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Rétro Coupe intercontinentale : Platini, l’art et la victoire
Le 8 décembre 1985, la Juventus remporte la première Coupe intercontinentale de son histoire face aux Argentinos Juniors (2-2, 4-2 tab). Une rencontre marquée par un but génial refusé à un Platini en état de grâce.
De l’avis de son auteur, il s’agit du plus beau but de sa carrière. Amorti de la poitrine à l’entrée de la surface de réparation, contrôle orienté aérien du droit, et reprise enchaînée du gauche. Le ballon n’a pas touché le sol avant d’entrer dans les filets du gardien des Argentinos Junior. Tokyo peut se lever pour Michel, et ses coéquipiers le poursuivre pour le féliciter. Platini vient non seulement de signer une merveille qui vaut par sa seule dimension esthétique, mais ce but semble propulser la Juventus vers la première Coupe intercontinentale de son histoire. Il reste vingt grosses minutes à jouer et les Bianconeri qui avaient égalisé sept minutes plus tôt sur un pénalty de leur génie français (62e) prennent le dessus sur leurs adversaires sud-américains. Mais l’euphorie va rapidement retomber. Michel se retourne, se prend la tête entre les bras, puis s’effondre. But refusé pour hors-jeu d’un coéquipier. Sa réaction reste aussi célèbre que son but : le Ballon d’or s’allonge comme s’il se détendait dans son canapé devant un bon film, désabusé, avant de s’asseoir, bras sur les genoux, fataliste.
Oui, Michel :
À près de trente ans de cette finale, ce but refusé peut être considéré comme son souvenir le plus marquant. Une sélection de la mémoire cruelle pour l’une des plus belles rencontres intercontinentales de l’histoire. D’un côté, les Bianconeri du maestro Michel, épaulé par le jeune Michael Laudrup. De l’autre, les modestes mais irrespectueux Bichos Colorados, menés par l’exquis Claudio Borghi. Borghi fut l’un de ces grands numéros 10 argentins dont le seul tort fut d’avoir été contemporain de Maradona. La comparaison avec El Pibe de oro se révélait d’autant plus inévitable que le jeune Borghi excellait au sein du club où Maradona s’était révélé. À la 75e minute, celui qui deviendra sélectionneur du Chili (2011-2013) lance d’une ouverture extra-lucide l’attaquant José Antonio Castro, dont la frappe croisée victorieuse n’a rien à envier à la qualité du service. Il reste un quart d’heure à jouer, et le club du quartier La Paternal fait vaciller la Vieille Dame.
Le résumé du match :
À Tokyo, la Juventus, annoncée comme grande favorite, a souffert. Par deux fois, elle court après le score ouvert à la 55e minute par l’Argentin, Carlos Ereros. Mais si la belle machine à jouer argentine s’est montrée à la hauteur de l’enjeu, elle finit par tomber face à un Platini en état de grâce. Au mitan des eighties, le génie français est irrésistible. Il a trusté toutes les récompenses individuelles en 1984, comme il le fera en 85. Effondré par la décision de l’arbitre d’invalider sa merveille, le Français n’est toutefois pas sorti de son match. À la 82e minute, Platini co-signe avec Michael Laudrup un une-deux sur vingt mètres, où il envoie le Danois égaliser d’une passe lobée d’anthologie. Laudrup vit peut-être alors le meilleur jour de son passage discret chez les Bianconeri, mais c’est bien Platini qui va encore truster les honneurs. Le match se termine sur une séance de tirs au but que le Français conclut d’un plat du pied serein. Élu homme du match, Platini sera célébré jusqu’en Argentine. Le titre d’El Grafico : « On l’appelle Monsieur, mais il a le foot de rue dans le sang. »
par Marcelo Assaf et Thomas Goubin