- C3
- 8es
- Rennes-Arsenal (3-1)
Rennes, roi des surprises
Époustouflant à domicile contre Arsenal, le Stade rennais enchaîne les renversements de situation et ne fait que déjouer les pronostics cette saison en Ligue Europa. Jusqu'à quand cette série peut-elle durer ?
Il faut croire que la mode est à la surprise, en cette fin d’hiver. En Ligue des champions, l’Ajax Amsterdam a sorti le Real Madrid triple champion en titre après avoir perdu 2-1 à domicile, et Manchester United a détruit les rêves parisiens en refaisant son retard de deux buts concédé au match aller. De son côté, et même si l’étonnement est moindre, Porto a renversé la Roma jusqu’à triompher durant la prolongation. Quelques heures plus tard, Séville a concédé le nul en mangeant deux pions devant son public par le Slavia Prague et… le Stade rennais a flingué Arsenal 3-1, alors qu’il avait subi l’ouverture du score d’Alex Iwobi dès la quatrième minute.
Sauf que pour le club breton, ce genre de performance ne date pas du mois de mars. En Ligue Europa, les Rouge et Noir sont même des habitués cette saison. Adorant retourner un score, une situation ou plus simplement déjouer les pronostics, la bande de Benjamin Bourigeaud offre un spectacle plus que divertissant depuis le début de la compétition. Et il convient de le noter, voire de l’applaudir, même si sa présence en quarts de finale du tournoi n’est évidemment pas assurée.
Des premières, mais pas que
Outre le fait qu’il a connu sa première victoire en phase de groupes de Coupe d’Europe (2-1 contre Jablonec en septembre), son premier succès en poules à l’extérieur (1-0 contre… Jablonec en novembre) et sa première qualification pour les huitièmes de finale (en décembre), le Stade rennais a surtout impressionné par sa capacité à se transcender à des moments où on ne l’attendait pas forcément. Suffit de jeter un coup d’œil sur le rétroviseur pour s’en persuader.
À la fin de l’année 2018, les Bretons ont déjà perdu trois fois en quatre matchs de poule. Autant dire que l’élimination leur pend au nez. Pour l’éviter, les Rouge et Noir doivent prendre six points sur six et espérer des résultats concordants sur les autres pelouses. Impossible ? Que dalle, répondent les outsiders : à la suite de deux succès arrachés – notamment le dernier contre Astana, durant lequel le score est resté vierge jusqu’à environ vingt minutes du terme –, les Français s’en sortent et accèdent aux seizièmes, signant là le meilleur parcours continental de l’histoire de l’entité.
Cinq rencontres consécutives de petits exploits
Face au Betis Séville au tour suivant, Rennes n’est absolument pas favori. Pourtant, les Rouge et Noir parviennent à coller trois goals en première mi-temps. Déjà un petit exploit, même si les trois caramels des visiteurs inscrits sur le tard rendent finalement la suite de l’aventure moins réelle. Pour continuer l’ « épopée » , les Bretons n’ont en effet pas le choix : il leur faut une victoire ou un nul avec un max de buts (quatre, au minimum) en Andalousie. Pas gagné… Mais encore une fois, les Français font sursauter les parieurs professionnels en allant chercher un superbe 3-1 en Espagne. Fou, complètement fou. Ces mêmes parieurs, aussi méfiants soient-ils, n’avaient pas prévu non plus le 3-1 collé à un Arsenal largement favori ce jeudi soir. Mais alors, à quoi faut-il désormais s’attendre dans cette C3 qui recommencera à l’Emirates Stadium ?
À une nouvelle surprise, peut-être. Car il ne faut pas l’oublier : en dépit du score de ce duel aller, tout autre qu’une qualification des Gunners représenterait encore un (mini) tremblement de terre footballistique. « Malgré la victoire, Arsenal reste favori de cette confrontation de par son passé et son expérience, a d’ailleurs justement prévenu Julien Stéphan face à la presse, et pas seulement pour mettre la pression sur l’adversaire. La seule chose à laquelle je pense, c’est qu’il faudra marquer là-bas. Au moins une fois, si ce n’est deux. » L’avantage, c’est que Rennes ne sera pas mort même s’il perd la main. Au point que la véritable surprise, ce serait peut-être de ne pas voir de surprise.
Par Florian Cadu