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Rétro Danemark 92 : Entretien John Sivebaek

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Rétro Danemark 92 : Entretien John Sivebaek

Ouf ! John Sivebaek parle français. Il faut dire qu'après avoir joué à Manchester United, il a enquillé à St-Étienne, puis à Monaco. En 92, John a 31 ans et il est à l'ASM depuis une saison. Il évoluait au poste de défenseur, en latéral droit. Aujourd'hui, John est agent de joueurs.

Comment avez-vous appris la nouvelle de votre participation à l’Euro ? Vous vous y attendiez étant donné la situation en Yougoslavie?

On savait ce qui se passait là-bas, mais on ne croyait pas à une exclusion de la Yougoslavie. La fédération nous disait de nous tenir prêts, qu’il y avait cette possibilité d’être repêchés… Je venais tout juste de finir la saison avec Monaco, j’étais encore là-bas quand j’ai appris la nouvelle. Mais d’autres joueurs étaient déjà en vacances depuis quelques jours. L’équipe était éparpillée un peu partout. Certains se trouvaient en Espagne, d’autres en Allemagne, les autres étaient au Danemark où la saison se terminait à peine.

Comment se sont passées les retrouvailles entre vous ?

C’était un peu bizarre de tous se retrouver au dernier moment, mais on l’a pris comme une belle possibilité. Lors des premiers entraînements, l’équipe n’était pas en forme. Il y avait pas mal de différences entre ceux qui venaient de finir la saison et ceux qui revenaient de vacances. C’était un peu le bordel pour réunir tout le monde, mais une fois en Suède on était heureux d’être ensemble, on ne pensait plus aux vacances.

Vous avez abordé cette compétition sans pression. On a l’image d’une bande de potes venus prolonger leurs vacances…

C’est ce qu’on a raconté après la victoire, mais avant la compétition, on doutait beaucoup, notre sélectionneur encore plus. Il s’arrachait les cheveux pour préparer une équipe en moins de dix jours. Du coup, on s’est entraînés beaucoup plus intensément qu’on l’imagine pour rattraper le temps perdu. Il y avait une ambiance décontractée, mais on avait envie de montrer qu’on n’était pas une bande de vacanciers débarqués là par hasard.

Vos femmes étaient-elles présentes avec vous durant toute la compétition ?

C’est une légende. Elles venaient le soir après les matchs et restaient le jour d’après.

L’ambiance était-elle si différente de ce que vous avez connu en 84 ou 86 ? Était-ce un avantage de débarquer au dernier moment ?

C’est devenu un avantage pendant le tournoi, avec la confiance et les victoires. En 86, on a eu trois semaines de préparation, il fallait bien ça pour s’adapter aux conditions du Mexique. En 92, on a eu de la chance que la compétition se passe à côté, chez les Suédois.

Comment se passe le tournoi ?

On a douté au début. Le nul 0-0 contre l’Angleterre nous a rassurés. Après, la défaite contre les Suédois (0-1), ce n’était pas la catastrophe. Pour une équipe invitée de dernière minute, on se défendait bien. Après, il y a le match contre la France (2-1)… On était déjà heureux d’être en demi-finale. Contre les Pays-Bas, je ne nous voyais pas gagner. C’était le tenant du titre et la meilleure équipe du tournoi. Dans ma tête, c’était mission impossible.

Est-ce qu’ils vous prennent de haut ?

Je pense que les Néerlandais, et les Allemands par la suite, nous ont pris pour des petits. C’est la pire façon d’aborder un match.

Que s’était-il passé entre le sélectionneur Richard Morten-Nielsen et les frères Laudrup pour qu’ils quittent la sélection? Pourquoi Brian est-il revenu et pas Michael ?

Il n’y avait rien de personnel. Quand ils sont partis de la sélection, j’ai eu beaucoup de mal à comprendre la raison de leurs départs. Brian revient à la fin des éliminatoires de l’Euro après une discussion avec le coach. Heureusement pour nous. Il a fait un grand tournoi. Mais il ne gagne pas le tournoi à lui tout seul. Des garçons comme Larsen, Povlsen, Jensen ou Schmeichel sont aussi très importants.

Différence par rapport à 86, l’équipe était-elle plus défensive ? C’était la réputation du coach Morten Nielsen, non ?

C’était une nécessité tactique. Avec une préparation tronquée, on ne pouvait pas proposer le jeu de 86 qui était très exigeant physiquement. Morten-Nielsen a mis en place une équipe pour le contre, c’était la seule façon de jouer dans ce contexte.

Parlez-nous de Richard Morten-Nielsen ?

Il était très critiqué, mais ça fait presque partie de la vie d’un sélectionneur. C’est un entraîneur très structuré, un tacticien avant tout. Il se démarquait du style offensif de Piontek. Mais il n’avait pas la même équipe il faut dire. Il y a eu des choses inexplicables. Il y des jours où on réussit le tournoi de sa vie ! Jensen qui ne marquait jamais ouvre le score en finale. Même s’il n’a pas marqué, Polvsen a eu un rôle déterminant. C’était un attaquant qui travaillait beaucoup, qui prenait les espaces, il était important pour initier le pressing et servir de point d’appui.

Et l’histoire entre Polvsen et Van Breukelen au moment des tirs au but (NDLR : 2-2 à la fin des prolongations, le Danemark bat les Pays-Bas 5 tab à 4. C’est Van Basten qui rate le sien) ? Van Breukelen le chauffe un peu…

C’était un peu rugueux, non ? Les deux se connaissaient du PSV. Van Breukelen a voulu lui mettre la pression, mais Flemming connaissait bien le personnage et il a réussi son tir au but.

Et Kim Vilfort ? Comment vivait-il cet Euro ?

On a très mal vécu l’annonce de la maladie de sa fille. Pendant le tournoi, Vilfort est retourné au Danemark puis il est revenu parmi nous. On pensait beaucoup à lui. Un journal danois a fait sa une sur la maladie de sa fille (ndlr : elle était gravement atteinte de leucémie), on était très remontés contre cet article. On n’avait pas envie de lire ça.

Et l’après Euro en revenant au pays ?

On n’a pas reconnu le Danemark à notre retour. Cette joie, tout ce monde dans les rues, on vivait un rêve. Je n’oublierai jamais. Chaque année, on se retrouve tous ensemble, femmes et enfants compris, pour fêter 92. On forme presque une famille. Jusqu’à la fin de nos jours, on restera unis grâce à cette victoire.

Et le référendum sur Maastricht (Ndlr : le peuple danois avait rejeté le référendum sur Maastricht en votant « non » à 50, 70 %?

On n’a pas vraiment eu le temps d’en parler. Personnellement, je me souviens surtout avoir oublié ma carte d’électeur à Monaco dans la précipitation du départ. Du coup je n’ai même pas pu voter.

Pour tous nos internautes qui se seraient montrés sceptiques, voici en images les deux victoires du Danemark en 1989 contre la Suède (6-0) et contre le Brésil (4-0).
Du grand art : régalez-vous !

Les Héros du gazon sur les pelouses françaises

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