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Retour sur le printemps européen 2010 de l’OL

Par Florian Lefèvre
8 minutes
Retour sur le printemps européen 2010 de l’OL

Il y a dix ans, l’Olympique lyonnais gagnait à Anfield, éliminait le Real Madrid et disputait une demi-finale de Ligue des champions, sans jamais vraiment rivaliser contre le Bayern Munich. On rembobine, avant les retrouvailles entre l'OL et le club allemand.

C’était l’époque où Christian Jeanpierre rendait l’antenne à la fin des matchs de Ligue des champions, en disant : « Dans quelques secondes, un épisode d’Esprits criminels » ou « Et tout de suite, Les Experts… » Dans les grands soirs, il concluait même : « Les Experts, ce soir, ils étaient Lyonnais. » À la fin des années 2000, l’Olympique lyonnais avait l’habitude d’être le dernier représentant français au printemps européen, mais ses grandes heures semblaient passées. Lyon n’était plus le grand Lyon qui avait désossé le Werder Brême, champion d’Allemagne (en 2005), et fait trembler l’AC Milan, vice-champion d’Europe, jusqu’à la 88e minute d’un quart de finale retour à San Siro (en 2006). Pourtant, c’est quand on s’y attendait le moins, après le départ de son capitaine emblématique Juninho, que l’OL a atteint pour la première fois le dernier carré de la C1.

La fin d’un septennat

En 2009, les Girondins de Bordeaux tournent la page du septennat lyonnais. Troisième de Ligue 1, l’OL de Claude Puel doit passer par un tour préliminaire afin d’atteindre la phase de poules de la C1. L’occasion pour la nouvelle recrue Lisandro López de se mettre le public de Gerland dans la poche : l’Argentin, arrivé à Lyon après le départ de Benzema, plante quatre pions lors de la double confrontation contre Anderlecht (victoires 5-1 à domicile et 3-1 à l’extérieur) ! Un tour de chauffe qui permet à un espoir issu du centre de formation de débuter en pro : Maxime Gonalons. Le jeune Gone s’apprête à se faire un nom à Anfield.

Dans le temple de Liverpool, lors de la troisième journée de la phase de poules, c’est lui qui égalise d’une tête plongeante, avant un deuxième but victorieux du joker César Delgado dans le temps additionnel, 2-1 pour l’OL. « En plus, je suis rentré à un poste qui n’était pas le mien, juste avant la mi-temps », rappelle Gonalons. Le joueur de 20 ans a fait la paire avec Toulalan après avoir remplacé Cris sur blessure. « Je jouais avec la Toul’ qui n’était pas non plus un défenseur central dans l’âme. Mais on s’en est bien sorti », complète l’actuel milieu de Grenade, qui se remet ces jours-ci du coronavirus.

Lors des trêves internationales, il restait très peu de joueurs à Lyon.

Un OL porté par Lisandro

Même si Juninho et Benzema sont partis lors du mercato estival, Gonalons se souvient s’être fait « tout petit » en arrivant dans le vestiaire des pros. « Il y avait très peu de jeunes qui jouaient, reprend le buteur d’Anfield. Tu avais des internationaux de partout : France, Brésil, Argentine, Suède… Lors des trêves internationales, il restait très peu de joueurs à Lyon. » Acheté 24 millions d’euros plus quatre de bonus à Porto, une fortune à l’époque, Lisandro López plante 24 buts toutes compétitions confondues lors de sa première saison dans l’Hexagone. « Licha, c’était un tueur, mais en plus, il savait aussi jouer au ballon, tu pouvais combiner avec lui. C’est pour ça que j’ai toujours aimé jouer avec lui », illustre son coéquipier d’attaque, Michel Bastos.

Après avoir terminé deuxième de son groupe derrière la Fiorentina et devant Liverpool avec 13 points, l’OL doit se farcir le Real Madrid en huitièmes de finale. À l’aller à Gerland, l’OL domine les Merengues. César Delgado fait trembler le poteau en première période, et c’est Jean II Makoun qui ouvre le score après la pause au bout d’un rush solitaire et d’une frappe flottante en lucarne. Hugo Lloris préserve ensuite l’avantage des siens, remportant notamment un face-à-face avec Gonzalo Higuaín. L’attaquant argentin cédera d’ailleurs sa place à Benzema, ovationné pour son retour à Lyon.

Le poteau d’Higuaín

D’un naturel taiseux, Lisandro décide au match retour de motiver les troupes en inscrivant ce message – traduit par Cris et écrit par Vercoutre – sur le paperboard du vestiaire : « Ce soir, c’est à la vie, à la mort. On ne peut pas quitter ce stade sans avoir tout donné. N’ayez aucun regret. Bonne chance à tous. Signé Licha. » Les Lyonnais ont aussi été piqués dans leur orgueil par certaines déclarations de leurs adversaires dans la presse. Mais l’esprit guerrier des hommes de Claude Puel ne fait pas tout. Dès la 6e minute, Cristiano Ronaldo remet les compteurs à zéro en trompant Lloris d’un tir croisé du gauche en angle fermé. La soirée s’annonce longue. Puis surgit le tournant du match : parti dans le dos de la défense, Higuaín efface Lloris et frappe dans le but vide… mais le ballon heurte le poteau ! Lyon s’en sort très bien en rentrant au vestiaire à 1-0.

Ce soir, c’est à la vie, à la mort. On ne peut pas quitter ce stade sans avoir tout donné. N’ayez aucun regret. Bonne chance à tous. Signé Licha.

À la mi-temps, Claude Puel change ses plans : Källström et Gonalons remplacent Makoun et Boumsong. De son côté, Manuel Pellegrini envoie des renforts de choix : Raúl et Van der Vaart. L’OL fait le dos rond, et à un quart d’heure de la fin, en pivot dans la surface, Lisandro décale Pjanić, qui fusille Casillas. Score final 1-1, qualification de l’OL. « Aller à Madrid et prendre un but au bout de cinq minutes, c’est dur, insiste Aly Cissokho. Mais on n’a pas lâché, et ces deux matchs contre Madrid sont pour moi les plus aboutis de notre parcours. » Pour la sixième fois d’affilée, le Real Madrid n’arrive pas à battre l’OL. Surtout, la Maison-Blanche sort précipitamment de la compétition alors que la finale allait se dérouler au Bernabéu.

Du grand Lloris pour éliminer Bordeaux

La suite, pour l’OL, c’est Bordeaux, qui a sorti un quasi-perfect en phase de poules : 16 points sur 18 possibles, dans un groupe avec la Juventus et le Bayern Munich. La première manche de ce quart de finale franco-français se déroule à Gerland. Le match est enivrant en attaque et marqué par les sauvetages de Lloris. À l’heure de jeu, Wendel fracasse la transversale. C’était une balle de 2-2. Mais l’OL va finalement s’imposer 3-1 en marquant un penalty, converti par Lisandro, après une main de Chalmé sur une frappe de Cissokho.

Sans ses tauliers offensifs Lisandro et Govou, suspendus, Lyon débarque à Bordeaux pour préserver son avantage. En fin de première période, Chamakh se jette devant la cage et réduit l’avantage acquis par l’OL au match aller. Un but de plus, et les Girondins se qualifieraient pour les demi-finales. Mais un Lloris impérial sauve Lyon en sortant du cadre une tête de Wendel. Pour la première fois de son histoire, le club de Jean-Michel Aulas se qualifie (victoire 3-1, défaite 1-0) pour le dernier carré de la Ligue des champions. Sauf que c’est peut-être la meilleure chance française qui est sortie de la compétition.

L’Eyjafjöll et les Mercedes Viano

Le 20 mars 2010, un volcan islandais, l’Eyjafjöll, est entré en éruption. Un mois plus tard, le panache volcanique forme un épais nuage qui contraint presque tous les avions à rester au sol en Europe. À défaut de pouvoir décoller, l’OL affrète une dizaine de Mercedes Viano noires pour rouler sur 700 bornes jusqu’à Munich. « En matière de préparation, on avait connu mieux. Une fois sur place, on était claqués », remet Sidney Govou. Sur le terrain, alors que le score est toujours vierge, les affaires de l’OL prennent une tournure favorable quand Franck Ribéry est expulsé à la 37e à cause d’une semelle sur la cheville de Lisandro. Mais Lyon ne saisit pas sa chance.

« On démarre assez timidement. Puis il y a l’expulsion de Ribéry… C’est à partir de ce moment qu’on doit en profiter pour marquer un but et prendre le match à notre compte, ce que nous ne sommes pas arrivés à faire, analyse Govou. J’ai l’impression que lorsqu’on était en supériorité numérique, on était trop sûrs de nous. Nous étions une grande équipe, mais nous n’avons pas su mettre la physionomie de la rencontre à notre avantage, alors que c’était à notre portée. » Après la pause, Toulalan fait les frais de la compensation arbitrale en prenant un deuxième jaune sévère, mais évitable, au milieu du terrain. L’équipe de Louis van Gaal pousse, et Arjen Robben finit par marquer, sur une frappe contrée. « Robben ? C’est l’un des joueurs qui m’ont posé le plus de problèmes, euphémise Cissokho, qui a souffert dans son couloir. Il fait quasiment toujours le même geste, et ça passe… »

Le triplé d’Olić

Des regrets, Lyon ne peut en avoir que sur le match aller, tant le match retour a tourné à la démonstration bavaroise. « Au retour, on était incapables de rivaliser, ils étaient trop forts. Dans le jeu, ils avaient une telle force, nous, on était impuissants », avoue Gonalons. Et c’est le Croate Ivica Olić qui profite de la suspension de Ribéry pour faire de Gerland son jardin en inscrivant un triplé. Défaite 3-0 à domicile, pour l’OL, la chute est douloureuse.

Le Lyon de 2010 était sans doute le moins bon de toute la décennie depuis 2000, et pourtant, nous étions qualifiés en demi-finales. C’est bizarre, hein ?

« Le Lyon de 2010 était sans doute le moins bon de toute la décennie depuis 2000, et pourtant, nous étions qualifiés en demi-finales. C’est bizarre, hein ? » conclut Govou, sept fois champion de France de 2002 à 2008. Il fait le parallèle avec l’équipe actuelle, avant les retrouvailles entre l’OL et le Bayern : « Nous avions des individualités comme Lisandro López capables de nous qualifier alors que le collectif n’était pas dingue. Là, j’ai l’impression que c’est pareil : quand Lopes, Aouar ou Memphis sont en grande forme, l’OL est capable de sortir un grand match. Mais ce Lyon-là n’est pas le plus costaud d’un point de vue collectif. » Vrai. Mais ce format si particulier du final 8 de Lisbonne est aussi plus propice aux surprises. Et en plus, TF1 a pris soin de programmer un épisode d’Esprits criminels en deuxième partie de soirée ce mercredi.

Ligue des champions (F) : le Bayern frappe un grand coup contre Arsenal

Par Florian Lefèvre

Propos de Gonalons, Bastos et Cissokho recueillis par FL, ceux de Govou par Antoine Donnarieix

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