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Rennes prend Lamouch’
Pour succéder à Christian Gourcuff, pas dans les plans de son nouveau président Olivier Létang, le Stade rennais a opté pour Sabri Lamouchi. Ex-champion de France passé par l’Italie quand il était joueur, l’ancien sélectionneur de la Côte d’Ivoire a tout à prouver dans un club où tout reste à faire. De quelles armes dispose donc le nouveau coach breton pour mener à bien sa mission ?
« Je compare un petit peu l’arrivée de Sabri à celle de Laurent Blanc à Bordeaux, ou l’arrivée de Jocelyn Gourvennec à Guingamp. Qui étaient tous deux, et ce n’est pas péjoratif, des jeunes entraîneurs avec beaucoup d’envie. Avec des valeurs très fortes, aussi. » Voilà pour la présentation signée Olivier Létang en conférence de presse. Tout sourire, le président qui vient d’être catapulté à la tête du Stade rennais assume avec force son choix de remplacer, en ce vendredi 10 novembre, Christian Gourcuff par Sabri Lamouchi. Le nouveau projet breton – son projet – avait besoin d’un changement radical pour lancer le top départ. Et si son nouvel entraîneur – le moteur de ce projet – réussit aussi bien que Gourvennec à l’En Avant (une remontée en Ligue 1, une Coupe de France, un seizième de finale en Ligue Europa) ou que Blanc chez les Girondins (une Coupe de la Ligue, un titre de champion, un quart de finale en Ligue des champions), le nouveau patron du club pourra se targuer d’avoir débuté son règne par une bonne inspiration. Mais nous n’en sommes pas encore là.
À ses côtés, donc, se tient un homme discret, au costume parfaitement taillé et au sourire avare. Son visage de footballeur est connu des anciennes générations, sa tête d’entraîneur beaucoup moins. Et pour cause : celui qui n’a même pas la chance d’avoir une photographie sur son profil Wikipedia ne compte que deux expériences sur un banc. À l’étranger et dans des coins du monde peu suivis médiatiquement, qui plus est. D’abord deux ans en tant que sélectionneur de la Côte d’Ivoire, entre 2012 et 2014, qu’il amène en quarts de finale de la Coupe d’Afrique des nations 2013 et au premier tour du mondial brésilien. Puis trois petites années à El Jaish SC au Qatar, entre 2015 et aujourd’hui, où il remporte la Coupe Crown Prince en 2016. Curriculum vitae de technicien terminé.
La rigueur d’un fou, la douceur d’un agneau
Alors, comment compte-t-il s’y prendre pour redonner aux Rouge et Noir la santé que leur ville mérite ? « Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il est doté d’un grand professionnalisme. C’est par exemple le seul d’entre nous qui partait en thalasso pour préparer l’avant-saison, se souvient Bruno Irles, coéquipier de l’ancien milieu de terrain à Monaco de 1998 à 2000. Dès l’été, il s’organisait pour être le mieux possible physiquement pour la saison à venir. Il était vraiment très, très professionnel dans son attitude. Ce trait de caractère va l’aider, puisqu’il faut être exemplaire quand on est coach. » À cette rigueur extrême s’ajoute une certaine zénitude.
L’ex-international (douze sélections avec les Bleus et réserviste lors de la Coupe du monde 1998) est en effet réputé pour garder son sang-froid et ne pas brusquer ses équipes par de phénoménales gueulantes. « Il existe différentes sortes de leader. Lui n’était pas du genre à crier. Ce n’était pas un vrai patron de vestiaire, mais il expliquait les choses sereinement et tranquillement, que ce soit avec moi ou avec Claude Puel, confirme Irles. En fait, ça a toujours été quelqu’un de propre et de posé. Non seulement sur le terrain, car c’était un joueur technique, mais aussi à l’extérieur, dans sa manière d’être et de communiquer. Quand il doit donner un conseil, il ne va pas hurler. On l’a vu lors de sa conférence de presse : il est calme, il n’en rajoute pas. Je le reconnais bien là, c’est le même que quand il était footballeur. Ce n’était pas un aboyeur sur le terrain, ce ne le sera pas sur le banc. »
Des considérations tactiques à (re)voir
Impossible de voir du Antonio Conte chez Sabri, donc, mais plutôt du Carlo Ancelotti (toutes proportions gardées, bien entendu). Quiddes exigences tactiques pour celui qui s’est engagé jusqu’en juin 2019 (plus une année en option) ? La réponse reste floue, ses passages en Afrique et au Qatar ne donnant que peu d’indications. « Je n’arrive pas au Stade rennais pour tout révolutionner et tout changer, s’est-il essayé lors de sa conférence de présentation. Tout le monde connaît le système de Christian, ce fameux 4-4-2. Je ne suis pas aussi extrême. Il m’est arrivé d’évoluer et de modifier en fonction de mes joueurs, de mon effectif, voire de mon adversaire. »
Mais encore ? « Chaque entraîneur vous dirait : je veux que mon équipe soit belle à voir jouer, qu’elle soit compacte, qu’il y ait une maîtrise quel que soit le système. Moi, je veux que mes joueurs jouent avec personnalité. Je veux qu’ils soient capables de passer d’un système à un autre, qu’ils sentent le jeu.(…)J’aimerais être le coach d’un groupe qui procure des émotions. » D’accord. Comme dit la citation bête et énervante, la seule vérité sera celle du terrain. Irles, lui, se montre optimiste : « Il s’agit d’une personne entièrement tournée vers le collectif. C’est sa priorité. Donc ça ne m’étonne pas qu’il soit désormais entraîneur. J’ai hâte de voir comment il va faire jouer son équipe. » Les supporters rennais également.
Par Florian Cadu
Propos de BI recueillis par FC