- France
- Ligue 1
- 36e journée
- Marseille/Monaco (2-1)
Renversant, l’OM ne lâche pas le podium
Une fin de match complètement folle. Menés 1 à 0 et complètement noyés, les joueurs de l'Olympique de Marseille ont renversé la vapeur en dix minutes pour revenir à deux petits points de l'AS Monaco. Les rêves de Ligue des champions sont encore permis.
A. Ayew (76′), Alessandrini (88′) pour Marseille , J. Moutinho (2′) pour Monaco.
De la passe pourrie au but salvateur. De la profonde déception à la joie immense. Parfois, le football est fou. Parfois, un joueur passe du statut de renégat à celui de héros. Cet ascenseur émotionnel, Romain Alessandrini l’a emprunté ce dimanche soir sur la pelouse du stade Vélodrome. Auteur d’un centre loupé au moment où son OM pensait renverser la vapeur après avoir été longtemps bousculé par l’AS Monaco, l’ancien Rennais s’est arraché, comme son équipe, pour inscrire un but de la victoire sur la quinzième passe décisive de la saison de Dimitri Payet. Concrètement, à Marseille ou derrière les écrans du monde entier, personne n’a vraiment compris ce qu’il s’est passé entre la 80e minute et la fin de la rencontre. En revanche, l’enseignement, lui, est simple : cet OM bancal mais héroïque revient à deux points de Monaco à deux journées de la fin suite à un match dingue.
OM : entre centres pour personne et fébrilité
Il ne veut pas la rendre parce qu’il est dégoûté. Pourtant, les joueurs qu’il supporte, eux, n’ont mis que soixante secondes à rendre les armes. Ce gamin qui boude aime l’OM et, pour manifester son désarroi, il oublie volontairement son rôle de ramasseur de balle pour ne pas rendre le ballon à un Moutinho tout heureux. Le bonheur de l’un fait le malheur de Mario Lémina. Coupable de ne pas dégager le ballon sur le premier mouvement monégasque de la rencontre, le latéral droit intérimaire permet au Portugais d’allumer Mandanda et d’éteindre le Vélodrome en deux temps trois mouvements. Pour vraiment dépanner l’OM, le ramasseur de balle aurait pu poser son survêtement dans la surface monégasque. Sonnés par l’ouverture précoce de l’ASM, les Phocéens répliquent comme ils peuvent : en centrant. Mario Lémina étant principalement occupé à faire des roulettes, c’est sur le côté gauche de Benjamin Mendy que les joueurs de Bielsa tentent d’animer la partie. Mais si le latéral gauche est plus à l’aise au moment de caler un grand pont à Bernardo Silva que lorsqu’il faut pénétrer dans la Commanderie en voiture, ses offrandes trouvent rarement preneur.
Quand il n’y a pas hors-jeu, il n’y a personne, et quand Gignac et Ayew répondent présent, le centre n’est pas bon. Et tandis qu’au milieu du terrain, le duel Kondogbia – Imbula occupe les observateurs, les Monégasques, eux, plient sans rompre et surtout sans souffrir. Ce n’est pas le cas des Phocéens, systématiquement en danger sur les incursions monégasques, tant à cause de leur fébrilité défensive qu’à cause de la vivacité du trident Silva – Martial – Carrasco. Cette double erreur Nkoulou-Morel qui permet à Martial de filer au but illustre parfaitement le manque de sérénité des locaux, bien heureux de trouver un Mandanda décisif. Pas le dernier à sauver les siens, Subašić sort le réflexe qu’il faut sur une frappe soudaine d’Alessandrini. Soudain, le tacle de Nicolas Nkoulou sur Moutinho l’est également. Plus de peur que de mal pour le Portugais, au sol de longues secondes, qui est finalement plus ennuyé par la non-expulsion du Camerounais que par son tibia. Le cliché veut qu’en football, les débuts et les fins de mi-temps comptent plus que le reste. Buteurs en tout début de match, les visiteurs passent tout près du break en fin de premier acte. Sur une ultime vague de gauche vers la droite, Carrasco cherche Martial, mais le ballon termine dans les pieds de Silva, dont la frappe du gauche s’écrase sur le poteau de Mandanda.
Tapis rouge, lancer de chaussure et réveil inattendu
Bielsa préférant certainement la roulette au casino, Lémina sort à la pause au profit de Rod Fanni. En revanche, toujours pas de nouvelle des ambitions marseillaises. Pendant que Payet fait des passes pour l’homme invisible, chaque incursion monégasque dans le camp de l’OM est un potentiel danger. Au final, il n’y a guère qu’une volée pleine de spontanéité du même Payet pour briser la constante monotonie footballistique à la mode dans les Bouches-du-Rhône en 2015. Dominés dans le jeu, notamment au milieu de terrain où Kondogbia et Moutinho s’amusent, les coéquipiers d’André Ayew décident d’allier l’inutile au désagréable. Coupable d’une énième action à cent touches de balle, Giannelli Imbula, remplacé par Thauvin, gueule sur le banc de touche et balance sa pompe dans le vide, même pas en direction de George W. Bush. À la ramasse dans le jeu et dans la mentalité, les locaux déroulent le tapis rouge aux hommes de la Principauté à qui ce 1-0 complètement mérité semble convenir. Et si son statut de remplaçant ne lui convient pas, Florian Thauvin dégaine une bonne entrée en jeu. Sur un rush digne de ses années bastiaises, le gaucher largue la défense adverse et centre, mais ni Batshuayi ni Alessandrini ne peuvent reprendre l’offrande. Dans la foulée, l’éphémère Lillois met trop de temps à déclencher sa frappe, contrée par Abdennour qui se blesse sur l’action. Une blessure qui compte, puisque la sortie du Tunisien, remplacé par Wallace, perturbe les Monégasques sur la phase arrêtée qui suit. Comme souvent dans ces moments-là, c’est André « Cœur de lion » Ayew qui vient mettre sa tête sur un centre d’Alessandrini, coupable d’une légère main. Le Vélodrome se réveille en même temps que ses joueurs. Trop tard ? Jamais. Après son loupé, Alessandrini surgit. Le champion d’automne schizophrène se battra jusqu’au bout. Même s’il faut garder Ocampos.
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Par Swann Borsellino