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Rennes-PSG : Hamari Traoré, le symbole du Stade rennais
Buteur et auteur d'un très bon match, Hamari Traoré a brillé ce dimanche soir contre le PSG. En l'absence de Benjamin Bourigeaud, il a rappelé que lui aussi occupait déjà une place de choix dans l'histoire du Stade rennais, qu'il pourrait quitter en fin de contrat en juin après six belles années.
Il n’est pas le premier auquel on pense quand il faut citer les joueurs majeurs du Stade rennais, où les attaquants et les techniciens s’éclatent depuis un an et demi, mais son importance dans l’équipe de Bruno Genesio n’est plus à démontrer. En l’absence de Martin Terrier, blessé pour de nombreux mois, et de Benjamin Bourigeaud, suspendu après son rouge reçu à Clermont, le capitaine Hamari Traoré est devenu la tête d’affiche du nouveau blockbuster réalisé par les Bretons, ce dimanche soir, contre le PSG. Le latéral droit s’est transformé en buteur pour endosser le costume du super-héros, généralement destiné à d’autres, dans une rencontre pendant laquelle il a tout bien fait. À Rennes, la star reste l’équipe et le collectif, c’est vrai, mais sous les trombes d’eau, c’était aussi une belle soirée pour se rappeler que Traoré a déjà sa place au chaud dans la légende du club breton.
Le grand frère du vestiaire
Dans le nouveau système proposé par son entraîneur face à Paris, l’international malien a livré un match XXL dans un rôle de piston fait pour ses qualités. Il a multiplié les courses dans son couloir, et les efforts pour revenir donner un coup de main à la défense sur les transitions parisiennes. Peu après l’heure de jeu, Traoré avait encore du jus pour se retrouver en position d’attaquant dans la surface, après un énième sprint, afin de transformer l’offrande d’Adrien Truffert, son pendant à gauche, en claquant un tir croisé imparable pour Gianluigi Donnarumma. « C’est symbolique que ce soit lui qui marque, s’est réjoui Genesio après la partie. D’abord parce que c’est le capitaine de l’équipe, et que c’est quelqu’un qui, dans la difficulté, garde toujours une attitude positive vis-à-vis de lui, des autres joueurs et du staff. » Une scène, aussi, pour raconter l’état d’esprit du défenseur de 30 ans : cette congratulation poitrine contre poitrine avec Arthur Theate face au kop rennais, après un ultime sauvetage de la tête signé Traoré devant Kylian Mbappé dans le temps additionnel.
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— Stade rennais F.C. (@staderennais) January 15, 2023
Dans le jeu et dans les attitudes, Traoré a été un repère, un modèle pour des Rouge et Noir courageux et appliqués. Ce n’est pas un hasard si le Malien fait partie du conseil des sages de Genesio, un petit groupe de cadres avec lequel l’entraîneur peut s’entretenir sur différents sujets au cours d’une saison. « Hamari a fait partie de ceux que j’ai consultés pour ce changement de système, a révélé le technicien breton, qui en avait parlé individuellement à plusieurs joueurs cette semaine pour les sonder. Il m’a tout de suite dit : « Coach, c’est super, on peut le faire, on a les caractéristiques pour le faire, on vous suit. » C’est très important, car on a un groupe jeune, il fait partie des plus anciens et il faut avoir des relais comme lui et d’autres, qui gardent une attitude positive et emmènent les autres. » Nommé capitaine à l’été 2021 après le départ de Damien Da Silva, Traoré est un élément essentiel dans le vestiaire rennais, où il est un pont entre les plus jeunes, ses « petits » comme il aime les appeler, et les anciens. Après avoir fêté son but, il a traversé le terrain à l’horizontale pour partager un moment et un câlin avec Guela Doué et Jeanuel Belocian, deux jeunes défenseurs restés sur le banc rennais. Le second a d’ailleurs été le premier à venir l’enlacer au coup de sifflet final libérateur. « Hamari, c’est comme un grand frère pour nous, confirmait Lesley Ugochukwu, 18 ans, en zone mixte. Il nous aide beaucoup, il nous conseille et il a un leadership très important. »
Dans la légende et vers la sortie ?
Le 14 juin 2017 peut être une date à marquer d’un menhir blanc pour le SRFC : ce jour-là, Benjamin Bourigeaud et Hamari Traoré s’étaient engagés pour quatre ans avec le club breton, encore loin d’être un candidat régulier au podium et un habitué de la Coupe d’Europe. Comme le Nordiste, l’ancien de Reims, d’où il était arrivé contre un peu plus de deux millions d’euros, a été un acteur majeur de la croissance du Stade rennais ces cinq dernières années. Les deux hommes sont aussi les derniers rescapés de la Coupe de France 2019 et donc, dans un sens, les garants de ce souvenir spécial. Avec 225 matchs disputés sous la tunique rouge et noir (6 buts, 21 passes décisives), Traoré est le 15e joueur le plus capé de l’histoire de Rennes, et il se hissera même à la 13e dans deux rencontres, en passant devant Daniel Rodighiero et Jacques Poulain.
Seulement, Traoré vit peut-être ces derniers mois à Rennes puisqu’il est désormais libre de s’engager avec le club de son choix, son bail prenant fin en juin prochain et Lorenz Assignon, 22 ans, attendant son heure. L’été dernier, le latéral droit pour lequel les dirigeants rennais n’avaient reçu aucune offre concrète n’a pas non plus vu arriver la proposition d’une prolongation de contrat, à l’inverse de Bourigeaud, qui a rempilé pour trois années supplémentaires avec une très belle revalorisation à la clé. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre le joueur, agacé par les relances à propos de son avenir, en conférence de presse fin décembre : « Je veux parler de ça une fois pour toutes pour qu’on soit clairs : je n’ai parlé avec personne, je n’ai eu aucune discussion avec qui que ce soit. Je n’ai parlé qu’avec le coach qui voulait savoir comment ça se passe. On s’est dit les choses clairement. Aujourd’hui, le plus important, c’est le football.(…)Le club a une politique à suivre et ce n’est pas parce qu’Hamari ne prolonge pas que je vais être déçu. Il y a une cause à tout, et une fin à tout aussi. » Ce dimanche soir, à la question de savoir s’il serait dommage de voir le capitaine quitter le navire l’été prochain, Genesio a répondu d’un simple « oui » dans un sourire. L’histoire n’est peut-être pas encore terminée, mais quoi qu’il arrive, elle aura été de toute beauté.
Par Clément Gavard, au Roazhon Park
Tous propos recueillis par CG