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Résurrection Z
Après une période post-Euro très compliquée, Simone Zaza revit avec un Valence de retour au sommet du football espagnol. Au point d’avoir été désigné joueur de septembre en Liga. Et si les meilleures heures de l’attaquant ne faisaient que commencer ?
Un ballon déposé sur quelques brins d’herbe peints en blanc, une course d’élan inédite, une frappe trop enlevée, un cadre qui se dérobe, une source d’inspiration pour Thomas Pesquet. C’est triste à dire, mais c’est encore tout ce qui reste dans la majorité des mémoires quand il est question de Simone Zaza. Ce samedi 2 juillet, jour de quart de finale de l’Euro 2016, l’Italie solidaire d’Antonio Conte bouscule le collectif allemand de Joachim Löw, champion du monde en titre, jusqu’à l’amener à la terrible séance de tirs au but. Tout le monde s’en souvient, et c’est là tout le drame : l’attaquant de la Squadra Azzurra, qui entre en toute fin de prolongation et n’a même pas le temps de toucher le ballon, offre aux yeux du continent un argument – légitime ou pas, à chacun son avis – de moquerie éternelle. Internet et ses réseaux sociaux s’en donnent à cœur joie, la sélection transalpine est éliminée, et le coupable désigné laisse couler ses larmes d’humiliation en privé.
L’épisode paraissait alors trop lourd pour que les épaules de l’ancien de Sassuolo, Bergame ou Gêne se redressent. D’ailleurs, le Turinois préférait quitter son pays pour l’Angleterre afin d’oublier ses soucis et retrouver un peu de tranquillité. Histoire de renouer avec son amour footballistique et retoucher au goût de l’orgasme au moment où la sphère fait trembler les filets. Peine perdue : à West Ham, Zaza erre comme une âme égarée entre septembre et novembre sur les pelouses de Premier League (460 minutes, zéro but). Arrive alors Valence, qui tente le coup malgré l’échec annoncé du mariage. Simone débarque donc en terre hispanique début 2017, retrouvant petit à petit le bonheur du terrain (six pions en quinze titularisations) dans une équipe en difficulté (qui terminera la saison en douzième position).
Dauphin de Messi
Zaza était donc destiné à rester l’ombre du redoutable buteur qu’il aurait pu devenir. Un homme dont les promesses avaient attiré la grande Juventus, mais qui s’était brûlé les ailes face à l’intransigeance du plus haut niveau. Un garçon qui n’avait pas le coffre ni le mental pour se relever et qui était condamné, au mieux, à faire la pluie et le beau temps de petites teamscomme Ascoli (18 caramels en 2012-2013). Sauf que s’il semblait encore vrai il y a quelques semaines, ce discours s’est récemment étiolé.
Sans que personne ne s’y attende, l’Italien a en effet fait mentir les statistiques. À l’instar de son club, le gaucher est revenu de l’été transformé. Le résultat ? Huit buts en neuf parties (dont un triplé en huit minutes contre Málaga), une deuxième place au classement des buteurs derrière l’intouchable Lionel Messi, un trophée de meilleur joueur de septembre en Liga, un rôle précieux dans les circuits offensifs de son équipe et un Valence dauphin du FC Barcelone. Autant de preuves qui démontrent la renaissance de Simone.
Couple gagnant
Comment expliquer cette métamorphose ? Pourquoi maintenant ? Hormis le fait qu’il ne se laisse plus aller à des coiffures laissant à désirer, difficile de trouver les véritables raisons de cette résurrection. Le fait est que Zaza connaît désormais l’Espagne, qu’il a eu le temps de s’adapter à la ville côtière et qu’il entre dans la force de l’âge pour un avant-centre (26 piges). Sans oublier que les Chéssont bien mieux que la saison dernière et le servent donc dans de meilleures conditions.
Chose qu’a tenu à souligner le principal intéressé au moment de récupérer son prix de joueur du mois : « Je suis très content. C’est une récompense pour moi, mais aussi pour l’équipe. Car sans l’équipe, rien ne serait possible. Messi peut y arriver seul alors que moi, je ne pourrais rien gagner sans l’équipe. Maintenant, j’espère continuer comme ça et marquer en octobre. » Aussitôt dit, aussitôt fait : le monsieur, qui n’a renfilé le maillot de l’équipe nationale qu’à une seule reprise (en novembre 2016) depuis son tir au but allemand, a planté contre l’Athletic Bilbao, le Betis et Séville depuis le début du mois. De quoi réclamer une place dans la liste des 23 et se réconcilier avec son peuple ?
Par Florian Cadu