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Report de Lens-PSG : un scandale si logique
Alors que l'Hexagone se remet de la défaite du PSG en finale de la Ligue des champions et angoisse chaque jour face à un Covid-19 qui menace chaque rencontre de Ligue 1, une polémique est née lundi soir. La raison ? L'obtention par le club parisien du report de sa rencontre contre Lens, originellement prévue samedi prochain. Cette décision fait jaser.
Le communiqué de presse du maire PS de Lens, Sylvain Robert, était inattendu, du moins au regard du sujet qu’il aborde, alors que la rentrée annonce un nouveau choc économique, un de plus dans une région et pour une ville qui peinent à tenir leur tête hors de l’eau. Seulement, le premier édile socialiste est en colère et ne mâche pas ses mots. « On joue la Ligue 1 Uber Eats, pas la Ligue 1 PSG », a-t-il péroré lundi, avant d’enchaîner : « Comment expliquer aux supporters sang et or qu’ils devront se déplacer en semaine pour supporter leur équipe parce que le PSG, frustré par sa défaite, sollicite un report du match ? » Bref, l’union sacrée, réclamée par nos politiques derrière le PSG, qui ne tenait guère debout avant la finale, s’est déjà effondrée comme un château de cartes. Avec forcément, surtout au regard de l’image que traîne QSI, le sentiment que les dirigeants parisiens jouent un peu aux enfants gâtés et capricieux, au moment où en face, on s’échine à relancer tant bien que mal le rythme ordinaire du foot français.
Ligue 1 PSG ?
Il est vrai qu’en posant tous les faits sur la table, il s’avère bien difficile de justifier la demande du PSG et encore davantage de comprendre pourquoi la LFP a cédé si facilement à une pareille exigence. Tout d’abord, le club parisien n’a pas découvert hier le calendrier, et sa direction aurait pu anticiper la situation en amont – imaginez par exemple le cas d’une victoire, de la fête qui aurait inévitablement suivi… En outre, il ne faut pas se mentir, il s’avère quand même compliqué d’imaginer que six jours se révèlent insuffisants entre deux matchs pour des athlètes aussi bien préparés et entourés. De plus, le PSG dispose clairement d’un effectif assez large pour s’autoriser à faire un peu tourner le onze type, par exemple si certains se sentent trop minés psychologiquement par la soirée de Lisbonne. L’argument de la récupération ne tient d’ailleurs guère, car l’une des conséquences de cet aménagement est la suivante : 48 heures après France-Croatie, fixé au 8 septembre prochain, le PSG ira à Lens alors qu’il doit affronter l’OM le 13 septembre. Nul besoin d’insister sur la dimension hautement symbolique de ce Classique.
Traitement de faveur ?
Le point qui est le plus ahurissant reste de constater avec quelle aisance et quelle tranquillité le PSG semble trouver normal de réclamer un traitement de faveur après son échec en C1. Comme s’il fallait le cajoler ou le réconforter. Cette étrange conception du sport de haut niveau paraîtrait presque risible, s’il ne raisonnait avec la séquence d’emballement vécu avant cette finale, sans parler des déclarations hallucinantes de quelques politiques. L’enthousiasme des supporters de la capitale est une chose, leur tristesse respectable, l’ensemble du foot français ne peut néanmoins se caler dessus.
Mais justement, loin de se résumer à la caricature d’un vilain Nasser al-Khelaïfi, petit chouchou de la classe, cet épisode a au moins le mérite de souligner quelle est désormais la place du PSG au sein du foot pro et donc d’éclairer les raisons des accommodements de la LFP. L’institution ménage sa tête de gondole, car on doit légitiment penser que si on a réussi à vendre si cher les droits télé, c’est en grande partie par la présence de ce mastodonte économique qui peut aligner dans une même équipe Neymar et Mbappé. La sollicitude de la Ligue ne répond en rien à une quelconque compassion pour les frêles organismes des joueurs parisiens, et encore moins envers le drame intérieur qu’ils peuvent vivre. Il ne faut y entendre que la petite mélodie de la calculette. L’impression d’injustice que ressentent les supporters lensois est sûrement fondée. Elle doit être autant tournée contre le PSG que vers l’ensemble d’un système qui fonctionne autour de ces grands clubs, bien loin de tout souci d’équité pourtant affiché officiellement. Si la décision est un scandale, c’est d’abord d’hypocrisie, autant de la part de ceux qui l’ont prise que chez un grand nombre de ceux qui s’en indignent. Honteuse, peut-être, tellement logique malgré tout…
Par Nicolas Ksiss-Martov