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Rennes ou l’idéologie française

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Rennes ou l’idéologie française

On connaissait le « cinéma du milieu », il y a aussi le football du milieu, souvent placé, jamais gagnant : Rennes, battu samedi en finale de la Coupe de France par Guingamp (1-2), en est un bon modèle. Autopsie d'un échec qui dit beaucoup sur le football hexagonal.

Bagad de la mer salée, Montparnasse cinquième département, L’Equipe en mauvaise descente de chouchen avec sa Une VO de samedi matin… Stop, on fait fausse route : la finale de la Coupe était bretonne, mais la défaite de Rennes est bien française. Tendance 100% DTN, ce qui est logique pour le meilleur centre de formation du pays. Tendance post-98, normal quand on découvre le Stade de France.

Un football jacquettisé. Il y a trois ans, Rennes, c’était un sextet Didot / Källström / Gourcuff / Monterrubio / Utaka / Frei (certes rarement aligné simultanément), passes courtes et caviars à la louche, le plus beau jeu de France à l’aise avec Lyon, alors à son sommet.

Depuis, Rennes s’est jacquettisé : plus de renard des surfaces mais un bumper sur lequel on balance la bille, plus de relayeurs mais un Golgoth sans véritable intelligence de jeu (Mbia) ou un spécialiste de la passe en retrait à cinq mètres (Lemoine), plus de vrai meneur mais des artistes en rupture à la Djorkaeff (Pagis, Leroy). Avec un Briand infatigable et face à des équipes qui font l’effort de jouer, modèle Lyon en octobre dernier (3-0) ou Lorient en Coupe de France (même tarif), ce système appuie là où ça fait mal et peut se révéler assez plaisant, un peu comme les Bleus après le premier tour du Mondial 2006. Avec Thomert le Culbuto face à un bloc discipliné, il donne en revanche à voir plus de chandelles qu’à Twickenham un samedi des années 90, et ne peut compter que sur un grand coup de botte pour envoyer un Bocanegra au touch-down. Comme disait L’Equipe à sa grande époque : c’était quoi, ce match ?

Un entraîneur domenechisé. On vit ensemble, on perd seul : absent lors de la remise des médailles samedi, Guy Lacombe a imité son ancien pupille en nous faisant une zidânerie, modèle Berlin 2006. « Zidane a mieux à faire que gagner une Coupe du monde, il a à diriger sa petite usine de nerfs » , écrivait François Bégaudeau dans So Foot il y a trois ans. Un propos qu’on a envie de réutiliser aujourd’hui pour Lacombe en le saupoudrant d’une bonne dose de Domenech : foi excessive dans le système sur les joueurs (un 4-2-3-1 devenu immuable quelles que soient les absences), coaching uniquement réactif qui se conclut en formation Playstation, piques autojustificatrices à l’intention de la presse en zone mixte (avec sa sortie sur Pagis, on peut dire que Lacombe tient son “crime contre l’équipe” houlliérien). Tant qu’à filer jusqu’au bout la métaphore bleue, on pourrait aussi dire que Lacombe nous a fait une Domenech 2008, agonisant avec ses idées avant de mourir avec celles des autres, offrant en remplaçant sacrificiel le chouchou du public et de la presse, avec qui il est en froid, pour tenter de se donner une dernière fois raison.

Une équipe complexée. Rennes, le club qui devait gravir une colline et s’en faisait une montagne. Débarquer en finale avec un profil aussi bas qu’un Sarkozy au milieu d’une foule bretonne quand on est favori logique relève d’une pathologie que la France connaît au niveau des Coupes d’Europe : celle du bon acteur qui ne sait pas donner la réplique à un supposé petit rôle et s’imagine que ce dernier se fait souffler ses répliques (terrain gras, arbitre aveugle, etc.). D’où ce curieux mélange de profil bas ( « C’est du 50-50 » ) et de paranoïa (entraînement à huis clos pour sortir au final la compo attendue, bisbilles internes…) qui a fini par étouffer Rennes à feu doux.

Le foot français aime les forteresses assiégées (remember OM 91 et 93, PSG 96, France 98 et 2006) mais, sur le long terme, il faut accepter d’être vraiment favori, de prendre des risques, de se responsabiliser pour grandir. Sinon, on se retrouve comme Rennes, avec autant de coupes nationales que le foot français compte de coupes européennes, à ramer en fin de saison pour éventuellement rejoindre sur un malentendu un club de deuxième division dans le quota qualificatif d’un pays de deuxième division continentale. Éternelle et amère déception de ce football qui aime tant les choses « bien en place » .

Ben Old, un Néo-Zélandais sur le green

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