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Rétro Danemark 92 : Entretien Henrik Andersen

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Rétro Danemark 92 : Entretien Henrik Andersen

Henrik Andersen est le héros malheureux du Danemark 92. Suite à un choc terrible avec Van Basten, cet arrière gauche à la base monté milieu y laissera sa malléole. Il avait 27 ans à l'Euro et jouait à Cologne. Ayant joué auparavant en Belgique (Anderlecht 1983-85), il y vit aujourd'hui. Il parle français avec un accent wallon chargé de regrets. Au cours d'un entretien émouvant, il revient sur l'Euro 92 qui marquait pour lui le début de la fin après une nouvelle blessure à la rotule.

L’exclusion de la Yougoslavie ?

C’était une demi-surprise, on connaissait la possibilité d’être repêchés par rapport aux événements en Yougoslavie. La fédération avait dit à ceux qui se trouvaient en vacances de s’entretenir.

Comment abordiez-vous cette compétition?

A côté des autres équipes qui bénéficiaient d’une vraie préparation, on partait dans l’inconnu. Notre match amical contre la CEI avant l’Euro n’a pas été terrible. On se demandait un peu : « Mais qu’est-ce qu’on fait là ? » . Après, nous étions une équipe avec de l’expérience. Il y avait des joueurs comme moi qui avaient quelques heures de vol en sélection. Le sélectionneur Morten-Nielsen n’avait pas à dire grand-chose. Beaucoup d’entre nous évoluaient à l’étranger. L’équipe savait ce qu’elle avait à faire. Morten-Nielsen ne disait pas grand-chose.

Les légendes autour de l’ambiance festive ?

Si on compare avec d’autres équipes, l’ambiance était assez décontractée. On est allés manger au McDo une fois, on buvait parfois une bière après l’entraînement. Mais on ne faisait pas non plus la fête tous les soirs. L’encadrement nous laissait libre de faire ce qu’on voulait, alors que je sais que les Allemands vivaient beaucoup plus renfermés sur eux-mêmes. Quand on est professionnels, on sait quand même ce qu’on doit se permettre ou pas avant un match. La décontraction n’empêche pas le sérieux.

Les Laudrup ?

Je ne sais plus trop les raisons de leur départ… Maintenant, peut-être que si Michael avait été présent nous n’aurions pas gagné –et pourtant c’est le meilleur joueur avec qui j’ai évolué. Sans lui, l’équipe compensait par plus d’engagement. On avait d’autres qualités dans l’équipe. On se reposait sur une bonne organisation, des joueurs expérimentés, des latéraux offensifs et Schmeichel dans les buts qui était le meilleur gardien du monde… Michael était un meneur axial, Brian préférait partir d’un côté, il débordait plus. Quand Michael n’était pas là, Brian devenait le leader technique de l’équipe, celui qui devait faire la différence.

Le match qui change tout contre la France (2-1)…

Après les deux premiers matchs (ndlr : 0-0 contre l’Angleterre puis 0-1 contre la Suède), j’ai dit à la presse que c’était une bonne chose d’être obligés de gagner contre la France. C’est plus facile d’être obligé de gagner que de faire des calculs. Contre l’Angleterre, on ne fait pas un match terrible, contre la Suède c’est à peine mieux. Contre la France, on commence à voir une équipe à l’aise sur le terrain, après on n’a jamais cessé de s’améliorer, de monter en puissance physiquement.

L’importance de Brondby ?

Je ne sais pas si ça eu une importance majeure. On a surtout pu bénéficier de l’expérience acquise à l’étranger. Si tout le monde jouait encore au pays, ça aurait été plus difficile de gagner.

La différence entre 86 et 92 ?

L’équipe avait beaucoup changé, il restait juste John (Sivebaeck) et moi. Je reste persuadé qu’il y avait plus de qualités, plus d’individualités et de technique dans l’équipe de 86. A l’époque on a eu un sacré jour sans contre l’Espagne (ndlr : défaite écrasante 5-1 !), pourtant au Danemark, l’équipe de 86 reste considérée comme la meilleure. Maintenant, c’est celle de 92 qui est entrée dans l’histoire…

Richard Morten-Nielsen ?

Il y a eu des doutes quand il a succédé à Piontek. Son grand mérite a été de préparer l’équipe en dix jours de temps. Après, ses entraînements n’étaient pas du niveau de ceux que j’ai connus à l’étranger.

Et le match contre les Pays-Bas ? (NDLR : 2-2 à la fin des prolongations, le Danemark bat les Pays-Bas 5 tab à 4. C’est Van Basten qui rate le sien)

Pour moi ça a été le début de la fin malheureusement. Après ma saison à Cologne, je pouvais partir où je voulais. Cette blessure a presque tué ma carrière. Pendant 11 mois, je reste éloigné des terrains. Trois semaines après mon retour, je me suis fait les croisés.

Que se passe-t-il sur l’action où Van Basten vous blesse ?

Certains disent qu’il l’a fait exprès. Je ne le pense pas. C’est la malchance. Il sort d’un dribble trop long et j’arrive dans la même direction que lui. Il trébuche, on a un contact genou contre genou. Comme lui avait la jambe plié et moi tendue, la mienne était plus fragile que la sienne. C’est la déveine. J’étais à la mauvaise place au mauvais moment… On fait un grand tournoi, mais ce tournoi m’a quand même coûté ma carrière… Pendant la prolongation, je me trouvais déjà à l’hôpital. Je suivais le match à la radio, mais j’étais ailleurs. On m’avait donné une bonne dose de morphine pour calmer la douleur. Le lendemain, je partais en hélicoptère au Danemark pour me faire opérer.

Comment avez-vous vécu la finale ?

C’est trois jours après. Je viens d’être opéré. Je souffrais encore trop pour retourner en Suède, je suis allé voir le match chez mes parents à Copenhague. Dès leur retour au vestiaire, tous les joueurs ont pris le temps de m’appeler… J’étais triste, mais la blessure n’a rien changé à l’affaire puisque j’étais suspendu pour cette finale. Contre les Pays-Bas, j’avais pris un carton jaune après cinq minutes sur une simulation de Gullit… On avait pas mal de blessés après le match contre les Pays-Bas, on allait enchaîner sur un cinquième match en 15 jours.

La fête à Copenhague ?

On a envoyé une ambulance chez mes parents pour venir me chercher, j’étais en fauteuil roulant, mais c’était extraordinaire, on n’avait jamais connu ça au Danemark et on ne le revivra peut-être plus jamais.

« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »

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