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Retour vers le futur napolitain
Alors que Doc et Marty sont arrivés hier dans notre présent, Sarri, Insigne, Pipita et Allan effectuent également un voyage dans le temps. Direction septembre 2011 pour eux.
Deux mois sans connaître ce sale goût en bouche. Un mélange d’amertume et d’aigreur. Neuf matchs sans rencontrer le regret, ou très peu. Cette sensation de ne pas avoir tout donné. Peu y auront échappé : la DeLorean de Sarri McFly roule pour le moment à plein gaz. Elle marque. Beaucoup. Au moins trois valises depuis le début de saison (Bruges, Lazio et Milan AC). Elle ne défend pas trop mal non plus. Actuellement, seule la Fiorentina fait mieux en championnat. Et elle fait plaisir à voir, surtout. L’esthétisme est la seule valeur non quantifiable dans le sport, mais elle se ressent. Et depuis quelque temps, le Napoli soulève les poils. Le San Paolo, à l’image de son speaker Décibel Bellini, est aujourd’hui sur un petit nuage, rempli d’espoirs et de rêves.
Le mieux et le bien enfin réconciliés
Si tout n’est pas encore parfait, cet engouement n’est pas sans rappeler celui entamé au début de l’année 2011. Quand Mazzarri avait transformé Cavani, Hamšík et Lavezzi en bolides de course. Quand tout allait très vite dans un sens comme dans l’autre. Une équipe fougueuse pouvant rouler sur n’importe qui, mais pouvant également se perdre dans des spirales négatives, des trous noirs spatio-temporels. À l’époque, au moins en 2011/12, le Napoli jouait sur trois tableaux. Coupe d’Italie, Calcio et Ligue des champions. Et les Partenopei se donnaient à fond sans se demander quel match ni quelle compétition ils disputaient. Et ce sont ces effluves qui ressurgissent aujourd’hui.
Si nous ne sommes qu’en octobre, les similitudes ne manquent pas. Pour ça, il suffit de se remettre en tête les premiers matchs de poule du Napoli. Pas difficile de comprendre que cette équipe a l’intention de faire encore mieux que l’année dernière en C3. Mais ce qui marque avant tout, c’est leur détermination actuelle en championnat. Avec l’objectif avoué de retrouver dès cette année la grande Europe. Deuxième trait de caractère en commun avec l’équipe d’il y a quatre ans : le meneur d’hommes. Mazzarri et Sarri ont déjà quatre lettres en commun, mais pas que. Les deux hommes distribuent également les coups de fouet nécessaires pour ne pas se satisfaire que du « mieux » . Et tant pis pour son ennemi, le « bien » .
« Il y a encore beaucoup à faire et beaucoup à prouver »
Mais il y a aussi, et surtout, cette équipe pleine d’allant, mêlant sérénité défensive, sprinteurs, caresseurs de ballon et tueurs. Higuaín a totalement mué depuis la saison dernière. L’Argentin transforme actuellement plus d’un ballon sur quatre en but, ce qui porte son total à six. Un défaut qu’on lui reprochait énormément l’année dernière, désormais corrigé. C’est d’ailleurs autant de réalisations qu’Insigne. Un petit bonhomme qui nous prouve qu’on peut toujours faire mieux et qu’on peut aussi toujours monter d’un cran. Et puis que dire d’Allan, à part qu’il est tout simplement monstrueux et qu’il est en train de gratouiller la porte de la Seleção dès sa première saison en bleu ? Avant que le PSG ne vienne se servir en lots à Naples, c’est à peu de choses près ce qu’il se passait au San Paolo à la belle époque. Celle qui avait fait le lien avec Maradona en obtenant le premier titre depuis 25 ans…
Mais il ne faut pas non plus oublier que la flamme de 2011/12 s’était finalement brusquement éteinte face au pragmatisme de Chelsea et de la Juventus. Une élimination en huitièmes de finale contre des Blues en pleine réussite et une cinquième place en Serie A à cause d’un sprint final raté. Le Napoli s’était épuisé, avait trop tiré sur la corde de l’envie. Maurizio Sarri est prévenu. Et c’est pourquoi il ne se contentera jamais de ce qu’il a obtenu jusqu’à aujourd’hui et de ce qu’il obtiendra à l’avenir. La preuve avec cet extrait de conférence de presse après la victoire face à la Fiorentina. Une déclaration toute en retenue : « Nous ne sommes pas premiers, nous ne devrions pas chercher si haut. Il y a encore beaucoup à faire et beaucoup à prouver. » Humilité avant tout. Surtout que selon les rumeurs, un club français détenu par des Qataris s’intéresserait de près à Insigne. Pourvu que les leçons du passé aient été bien retenues, car là où les supporters aimeraient aller, il n’y a pas besoin de route.
Par Ugo Bocchi