- Supercoupe
- Barcelone/Real Madrid
Réunion de famille au Camp Nou
Les frères ennemis se retrouvent ce soir pour en finir avec cette Supercoupe. Grâce au 2-2 de Bernabeu, le Barça a un léger avantage sur son frangin merengue. Mais ce soir, c'est le Real qui a tout à perdre. Explications.
Il en va des clasicos comme des réunions de famille. On a beau déjà tout savoir sur tout le monde, on a beau s’être déjà déchiré, réconcilié, trahi et ignoré, on continuera à se retrouver pour les grandes occasions. Alors, enroulés dans de jolis costards, on fera le point. D’abord sur le petit génie devenu grand qui récolte les lauriers et les compliments. Puis sur son petit frère, le laborieux. Celui qui n’a jamais réussi que dans la douleur, l’effort et le sacrifice. Bien sûr on trouvera l’aîné plus séduisant, on s’identifiera même en se trouvant une ressemblance avec lui. Le cadet, lui, se taira et espérera secrètement que la foudre s’effondre sur le jeune premier. Real Madrid et FC Barcelone sont frères. Ils s’aiment tout autant qu’ils se détestent. Un match retour de Supercoupe ne vaut pas beaucoup plus cher que le baptême de la petite dernière. Mais on s’y rendra, espérant que cette fois-ci enfin, on trouve un vainqueur.
Depuis dimanche, Real et Barça ont échangé leurs costumes. Embaumé de sa première demi-heure, le Real Mourinho s’habille en beau jeu et se parfume de possession. Karanka, adjoint du “Mou”, de s’enflammer : « Si nous jouons comme ça, la Supercoupe repartira avec nous à Madrid » . Cristiano Ronaldo ne peut s’empêcher de se comparer à l’odieux frérot : « Nous avons fait un bon match. Nous avons eu plus d’occasions, plus de possession et plus de contrôle. Nous aurions mérité la victoire. Mais c’est la ligne à suivre pour atteindre nos objectifs » . Xavi Alonso promet que le Real ira « au Camp Nou pour bien jouer et gagner » . Devant 500 millions de téléspectateurs dans 147 pays, dimanche soir, le Real a fait joujou avec son frère catalan. Même Pep fait mine d’être impressionné par le travail madrilène : « Notre sensation, c’est que le Real nous est actuellement supérieur » . Sauf, qu’avec des Blaugranas en version d’été et sans ses peloteros officiels (Xavi, Busquets, Pique), le match s’est terminé par 52 % de possession barcelonaise et un record de 184 matchs consécutifs avec le ballon plus souvent dans les pieds du Barça que de son adversaire.
Coup de pression
La pression haute dans le camp barcelonais a permis aux Madrilènes de faire illusion quelques minutes. Mais il aura suffi d’un Ramos trop naïf et d’un carambolage dans l’axe madrilène pour que les lutins blaugranas frappent et claquent deux fois en à peine dix minutes. Oui, le pressing très haut madridiste a permis d’étouffer Mascherano (dans peut-être le pire match de sa vie) et de rendre Abidal très nerveux. Benzema et Ozil ont, eux aussi, poussé. Certains disent même avoir vu Ronaldo filer des coups de main à la récupération côté gauche. Mais le Real a frôlé l’exécution sommaire. Presser si haut peut mener à la catastrophe. Le Betis Séville en avait souffert le châtiment malgré une première mi-temps époustouflante en janvier dernier. Guardiola s’en était même régalé : « Le Betis est l’une des meilleures équipes que nous avons affrontées » . Sauf qu’à la fin de la gourmandise, c’est 5-0, dont quatre buts en seconde mi-temps. Le Betis a explosé après quarante minutes de pressing. Une manita, encore.
Rien à gagner
Alors même si le Barça tient son avantage et ses deux buts à l’extérieur. Même si beaucoup seront absents. Même si perdre un trophée à la maison est plus qu’humiliant, c’est bien le Real qui a beaucoup plus à perdre ce soir. En cas de naufrage, le FC Barcelone n’aura qu’à invoquer les désertions et un merveilleux vainqueur madrilène. Mais le Madrid, lui, n’a pas le choix. A vouloir jouer au plus fin, le Castillan s’est piqué d’esthétique et de possession et va devoir donner des gages très (trop ?) vite. Être le plus beau de l’été, c’est intéressant pour se promener sur les plages mais au mois de septembre, les restes de bronzage ne servent plus qu’à regretter les occasions manquées. Au Bernabeu, le Real a eu besoin de frapper neuf fois au but (contre deux fois pour le Barça) pour émoustiller son adversaire.
Ce soir, « il y aura des changements » a promis Karanka, sans en préciser la teneur. Coentrao devrait remplacer Di Maria. Ce que les Merengues perdront en profondeur, ils le gagneront en impact physique. Le Real devrait à nouveau planter une équipe hargneuse et téméraire. Déjà, lors du retour de Champions, contraint par la suspension de Pepe, Mourinho avait dû parier sur un match au milieu. Avec 1-1 à la fin, le Real était éliminé en demi-finale du rêve mais venait de toucher du doigt l’antidote : vitesse, pressing et agressivité. La recette idéale pour dynamiter les dîners de famille.
Thibaud Leplat, à Madrid
Par