait développé contre la Suisse. »

La remontada c’est tabou, on en viendra tous à bout

Après le match à Nice, Anthony Lopes n’a pas hésité à qualifier la rencontre de « faillite mentale ». Pour autant, le gardien ne s’inquiète pas sur la capacité des Lyonnais à rebondir.« C’est traître, parce que si tu te dis à chaque fois « ce n’est pas grave, on a rebondi avant, on sait comment faire », tu diminues un peu ta capacité à rebondir, estime O’Donnell. Si tu sais comment faire, alors n’attends pas le dernier moment. J’ai envie de leur dire : regardez votre effectif, est-ce que vous pensez être à votre place ? Là, ils sont neuvièmes, juste devant Lorient. Ce n’est pas contre Lorient, mais Lyon ne doit pas être derrière eux » . Le sexothérapeute mise sur une communication d’un ordre différent : « Je prêche pour ma paroisse mais je pense que quelques séances de thérapie de groupe seraient les bienvenues pour l’équipe. Repositiver les choses pour les aider à dépasser ça. Deux ou trois suffisent pour des sportifs de haut niveau pour ne pas entrer dans ce cercle vicieux. »

Avant de convoquer une réunion des remontadés anonymes, c’est au coach de prendre les choses en main. « Si c’est un problème d’endurance, il faudrait les préparer pour faire des matchs de 120 minutes et donc toujours avoir une réserve d’énergie, enchaîne Héril. Mais je pense qu’il faut arriver à être en lien avec l’instant présent. L’entraîneur doit mobiliser ses troupes, non pas pour jouer une deuxième mi-temps, mais pour jouer une deuxième première mi-temps. » Un bon compromis pour revigorer le corps, tout en impactant positivement l’esprit. Un dernier conseil pour la route, ne surtout pas suivre celui d’Adrien Cachot : « J’aimerais que ce soit Bordeaux qui rebondisse. Donc si Lyon peut s’enliser, ça me va (rires) » .

Dans cet article :
Un espoir lyonnais s’envole vers la Juventus
Dans cet article :

Par Emile Gillet

Propos recueillis par EG (sauf PB et AL tirés de conférences de presse)

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